Avec Aurélien Bory, la seconde vie d’un robot
Sans objet D’Aurélien Bory Avec Olivier Alenda et Olivier Boyer Du 14 juillet au 2 août 2015 Tarifs : de 8 à 20 € Réservation au Durée : 1h10 Théâtre de la Cité Internationale RER B Cité Universitaire |
Du 14 jullet au 2 août 2015 Dans Sans objet, un robot de l’industrie automobile devient à la fois partenaire de danse et agrès circassien pour un duo d’acrobates-danseurs. C’est dire qu’une machine peut avoir plus de talents que ses propres concepteurs ne pouvaient savoir. Ou bien Aurélien Bory serait-il un dompteur de monstres technologiques ? Réponse au Théâtre de la Cité Internationale. A priori, un robot industriel n’est pas conçu pour flatter l’œil du contremaître. Il a mieux à faire. Dans la vie à laquelle il est destiné, un appareil automatique conçu pour une chaîne de montage n’a aucune chance de finir sur une scène de théâtre. Dans un musée industriel, soit. Mais en tant qu’interprète chorégraphique ? Jamais ! Et pourtant, le voici. De ce robot-là, nous ne connaissons pas le nom. Mais nous savons que dans sa première vie, il assemblait des voitures, exécutant inlassablement un même mouvement. Pourtant, ses concepteurs lui ont offert des capacités cinétiques multiples et variées. Ici, il peut enfin en profiter pleinement, et nous avons la chance de croiser son chemin dans cette seconde vie, une vie d’artiste. Puisqu’il n’a plus de voitures à visser, toute sa vie est désormais “sans objet”. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=uuPo1V0DPsI[/embedyt] Aujourd’hui, grâce à Aurélien Bory, il est devenu sujet. Pas à l’Opéra de Paris, mais dans le sens où son rôle est désormais d’être vu, d’interagir avec des humains et de nous renvoyer à nos questionnements publics et intimes. Avec son cou de girafe et son étrange tête, il incarne cette interrogation qui nous occupe de plus en plus, à savoir notre rapport aux machines et à l’intelligence artificielle. Jusqu’à aujourd’hui, nous projetons l’intelligence et le corps humains sur les machines, dès que nous en construisons ou en rencontrons une. On leur fait même disputer des matchs de foot. Aurélien Bory, metteur en scène engagé là où se rencontrent la danse et les arts du cirque, “l’engage” donc en tant qu’acrobate chorégraphique.
Cette mante religieuse géante, métallique et mystérieuse, capte donc la relation ambivalente, excitante pour les uns, menaçante aux yeux des autres, que nous entretenons avec nos partenaires informatisés. Sans objet est un trio pour une machine et deux danseurs-acrobates (Olivier Alenda et Olivier Boyer) qui capte parfaitement la dialectique des deux sensations. Le robot devenu danseur peut s’humaniser, s’incliner, basculer à souhait, dans des ambiances subliminales, méditatives ou fantasmagoriques. Avec les deux hommes, il peut être tendre ou violent, les bercer ou les faire prisonniers. Il faut enfin parler de beauté et d’émotion. Et donc de choses qui ne figurent en rien dans le cahier des charges des développeurs industriels qui ont conçu, dans les années 1970, des robots comme celui-ci. Pourtant, quand la machine est arrachée à sa vie productiviste pour se trouver au centre d’une création artistique, elle se révèle dans une beauté insoupçonnée. Dans sa singularité, l’ayant échappé belle, elle représente ce que l’artiste est à une société qui veut condamner tout un chacun à mener une existence utilitariste. Et nous projetons donc sur elle nos rêves d’une vie consacrée à la beauté de nos gestes, d’une vie qui serait “sans objet”, devenant par là son propre sujet. Thomas Hahn [Photos © Aglaé Bory]
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