Au Monfort, les territoires en question
Temps Danse Théâtre Du 3 au 26 novembre 2016 Tarifs : 8-25 € Réservation au Le Monfort Théâtre M° Porte de Vanves |
Du 3 au 26 novembre 2016 Temps Danse Théâtre est un nouveau rendez-vous au Monfort Théâtre. Avec quatre spectacles de danse plus poignants les uns que les autres, Guilherme Botelho, Mohamed El Khatib, Ina Christel Johannessen et l’Israélien Hillel Kogan questionnent les territoires, l’accueil, l’amitié, le rejet, la rencontre… et personne n’est là où on l’attend. Temps Danse Théâtre : ce temps fort au Monfort propose quatre spectacles autour de la question des territoires. Territoires artistiques, géographiques, humains… Avec ironie, finesse, force et impertinence, quatre artistes majeurs changent notre regard sur l’autre et son territoire. Alias : Brésil-Suisse Guilherme Botelho, Brésilien installé en Suisse, fondateur de la compagnie Alias, arriva en Europe comme interprète au Ballet du Grand Théâtre de Genève, en suivant son mentor, Oscar Araiz, également de São Paulo, quand celui-ci prend la direction de la compagnie genevoise. Pour Alias, Sideways rain est la pièce emblématique, un peu comme May B l’est pour Maguy Marin. Alors que Sideways rain a fait le tour du monde, la pièce n’a pratiquement pas été vue en France. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Odi-0E0UAPk[/embedyt] Quatorze danseurs traversent… et retraversent… toujours de gauche à droite… L’espace scénique peut alors prendre toutes les significations, du temps, de l’histoire, d’états intérieurs ou peut-être qu’aujourd’hui on relierait cette pièce aussi aux vagues de migrants et leurs traversées périlleuses. Les quatorze danseurs savent courber leurs corps mais aussi le temps. Leur art à inventer des manières insoupçonnées de se mouvoir, debout ou près du sol, de ramper ou glisser des manières les plus imprévisibles ne renvoie plus à leur seule virtuosité et aux métaphores. Hillel Kogan : Israël-Palestine En 2011, quand Botelho s’apprêta à donner Sideways rain à Tel Aviv, les défenseurs de la cause palestinienne lui demandèrent d’annuler sa venue, en signe de protestation contre la politique israélienne, puisque ses admirateurs vivant dans les territoires palestiniens étaient dans l’impossibilité de se rendre au spectacle. Mais Botelho a des admirateurs dans chaque camp et Sideways rain parle autant de liberté de circulation que de déplacements (peut-être) non volontaires, surtout dans le contexte des autres pièces invitées à Temps Danse Théâtre. Botelho sera enchanté de voir que Temps Danse Théâtre présente par exemple We love Arabs de Hillel Kogan, jeune chorégraphe indépendant israélien (et directeur des répétitions du Batsheva Youth Ensemble). We love Arabs est un duo ironique entre Kogan et le danseur palestinien Mourad Bouyad. Après un vrai carton à Avignon, ce duo très inspiré sera le bienvenu au Monfort. Kogan place sur le territoire de l’art le conflit territorial israélo-palestinien, et il le fait avec tant d’intelligence et d’humour que ce duo est une vraie bouffée d’oxygène humaine et politique. Mohamed El Khatib : Liban-France We love Arabs est l’histoire d’une rencontre, pas si improbable qu’elle pourrait paraître. En revanche, qui aurait pensé qu’un homme de théâtre d’origine libanaise ferait un jour un spectacle de danse où il met en scène une authentique technicienne de surface et femme de ménage d’un lycée français ? Moi, Corinne Dadat est devenu culte, depuis sa création (dans une première version en duo avec une circassienne) au festival ZOA et sa reprise dans le même festival, dans une version étoffée avec la jeune danseuse classique Élodie Guézou. Mohamed El Khatib a fait cette surprenante rencontre lors d’une résidence artistique dans un lycée, lieu de travail quotidien de Dadat. Cette performance débridée souligne la capacité d’El Khatib à aller au plus près des personnes et de leur réalité, ici comme dans son spectacle théâtral Finir en beauté, également invité à Temps Danse Théâtre. Ina Christel Johannessen : Norvège-Maghreb Ina Christel Johannessen, fondatrice de la compagnie norvégienne Zero Visibility, travaille depuis longtemps sur des questions de l’identité, de la rencontre et de territoires. Curieusement, le titre original The Guest devient en français L’Hôte, et donc a priori le contraire. Mais justement, la pièce questionne, dans une ambiance chargée de références culturelles arabes (musique, scénographie), les rôles de l’invité et de celui qui reçoit, qui peuvent basculer et s’inverser, surtout au sein d’une communauté. Et puis, il y a le roman de Camus qui a inspiré la pièce. La danse de L’Hôte est physique et dynamique, comme chez Wim Vandekeybus, et chargée de tensions, voire de violence à peine retenue. Thomas Hahn [Photo 1 © Vaniv Cohen / Photo 2 © Gadi Dagon / Photo 3 © Marion Poussier / Photo 4 © Eric Berg] |
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