Quand Shakespeare inspire la danse
All we love about Shakespeare Ophelia, Madness and Death Fatal Roméo et Juliette Avec le ballet de l’Opéra national du Rhin et l’Orchestre symphonique de Mulhouse À Mulhouse – La Filature Strasbourg – Opéra Colmar – Théâtre municipal Tarifs : de 48€ à 12€ Durée : 2h20 Opéra de Strasbourg La Filature Théâtre de Colmar |
Du 20 décembre 2015 au 17 janvier 2016 Ivan Cavallari, directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin depuis 2013, a choisi de concevoir un programme autour de l’œuvre de William Shakespeare. Présentée à La Filature à Mulhouse, à l’opéra de Strasbourg et enfin au théâtre de Colmar, cette soirée rassemble deux créations, Ophelia de Douglas Lee et Fatal de Rui Lopes-Graça et des extraits de Roméo et Juliette de Bertrand d’At. Pour sa création, Ophelia, Madness and death, Douglas Lee, ancien soliste du ballet de Suttgart, a choisi de s’inspirer de l’héroïne d’Hamlet. Le ballet la met en scène sous les traits d’une femme portant une brassée de fleurs et traversant la scène, à la dérive. L’obscurité qui enveloppe le groupe de danseurs crée une ambiance nébuleuse. Si le titre permet d’identifier la femme au bouquet comme l’amoureuse malheureuse du prince de Danemark, la chorégraphie ne permet aucun rapprochement entre la narration et ce qui se déroule sur scène. Dommage, retrouver ces terribles jeux de pouvoir qui font sombrer l’héroïne dans la folie aurait été intéressant. Il en ressort des scènes d’une beauté formelle certaine mais qui ne font pas ressortir la force dramatique de la pièce de théâtre. Il en est de même avec Fatal de Rui Lopes-Graça. Le chorégraphe portugais a voulu retenir de Macbeth l’intervention des sorcières qui, embusquées dans la lande, prédisent son destin au prince écossais. Pourtant, les pièces de Shakespeare sont toutes narratives, ce sont de grandes fresques qui parlent de vie, de mort, des drames, des comédies, des contes, traversés par des moments de farces parfois. Tout comme Douglas Lee, Rui Lopes Graça a sans doute cherché à nous plonger dans l’âme des héros shakespearien. Le résultat est une œuvre absconse qui ne touche pas vraiment. La deuxième partie de la soirée est consacrée à des extraits de Roméo et Juliette de Bertrand d’At : la rencontre lors du bal, les morts de Mercutio et de Tybalt, le mariage, la mort des amants. Bertrand d’At transpose l’intrigue dans la Russie d’avant la révolution. Juliette est une fille de la noblesse et Roméo un étudiant révolutionnaire. L’idée est excellente et la musique de Prokofiev, si peu italienne, résonne particulièrement bien avec la chorégraphie qui emprunte au classique mais aussi aux danses traditionnelles slaves. L’œuvre s’achève par la mort des amants, scène bouleversante d’une grande beauté, portée par Erika Bouvard et Jean-Philippe Rivière. Bertrand d’At livre une version chorégraphique fort juste de la pièce de William Shakespeare. C’est sans doute la meilleure manière de servir l’œuvre du grand Will que de transmettre ce qu’il nous dit du monde. Stéphanie Nègre [ Photo : © JL Tanghe] |
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