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Amine Khaled : “Quand une épidémie débarque, on est les premiers touchés et les derniers à se relever”

Alicia Durica 24 février 2021
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Responsable du comité de lecture au théâtre du Rond-Point, Amine Khaled nous parle de son parcours et s’exprime sur l’état de sa structure durant l’épidémie de la covid-19.

Depuis quand travaillez-vous au théâtre du Rond-Point et quelles sont vos missions ?

Je travaille au Théâtre du Rond-Point depuis 2009, où je dirige le comité de lecture. Nous recevons toutes les propositions d’auteurs, très nombreuses : elle proviennent d’auteurs et de compagnie françaises et étrangères. Mon travail consiste à animer ce comité de lecture composé d’une douzaine de lectrices et lecteurs (auteurs, metteurs en scènes, comédien.nes, etc.) et ressortir avec des textes qui aboutiraient à des spectacles.

Comment opérez-vous la sélection des textes reçus ?

On se considère un peu comme des chercheurs d’or, en quête de textes susceptibles d’alimenter la programmation du théâtre. Nous travaillons selon une méthode qui nous permet de rester attentifs à tout ce qui nous est proposé, sans à priori de forme ou de contenu. Au-delà du regard averti, nous veillons à garder nos sensibilités éveillés, disposés à la surprise, et être à l’écoute des écritures contemporaines dans toute leur diversité.

Ce travail de repérage et de sélection est une première étape, suivi d’un autre regard sur les projets de spectacles qui accompagnent les textes. Ce regard implique d’autres personnes au théâtre, relatif à la faisabilité des spectacles du point de vue de la programmation et de la production, dont la responsabilité finale revient à notre directeur, Jean-Michel Ribes.

Théâtre d’auteurs, le Rond-Point demeure un lieu de sensibilité à l’écriture, à l’invention de la langue et des formes dramatiques nouvelles.

Programmation du Rond Point / ©Stéphane Trapier

Programmation du Rond Point / ©Stéphane Trapier

Quel est votre parcours et pourquoi le choix du Rond-Point ?

C’est à l’occasion de mes études en métiers de la culture que j’ai eu une première expérience au Rond-Point. Une première rencontre qui s’est avérée une sorte de « mariage » avec ce lieu atypique. Le théâtre est ma passion de toujours, même si j’en ai eu d’autres, comme le journalisme, la recherche et quelques expériences en cinéma documentaire. Au sein du théâtre, particulièrement du Comité de lecture, je mesure chaque jour la chance d’être à cet endroit, qui offre une grande liberté de regard et d’action, une passion de l’échange et des débats. Et surtout, la joie d’être quelque part sur le chemin d’aboutissement des œuvres. Lire et échanger au sujet de textes inédits, être en lien avec des auteur.es, des éditeurs ou d’autres théâtre permet, en plus d’accomplir des choses utiles, d’être en position d’apprentissage permanent.

Quel est l’impact de l’épidémie sur le Rond-Point ?

Si l’on exagère un peu, je dirais que avons une crainte généralisée de disparaître, du moins momentanément. Nous sommes plongés dans un flou total. Le travail du théâtre, le public ne le découvre qu’au moment d’aller voir un spectacle. Pourtant, bien en amont, chaque spectacle a son histoire. Et généralement cette histoire commence deux, voire trois saisons en avance, avec une chaîne d’intervenants. Les conséquences ne se limitent donc pas à un simple report de spectacles, c’est toute une chaîne de travail et de création qui se retrouve malmenée.

Je pense que l’insupportable est dans l’incertitude. Comment se projeter, ne serait-ce qu’à moyen terme ? Quand les échéances sont bouleversées, nous avons les ailes coupées. Je pense en premier aux auteur.es et au compagnies indépendantes, maillons essentiels de la vie théâtrale et, par ailleurs, les victimes premières de cette situation inédite.

Je pense que le second confinement des théâtres s’avère être le plus dommageable. Le premier a empêché des choses, sauf que nous avons fait en sorte de tout réorganiser pour la rentrée. Mais avec le suivant, c’est comme une seconde rechute, dure à vivre.

Salle Renaud Barrault vide / ©Giovanni Cittadini

Comment faites-vous pour rebondir dans ces conditions ?

Rêver là où c’est possible. Respirer dans la rareté de l’air. Mais la question renvoie plutôt à la situation dans laquelle on retrouvera les auteurs et les compagnies, moteurs de la création. Au milieu de cette attente, nous avons choisi de continuer, comme beaucoup d’autres, à parler de théâtre, à défaut de le pratiquer. Chaque matin, nous nous réveillons avec cette conviction que le théâtre est plus que tout autre un lieu de sociabilité, où les corps et les esprits se chevauchent, se croisent, s’interpellent. Espace unique de la parole et du geste, on aura vite compris la sensibilité de l’édifice théâtral : quand une épidémie débarque, on est les premiers touchés et les derniers à se relever.

Propos recueillis par Alicia Durica

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Amine Khaled : « À défaut de pouvoir pratiquer le théâtre, on continuera à en parler », propos recueillis par Alicia Durica

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