Anna Christie : tragédie marine
Anna Christie De Eugene O’Neill Adapté par Jean-Claude Carrière Mise en scène de Jean-Louis Martinelli Avec Mélanie Thierry, Féodor Atkine, Stanley Weber et Charlotte Maury-Sentier Jusqu’au 26 avril 2015 Du mardi au samedi à 21h, samedi 16h30 et dimanche 15h30 Tarifs : de 15 à 41 euros Réservation: Durée : 1h40 Théâtre de l’Atelier |
Jusqu’au 26 avril 2015
Un vieux matelot alcoolisé retrouve un soir de brouillard sa propre fille qu’il avait abandonnée quinze ans plus tôt. Survient un jeune marin qui tombe fou amoureux de la jeune fille. Passion, alcool et fatalité sont les lignes de force de ce drame naturaliste d’Eugène O’Neill porté par un trio royal d’acteurs. Avant de commencer à écrire des pièces, Eugène O’Neill, Américain d’origine irlandaise par son père, acteur et journaliste, s’embarqua sur les mers en direction de l’Argentine sur un voilier norvégien où il fit tous les boulots. Son sang irlandais lui avait, pendant quelques années, fait épouser la mer dont on dit souvent qu’elle est une maîtresse redoutable. On retrouve de manière féroce cette attirance magnétique de la mer dans cette oeuvre de jeunesse écrite en 1920 qui raconte les retrouvailles pathétiques d’un père, Chris Christopherson, interprété par un Féodor Atkine formidable, avec sa fille abandonnée, que joue la lumineuse et bouleversante Mélanie Thierry. Dans ce bar très glauque du sud de Manhattan, près des docks, voici donc la jeune comédienne en robe rouge écarlate, sandales compensées et bas résille déchirés, la fesse sur un tonneau de vin en guise de tabouret de bar. Elle ne révèle que très peu de choses sur son passé, des gardes d’enfants, alors que par son allure on devine une jeunesse peu glorieuse. Les cheveux en bataille, mais la beauté du diable, la jeune femme retrouve un père aléatoire, marin d’eaux fortes, plus habile à naviguer dans les tempêtes qu’à assumer la responsabilité d’une famille. Il faut dire que la maman est morte et qu’il n’a pas supporté. Qu’importe. Sur le navire où le père va embarquer son unique fille, un jeune matelot, Burke, révélé par Stanley Weber avec une fougue et une sensualité étonnantes, va tomber éperdument amoureux d’Anna. Jusqu’au moment où elle lui révèle son passé… D’une plume acerbe, crue et sans fioritures, O’Neill dépeint la réalité de ce milieu cruel où les hommes se sauvent des femmes en naviguant et où les femmes, éternelles victimes de leur dépendance, en sont réduites à faire le trottoir pour survivre. Jean-Louis Martinelli met en scène simplement ce mélo qui gagne en intensité dramatique avec l’arrivée de Burke. Les comédiens sont tous profondément justes, ancrant leur personnages dans un présent intemporel et dans la brume des non-dits. Hélène Kuttner [ Crédit Photos : Pascal Victor] |
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...