Aurillac, la ruée vers l’art
Festival d’Aurillac Du 7 au 20 août 2016 |
Du 17 au 20 août 2016 Plus grand rendez-vous mondial des arts de la rue, Aurillac est l’Avignon de ceux qui refusent de se coincer dans des salles. A Aurillac aussi, les compagnies se comptent par centaines, et la différence entre le In et le Off n’est pas moindre. Mais à Aurillac, la fête est dans la rue, pendant quatre jours de folie. Les arts de la rue sont à ne pas confondre avec le Street Art. Sauf que les deux partagent une conscience de l’espace public et un engagement citoyen. Dans l’espace public, le spectacle vivant est une affaire de remueurs, de saltimbanques, de rêveurs remontés… Une affaire de famille où on s’aime et se déteste avec raison et déraison, comme partout. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=HFOrZjKofB4[/embedyt] Du mercredi 17 au samedi 20 août, le Festival d’Aurillac est un bouillonnement presque ininterrompu, état d’exception qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Beaucoup y vont pour la fête et son énergie. Mais la plupart s’y rendent par amour des artistes, enchanteurs de cette ville auvergnate qui change de galaxie en passant de quarante-mille à cent-trente-mille âmes. Aurillac, capitale mondiale Du Chili à la Corée du Sud, Aurillac est considérée comme une capitale mondiale, celle de la fusion entre l’espace public et l’expression artistique. L’édition 2016 du festival résonne comme un sursaut face à tous les défis d’un monde qui perd le nord, à l’ouest autant qu’à l’est. L’art dans l’espace public est aujourd’hui d’autant plus pertinent qu’il traque depuis longtemps les tensions et les conflits qui défient notre vivre-ensemble. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=YXt-ucj12E0[/embedyt] Il est vrai qu’Aurillac n’est pas un festival de danse. Mais on est ici dans un univers artistique qui trouve sa raison d’être dans les flux urbains, la mobilité à outrance et une chorégraphie quotidienne aussi prévisible dans son ensemble qu’imprévisible dans l’instant. L’art chorégraphique répond de façon naturelle à cette réalité, et les arts de la rue dans leur ensemble sont là pour l’interroger à partir des inégalités sociales et économiques. Aurillac est aussi un laboratoire pour imaginer ce que nous risquons de vivre demain. La danse, au cœur de l’urbain Dans la rue, la danse adore jouer avec des situations concrètes, et part donc généralement d’une théâtralité bien distillée. Il y a des personnages, une histoire, et parfois une injonction à suivre la troupe, à travers la ville. Beaucoup des spectacles présentés à Aurillac, souvent en création ou première française, partent du corps pour traverser l’espace urbain avec ses interdictions et ses fantasmes. Traverser, résister, transformer… [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=uk2jaXZRL3o[/embedyt] Et même s’il ne vous est pas donné de partir pour Aurillac, il est important de suivre les compagnies qui créent dans et pour la rue. A Aurillac, ce sont cette année, parmi la vingtaine invitée, des troupes comme Numéro 8, Ex-Nihilo, Adhok, Générik Vapeur, Zur, Komplex KapharnaüM. Troupes françaises, presque exclusivement. Mais aussi les Néerlandais de Woest. Ex Nihilo : « In-Paradise » La ville est une chorégraphie qui s’ignore, où tout se joue sans se dire. Dans le spectacle pour l’espace public, tout se dit par le jeu poétique des chorégraphies qui traversent et transforment rues et places. La compagnie Ex Nihilo, par exemple, avec « In-Paradise ». Cette troupe s’est toujours définie par les voyages et l’exploration du rapport entre les personnes et les espaces publics, en Europe, en Asie, en Afrique… « In-Paradise » évoque la migration, sous toutes ses coutures, et donc au-delà de la crise actuelle des réfugiés. La trope, très internationale, n’a a sa disposition que des chaises en plastique, des pneus de voiture et des cordes, pour construire une sorte de radeau symbolique. Sur musique rock jouée live, leurs rencontres sont parfois violentes, pleines d’espérance et de désespoir, de désir ou de lassitude. Du bitume jusqu’au ciel Et tout ce qu’ils arrivent à construire n’est que provisoire et se défait aussitôt. « In-Paradise », titre évidemment ironique, montre que le concret du corps n’a pas son égal pour porter la dimension métaphorique d’une réflexion sur nous-mêmes, face à l’autre. Crée à la Biennale Urbaine de Spectacles à Pantin, « In-Paradise » occupe Aurillac du mercredi au vendredi. La liste des chorégraphes présents au Festival d’Aurillac ne manque pas de grands noms, et mélange vedettes de la danse contemporaine en général (François Chaignaud, Philippe Ménard) avec des spécialistes de l’espace public, d’Anne Le Batard et Antoine Bigot (Ex Nihilo) à Emeline Guillaud, fondatrice de la compagnie Malaxe, qui propose « Entr(EUX) », une pièce chorégraphique autour d’une installation de vêtements, pour interroger ce que nous cachons quand nous descendons dans la rue. Et si vous êtes traversés d’une envie de vous envoler, levez la tête pour regarder, à cinquante mètres du sol, les anges en voltige de la compagnie Gratte Ciel dans « Place des Anges », et font pleuvoir des plumes. Thomas Hahn [ Photos : © Ex Nihilo par Thomas Hahn] |
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