Au Théâtre du Châtelet, Angelin Preljocaj nous parle de “Mythologies”
"Mythologies" © Jean-Claude Carbonne
Pour sa dernière création, Angelin Preljocaj s’est intéressé aux mythes, qu’ils soient contemporains ou antiques. Conçu pour des danseurs issus du Ballet Preljocaj et du Ballet de Bordeaux, Mythologies nous transporte du catch aux grands récits grecs en passant par les traditions mayas dans une profusion d’images somptueuses et pleines de sens.
Comme Roland Barthes dans son essai de 1957 intitulé Mythologies, Angelin Preljocaj a choisi de démarrer son ballet par l’évocation du catch. Sur scène, les danseurs tout de cuir vêtus se livrent à des duos de gladiateurs. Cette gestuelle guerrière est le fil conducteur qui nous conduira chez les Amazones ou encore au côté de Persée affrontant les Gorgones.

Mythologies © Jean-Claude Carbonne
Si la gestuelle futuriste d’Angelin Preljocaj évoque particulièrement bien l’esprit martial, elle sait aussi se faire fluide et sensuelle pour donner vie aux Naïades ou nous donner à voir l’irréel des étreintes de Danaé et Zeus transformé en pluie d’or.
Images échappées d’un dessin postmoderne, d’un vase grec ou d’une mosaïque symboliste, les esthétiques fusionnent dans des scènes parfaitement structurées où chaque geste a un sens.

Mythologies © Jean-Claude Carbonne
Les danseurs des deux compagnies se mêlent naturellement sans qu’il soit possible de les distinguer, formant ainsi un ensemble parfaitement homogène. Thomas Bangalter, membre du duo Daft Punk a lâché les platines pour composer une musique pour orchestre, de facture classique. Après la projection sur le fond de scène, dispensable, de photos de visages, le ballet se termine sur des images de guerre alors que des corps enveloppés de linceul sont abandonnés sur le plateau. Hommes et femmes en costume cravate parcourent la scène. Ainsi s’achève ce ballet. Après avoir voyagé dans le temps et l’espace, la réalité contemporaine nous rattrape. La guerre traverse les mythes et l’histoire se répète. A aucun moment Mythologies n’est un ballet pessimiste mais il nous interroge : La violence serait-elle intrinsèquement liée à la nature humaine ?
Stéphanie Nègre
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