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Angela et Marina au Théâtre de l’Aktéon

20 mars 2009
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L’une est blonde, l’autre brune ; l’une semble vouloir croquer la vie et les plaisirs de la chaire à pleines dents ; l’autre « s’échine à se décharner » et s’enferme dans un monde de chiffres où tout se compte – du nombre de lattes de parquet qui recouvrent la scène, à celui des petits pois présents dans son assiette -. L’une a grandi sous le signe du souvenir et l’autre est marquée par l’absence de souvenir ou du moins par son caractère lacunaire.

Marina rend visite à sa grande sœur, à l’improviste, et la surprend en pleine répétition de son nouveau spectacle, un spectacle qui porte sur leur enfance à elles deux, une pièce dans la pièce joliment peaufinée en amorce.

Marina désapprouve la démarche de sa sœur qu’elle ne comprend pas. Pourquoi vouloir exprimer aux yeux du monde l’histoire la plus douloureuse de son existence ?

Cette irruption est un prétexte à une conversation que toutes deux semblent avoir attendu bien trop longtemps, une mise à plat de l’amertume accumulée durant de nombreuses années, des reproches jamais dévoilés jusqu’alors, des larmes de petites filles et des questions de femmes se croisent et se bousculent sur la scène du théâtre de l’Aktéon.

Les deux sœurs se disputent, s’enlacent, pleurent et se consolent dans une énergie qui transcende le publique par la fraîcheur et l’enthousiasme des deux actrices.

Leur conversation les mène à retracer le fil de leur histoire commune, leurs fragilités de petites filles en manque de maman, leurs peurs inavouées, la détresse de l’une comme de l’autre souvent ignorée par l’autre, une manière de dire : « Moi aussi j’ai souffert tu sais ! »

Si le spectateur connaît certains moments de confusion, Angéla et Marina demeure une pièce réussie  ; une pièce où l’on rie, où le poil s’hérisse et où l’émotion grésille  au font de la gorge.

Les femmes seront certainement plus sensibles au thème abordé mais la pièce est ouverte à un large public.

Une pièce qui sonne juste grâce au jeux brillant de deux jeunes actrices -habitées par un quelque chose que l’on peut qualifier de talent- Cette adaptation du roman de Nancy Huston porte en elle les thèmes de l’enfance, du passage à l’age adulte, de l’identité, des rapports souvent conflictuels dans une fratrie, et de la réconciliation avec le passé . Un programme assez dense porté par des choix de mise en scène qui s’impose par la simplicité et le dépouillement

L.O.

* « Lulla Dit » : Compagnie de théâtre créée par Anais COQ (mise en scène), Lucie  MANDON (Angela) et Ana TORRALBO (Marina).

Angela et Marina du 4 au 28 mars (du Mercredi au Samedi) à 21h30 au théâtre de l’Aktéon

11, rue du général Blaise – 750011 Paris. – Métro : Richard Lenoir

Plein Tarif : 16 Euros

Tarif Réduit : 10 Euros

Réservation au 0143387462

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