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Arthur H et Wajdi Mouawad à la recherche du sens de la vie

Hélène Kuttner 24 novembre 2019
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© Simon-Gosselin

Comment survivre à la ruine des illusions quand on est artiste, comment se libérer du regard obsédant des autres, du show-business, du système de production et de la répétition ? Tels sont les fils conducteurs d’un spectacle autour d’Arthur Higelin dans la peau d’un chanteur fatigué au look à la Serge Gainsbourg, écrit par le directeur du Théâtre de la Colline avec une brochette d’acteurs formidables. Un road movie chargé, souvent burlesque, mais qui révèle de beaux moments d’émotion.

Transit problématique

Tout commence en back stage de la salle des concerts de Lons-le-Saunier. Arthur H, très bon acteur, est Alice, comme Alice Sapritch, un ex-chanteur punk qui poursuit une carrière sans risques et avec un certain succès. Son attachée de presse, survoltée comme de coutume, nommé Diesel, jouée par une Isabelle Lafon, ne touche pas terre pour protéger son artiste chéri et lui ménager un emploi du temps optimal en hurlant ses ordres à tout l’entourage. Seul hic, Alice est pris d’un stress continuel quand il chante en concert et doit filer aux toilettes à chaque instant. Les coulisses, côté spectateurs, sont plus vraies que nature et la scénographie réussie d’Emmanuel Clolus nous plonge dans ce no-man’s land d’une arrière salle déserte, avec cabine WC et fauteuil de repos. Autant le dire d’emblée, les répliques crues fusent et tout est projeté cash. Quand débarque Anthime le journaliste rock fatigué par les concerts et les années, porté par un Gilles David épatant de vérité, qui vient cueillir le chanteur pour lui asséner ses quatre vérités, ce n’est plus une interview, c’est un règlement de compte en forme de combat de coqs éméchés.

© Simon-Gosselin

Du réel au rêve… qui vire au cauchemar

Comme toujours chez Mouawad, le décor, les dialogues et les acteurs nous plongent dans un réel brûlant de vérité et de violence larvée. Dans cette création qui a été concoctée au fil d’un voyage dans la forêt amazonienne du Pérou, le long des immenses falaises du Pacifique ou auprès d’un chaman inspiré, l’imaginaire d’Arthur H et celui de Wajdi se sont rencontrés pour évoquer la solitude de l’artiste et la perte des utopies de jeunesse. Tout y passe donc, le meilleur comme le pire des banalités, mais comme les acteurs nous captivent et que l’on veut connaître la suite de l’histoire, on reste séduit. Voici Faustin, son nom évoque bien entendu le Dr Faust, imprésario en veste écossaise sur le retour, incarné par Patrick Le Mauff, qui propose au chanteur désoeuvré un pacte diabolique, conduisant tous les personnages dans une fiction dévastatrice mais revigorante, que l’on ne dévoilera pas. Sachez simplement qu’il y aura sur la scène un enclos à girafes, une admiratrice québécoise à la personnalité extravagante, jouée par la sensationnelle Marie-Josée Bastien, un animateur radio décérébré (Jocelyn Lagarrigue) et une petite amie palestinienne, Sara Llorca, photographe et très malheureuse. Sans compter l’attaché culturel, Pascal Humbert, caricature vivante du milieu de l’art contemporain. On rit beaucoup durant le spectacle, qui bien que trop long, nous emporte dans ses tourments et méandres, brasse tous les sujets – la vanité du star system, la crue du Doubs- et propose une vision attachante et pitoyable des quinquagénaires actuels, nostalgiques des Punks et des révoltes adolescentes.

Hélène Kuttner

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