Antigone – Sophocle – Vingtième Théâtre
Une scénographie de l’image
Avant de noter la performance d’acteurs, le spectateur se repose sur une scénographie qui détermine tout le parcours scénique et la mise en scène des comédiens. Une scénographie de l’image, dont l’esthétique fait inévitablement penser à un univers wilsonien, pose un décor sobre et subtil. Une image forte construite de deux plateaux en pente, dont le rouge sanglant inonde le regard, et un arbre mort au centre de la scène pour tous espaces. On devine en fond de scène une estrade derrière trois panneaux translucide en guise de colonnes. Cette scène aux accents dramatiques confère à la pièce tout son sens.
Cette scène qui pourrait faire involontairement référence à d’autres décors ou même à de grandes peintures, est cependant d’une grande efficacité. Plus qu’un décor de théâtre, il y a là une installation sculpturale sur laquelle l’acteur se livre à une performance.
Un jeu scénique entre l’antique et le moderne
Si la notion de contemplation domine l’ensemble de la représentation, les comédiens occupent avec force la scène. Olivier Broda a fait le choix de nous présenter un Antigone où le chœur antique reprend une place déterminante. Ce chœur constitué de trois femmes va guider la pièce entre chant et narration. Happant le spectateur, ces voix bercent avec violence les mots. Soutenu par un violoncelle, le chœur « antique » gagne en modernité offrant ainsi une musicalité brute et un souffle.
Outre le chœur, trois comédiens seulement se partagent les huit personnages de la pièce, sans distinction de sexe. Laëtitia Lambert endosse le rôle d’Antigone avec passion, mais dont la vulnérabilité trahit son personnage. À ces côtés, Jean Macé propose un Créon dont la colère fait rage aussi bien dans le geste que dans la voix.
Bien que l’ensemble fonctionne, la volonté de reconstitution antique devient par moments caricaturale. En effet, Olivier Broda dirige ses comédiens vers un mode incantatoire dont la récitation trop théâtralisée du verbe gâche l’émotion. Si l’émotion se meure, cette adaptation d’Antigone de Sophocle est cependant un très beau moment de théâtre d’image. Le texte de Sophocle gagne en visibilité grâce à un décor et un chœur tragiques. Ce Antigone ne laisse pas indifférent et questionne avec pertinence la notion du langage théâtral. Comment mettre en adéquation la tragédie antique et la modernité ?
Livia Colombani
Antigone
De Sophocle
Mise en scène : Olivier Broda
Scénographie : Noëlle Ginefri
Avec Alain Macé (Créon), Anne-Laure Pons (Le Coryphée), Eve Weiss, Claire Mathaut, Maëlle Dequiedt (le chœur), Laëtitia Lambert (Antigone, Tiresias, Eurydice) et Sylvain Fontimpe (Ismène, Hémon, le Garde, le Messager)
Jusqu’au 6 mai 2012
Du mercredi au samedi à 19h30
Le dimanche à 15h
Plein tarif : 24 euros // tarifs réduits : 12 et 19 euros
Réservation en ligne ou par téléphone : 01.48.65.97.90
Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
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