Au Palais Garnier, le photographe de l’Opéra magnifie les danseurs
« La Poésie du Mouvement » : La première monographie de Julien Benhamou, photographe à l’Opéra National de Paris, érige les danseurs en figures mythologiques. Un livre monumental qui a tout d’un objet fétiche pour les fêtes de fin d’année. Avec Marie-Agnès Gillot, Hugo Marchand, François Alu ou Marie-Claude Pietragalla comme vous ne les avez jamais vus.
Les ballerines sont-elles des déesses? Les danseurs sont-ils des dieux? Longtemps, on le croyait. On les vénérait. Aujourd’hui, beaucoup est fait par l’Opéra National de Paris pour les rapprocher du public. Car on aime aussi se sentir plus proche d’eux, plus proche des étoiles. Au Ballet de l’Opéra, la constellation ne cesse de se renouveler, et le style aussi. Mais les dorures et le marbre restent. Les étoiles continuent de briller. Et autour d’elles, les futures étoiles. Etoiles filantes, étoiles virtuelles. Toute cette galaxie passe régulièrement devant l’objectif de Julien Benhamou, photographe d’art de premier plan. Sur scène, et au-delà.
Des êtres d’exception
Pour le photographe de danse, les photos de scène qui documentent les spectacles sont une sorte de pain quotidien. Julien Benhamou cultive une passion pour ces êtres d’exception et leur mythe, leur peau, leurs muscles, pour leur liberté et pour les rêvent qu’ils incarnent qui le poussent à devenir créateur à part entière. Aussi il les immortalise dans les fastes du Palais Garnier, ou bien sous l’eau ou en plein envol, au-dessus des toits de Paris ou bien face à la mer.
Pas d’image dans ce volume qui ne soit pas un tableau digne d’un grand peintre ou d’une référence de la photographie moderne, surtout quand la prise de vue a eu lieu à l’Opéra-même, où Benhamou dialogue à bâtons rompus avec l’histoire de l’art. Baroque, clair-obscur, romantisme, rococo ou Helmut Newton… L’objectif de Benhamou maîtrise tous les styles et il a accès à tous les espaces de l’Opéra National de Paris, des endroits les plus ornementés aux couloirs à la peinture décrépie, jusque dans les ateliers.
Photographier, c’est mettre en scène
Bien plus que photographe, il est: Metteur en scène. Benhamou règle le moindre détail, des costumes aux effets visuels, sans parler des postures. Et bien sûr, c’est toujours l’image qui est le but. Mais les clichées semblent ici nous parvenir depuis une légende ancienne ou même contemporaine. Il y a là deux types d’images: D’une part, celles qui sont parfaitement réglées et où rien n’est laissé au hasard pour sublimer l’artiste. D’autre part, celles où la dimension mythologique surgit par surprise – quand François Alu, en lévitation face à un mur, semble s’affranchir de la gravité, quand certains modèles virevoltent sous la surface de l’eau.
Celles et ceux qui sont ici photographiés, et ils sont au nombre de 90, sont certes là parce que la danse est leur métier et qu’ils y excellent farouchement. Mais ils sont traités en modèles, comme pour un magazine de mode des plus luxueux. Ici, la vraie star, c’est l’image qui crée une émotion aussi forte qu’un ballet. Il s’agit de ce que les Anglo-Saxons appellent Fine Art: Une technique impeccable combinée avec un certain goût du luxe, où une élévation esthétique et une plus-value décorative sont garanties.
Le temps suspendu
Ces modèles sont loin de se limiter au Ballet de l’Opéra de Paris. On y trouve le fameux couple Marie-Claude Pietragalla / Julien Derouault, l’intrigante contorsionniste Elena Ramos qui travaille comme model pour les grandes marques de l’industrie du luxe ou bien des corps-surprise à la peau flétrie. Quelquefois, Benhamou nous surprend à son tour en faisant surgir l’émotion et la beauté de façon inattendue. Mais le plus souvent, il permet aux rêves de s’envoler, grâce à des corps-modèles. Et il a un œil tout à fait graphique pour les biceps, les veines, les abdomens, les cuisses…
Héros et héroïnes ont ici la capacité d’arrêter le temps, comme ils savent se suspendre eux-mêmes, en plein mouvement, en vol, en méditation, en se voilant ou en se dévoilant en toute intimité. Ils se fondent dans les décors et les tissus, et chaque pixel atteint une perfection comme si le Roi-Soleil lui-même avait veillé au grain. « La Poésie du Mouvement » se feuillette comme une balade au Louvre. Les gourmets de l’art visuel et les gourmands de danse classique seront donc à jamais rassasiés…
Thomas Hahn
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