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Anne-laure Teboul – interview

17 décembre 2012
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Anne-laure Teboul

Cette comédie sociale et romantique à deux personnages aborde les questions de l’engagement amoureux et de la difficulté à se laisser aimer… Nous voyons vivre là deux êtres qui ne sont pas éloignés l’un de l’autre, eux que rien ne prédisposait à la rencontre… Encore moins à l’amour ! De cette rencontre improbable naîtra un développement durable**, celui de leur lien tourmenté.

Saul Enriquez, l’auteur, a proposé sa pièce à succès à Myriam Kha, comédienne, qui a démarré sa carrière au Mexique, afin qu’elle soit jouée à Paris.

Anne-laure Teboul, metteuse en scène, avait travaillé auparavant avec Myriam Kha (in Les femmes sont des salauds comme les autres). Elle nous confie qu’elle a trouvé dans cette pièce de Saul Enriquez des grands thèmes universels qui nous touchent et qu’elle a eu envie de défendre l’œuvre de ce talentueux dramaturge mexicain.. Interview !

**RIDD : Rencontre Improbable à Développement Durable

Connaissiez-vous Saul Enriquez ?

Mon histoire avec l’auteur est comme une rencontre privilégiée à distance. C’est ce que je pense avoir traduit dans ma mise en scène en supprimant toute intellectualisation puisque tout me semblait évident. J’ai vu que ce texte comportait deux époques : le présent avec l’incommunicabilité du couple, puis la rencontre et la gestation de l’amour, cinq ans auparavant.

Comme je fonctionne en binôme avec moi-même : mon cerveau droit pour la création et l’émotion et le cerveau gauche pour l’organisation, j’ai décidé de travailler comme à mon habitude « à la table » ; cette expression signifie que je prends la mesure de chaque personnage. J’étudie ses émotions, ses motivations, sa vérité.


Cependant, ce que vous en donnez demeure pudique et précis alors que le texte conserve sa crudité
.

Il me faut toujours considérer la situation. D’abord les émotions et la psychologie.

Natacha, le personnage a ses paradoxes. Myriam Kha fait ressortir ses fêlures, elle reste mystérieuse. Son regard sur les choses ou sur les autres n’est jamais neutre. Elle a de la retenue. Mais derrière cet iceberg se cache une femme vulnérable qui sans crier gare peut se révéler volcanique !

En fait, elle est en mal d’amour de n’avoir de cesse d’aller à la rencontre de son partenaire.


Ne pourrait-on pas parler de stratégies sadiques utilisés pour éviter le naturel de la rencontre ?

Pas tout à fait ! Ce couple s’est laissé emporter par les sentiments que chacun éprouve après avoir tenu un jeu de rôle surprenant. Il s’agissait pour l’un comme pour l’autre d‘établir une règle de jeu qui interdisait tout sentiment amoureux entre eux comme dans un contrat à la dimension de leur délire… amoureux. Il y a cet homme déprimé, joué avec tant de justesse par Alexis Desseaux, et il y a cette femme, Natacha, en mal de vivre et d’aimer. Les voilà en quête d’eux-mêmes à se chercher l’un, l’autre, à s’éviter. Ils s’apprivoisent, s’aiment, se perdent puis se rencontrent à nouveau.


Comment comprendre ce malentendu dans lequel on ne sait plus qui manipule l’autre ?

Justement, j’ai évité de forcer sur la manipulation au profit de l’honnêteté, de la pudeur. Pas de facilité, pas d’exposition amoureuse mais des propos pudiques.

Saul Enriquez nous offre un texte ciselé et subtil face à un propos universel bienveillant et rarement abordé. Car il ne s’agit pas seulement d’amour, de passion et de déchirements, mais avant tout de complexité et de pudeur face à nos contradictions sentimentales : aimer, à savoir s’abandonner en l’autre sans se perdre soi-même…

Pourquoi donner cette place à la musique et à la projection vidéo ?

Je travaille sur le son et l’image afin d’illustrer les phases chronologiques qui s’articulent dans ma mise en scène.

Les tangos, comme la captation vidéo font apparaitre le passé et le présent, appuyés par la lumière et la scénographie. Cette photo du couple entrelacé représente le passé. La chambre, c’est le présent. La voix d’une cantatrice symbolise l’univers belliqueux des jérémiades.

La création musicale, intégrée à l’univers de la pièce, composée par Franco Perry ponctue ce tango amoureux. Sa bande-son originale apporte avec délicatesse le soleil dans les cœurs et nous entraîne dans le tango de l’amour !

Les séquences en flash-back, mises en images par Christian Ajamian, sont traitées par des vidéos en rétroprojection. A travers cette danse des corps, des cœurs et de l’âme, le couple se soumet à une autopsie, disséquant les différentes strates de son évolution, de la fusion à la scission… au renoncement fatal ou à l’apprentissage du véritable amour…

Patrick Ducome

Autopsie de l’Amour

Du 4 novembre au 31 décembre 2012
Du dimanche au mercredi à 21h

Réservations : 01.42.33.42.03

Manufacture des Abbesses
7, rue Véron
75018 Paris 
M° Abbesses, Blanche ou Pigalle

www.manufacturedesabbesses.com
 

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