Au Théâtre de la Bastille, Robyn Orlin mange ciel et soleil
And so you see… our honorable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice De Robyn Orlin Avec Albert Ibokwe Khoza Du 31 octobre au 12 novembre 2016 Tarifs : 14-26 € Réservation en ligne Durée : 1h Théâtre de la Bastille M° Bastille (lignes 1, 5 et 8) ou Voltaire (ligne 9) |
Du 31 octobre au 12 novembre
And so you see… our honorable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice… : Robyn Orlin crée un solo pour le performeur, danseur, acteur et chanteur le plus excentrique qui nous soit parvenu depuis longtemps, Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza. Un phénomène d’ingéniosité et d’impertinence, un talent universel. Une bombe ! Ne demandez pas combien de kilos pèse Albert Ibokwe Khoza. Il pèse, dans le paysage artistique. Ou il va peser, grâce à son humour, sa présence, son extravagance, sa voix, sa gestuelle, sa liberté, son courage… et grâce à sa rencontre avec Robyn Orlin, depuis vingt ans chef de file des chorégraphes sud-africains aux esthétiques libres, irrévérencieux et indomptables.Chez lui, à Johannesburg, Khoza a déjà créé plusieurs pièces de théâtre ou de danse, et sa dernière performance, Influences of a closet chant, a été présentée en France, et notamment à Montpellier. Ensuite, c’est lui qui a approché Orlin, dont il étudiait le travail à l’université. D’étudiant et chercheur, il devint collaborateur artistique, et un partenaire parfait. Plantureux And so you see… our honorable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice… (en français : “Et donc voilà… notre ciel bleu et honorable et notre soleil éternel… ne peuvent être consommés que tranche par tranche…”) est le fruit de leur rencontre. Face à ce corps plantureux, aussi féminin que masculin, à l’image d’une sculpture de Botero, face à l’exubérance de l’énergie performative de ce danseur, acteur et chanteur dévastateur, Orlin adopte le bon réflexe : celui de la sobriété. Le corps et le visage de Khosa apparaissent en permanence sur un écran de fond à la démesure des sept péchés capitaux qui constituent une trame de fond, un leitmotiv sous-jacent. L’orgueil est celui d’un dictateur vaniteux, l’avarice celle d’un gourmand qui donne à sa mastication d’oranges pressées de ses propres mains un goût de luxure. Jalousie, avarice et paresse ne font qu’une. Ironique et incisif Et puis, Khosa prend le pouvoir sur la salle en appelant sur scène deux spectateurs (choisis – et donc colonisés – avec une autorité certaine) pour lui laver le corps dans toute sa rondeur : les bras, les jambes et plus encore… Son “Je ne suis pas encore propre !” ironise sur l’obsession de blanchir sa peau qui continue de faire des ravages dans certaines communautés noires et retourne les attitudes des colonisateurs vis-à-vis de leurs domestiques. Mais la bête de foire qu’il campe est d’une complexité et d’une finesse extraordinaires. Tout se dit ici de façon tellement ludique et naturelle qu’on doit espérer que ce ne soit pas la dernière collaboration entre Khosa et Orlin, qui a trouvé en lui un complice artistique parfait. Car s’il est vrai que ce solo révèle Khosa, il est vrai aussi que ce performeur hors pair permet à Orlin de donner le meilleur de son art, plaçant chaque geste artistique de façon aussi précise que jouissive. Thomas Hahn [Photo © Jérôme Seron] |
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