Alexandre Bonstein
Si Alexandre Bonstein était un animal, ce serait un chien. Plus précisément un bâtard. Un chien parce qu’il aime bien qu’on le caresse s’amuse-t-il. Un bâtard, parce qu’il aime le mélange. Et le mélange, c’est ce qui fait toute la beauté et la spécificité de son métier, de sa passion : le théâtre musical.
Né à Lausanne le 7 octobre 1963, il suit quelque cours au conservatoire avant de monter à Paris à l’âge de 20 ans. Il cherche à enrichir son expérience et veut diversifier sa formation en suivant des cours de théâtre, de chant, de danse et d’acrobatie. Mais à Paris, « il est difficile d’être pris au sérieux quand on s’intéresse à plusieurs disciplines en même temps » confie-t-il. Il décide alors de faire des allers-retours entre Paris et New York pour suivre quelques cours, entre autres, au H.B. Studio avec Herbert Berghof et Ed Morehouse. Un temps, il lui est venu l’idée de rester à New York, capitale du théâtre musical, mais Paris lui manque. Quand il décide de s’y installer, il n’a pas fallu plus de trois semaines pour que le rêve américain s’effondre, sans raison. New York ne sera plus qu’une destination de passage.
Paris, c’est elle qui lui a donné sa première chance, son premier contrat. En 1989, alors qu’il était serveur au Piano Zinc, un ami lui annonce qu’une audition à lieu pour la comédie musicale Cats, mise en scène par Gillian Lynn, au Théâtre de Paris. Alexandre tente sa chance et réussit. Dès lors, au gré des rencontres, les rôles s’enchaînent pour lui dans plusieurs comédies musicales : Zazou, les Misérables, Barnum, Mayflour, Le magicien d’oz, Hair, 7 filles pour 7 garçons…
En 1999, alors qu’il est de passage à New York, un ami, Thierry Voiblet, dispose d’un espace à Alphabet City, dans l’East village, lieu de prédilection des artistes et junkies des années 1960 aux années 1980. D’improvisations en improvisations, des histoires de monstres névrotiques sortent de ce lieu. C’est ainsi que Créatures, la première pièce musicale d’Alexandre Bonstein, se monte peu à peu. Mise en scène par Agnès Boury, la pièce est produite à New York, à Dublin, puis au Casino de Paris de 2004 à 2009.
Un mélange entre Disney et le trash, entre l’humain et l’animal.
Créer des spectacles permet à cet être timide et introverti de faire partager son univers. S’il fallait définir ce monde personnel, Alexandre explique qu’il s’agirait d’un mélange étrange entre quelque chose de très proche de l’enfance, de très coloré, de très « Disney » mais en même temps de trash, de sale, d’animal. C’est le conflit, la tension entre ces deux mondes antithétiques qui le fascine et ce qui l’intrigue dans l’humain, c’est bien la part d’animalité qui réside en nous. C’est d’ailleurs l’une des premières questions qu’il se pose lorsqu’il rencontre quelqu’un ou qu’il travaille à un nouveau rôle : à quel animal cette personne ressemble-t-elle ?
Mais partager et faire surgir ce qu’il a à dire comme créateur ne suffit pas et Alexandre n’envisage pas de quitter la scène. Pour lui, le métier de comédien et de chanteur complète vraiment celui d’auteur. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ce que l’on a au fond de soi, encore faut-il confronter son monde intérieur à celui dans autres et pénétrer des univers différents. « Incarner les personnages des autres, c’est vivre plusieurs vies, des vies qu’on n’aura jamais l’occasion de vivre, précise-t-il. C’est une sorte de défouloir, cela permet de laisser libre cours aux fantasmes ». De l’animal à l’homme, de soi à l’autre tout n’est qu’histoire de mélange, semble-t-il.
Alors qu’il vient de finir la tournée du Cabaret des hommes perdus, une création de Christian Siméon mise en scène de Jean-Luc Revol, Alexandre prépare quelques projets. Il y a d’abord son bébé, comme il l’appelle, « Chienne », une nouvelle pièce de théâtre musical. La pièce, qu’il prépare avec l’aide d’Isabelle Ferron, prendra la forme d’un one man show, accompagnée de deux musiciens chanteurs, prévue pour 2010.
Autre projet pour 2010, une commande dans le cadre de l’année France-Russie : la mise en scène du spectacle musical Bonnie and Clyde, de Bernard Poli à Irckoutsk, en Sibérie. Avec Jacques Verzier, il aura à sa disposition une troupe russe de trente acteurs et quarante musiciens. La pièce étant adaptée en russe, les metteurs en scène seront aidés de traducteurs. « Un beau challenge » se réjouit Alexandre, qui envisage bien de se mettre au russe.
Chloé Goudenhooft
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