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Alex Vizorek : “Il faut donner trois chances à une vanne”

7 juillet 2014
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vizorek

Alex Vizorek

De et avec Alex Vizorek
Mise en scène de Stéphanie Bataille

Jusqu’au 29 juin 2014

Puis les jeudis, vendredis et samedis
du 3 juillet au 30 août 2014

Tarif : 26 €
Étudiants / chômeurs : 16 €
-26 ans : 11 €

Durée : 1h05

Théâtre du Petit Hébertot
78 bis, bd des Batignolles
75017 Paris
M° Rome

www.petithebertot.com

Trois soirs par semaine, sur la scène du Petit Hébertot à Paris, Alex Vizorek continue à jouer son dernier opus “Alex Vizorek est une œuvre d’art”, jusqu’au 30 août, ce qui ne l’empêche pas de faire des allers-retours à Bruxelles où il retrouve les “Diables Rouges” sur la RTBF. Ce planning de chef d’entreprise ne prive nullement ce garçon multicarte et multitalent de son sourire et de sa générosité.

Avec sa bobine d’enfant de chœur auquel on aurait donné le bon Dieu sans confession, ce petit Belge-là n’en rate pas une pour mettre gentiment en boîte les diverses personnalités auxquelles il fait face dans des chroniques savamment pimentées. Cet été, sur France Inter, après avoir été chroniqueur dans On va tous y passer et une fois par semaine dans la matinale de Patrick Cohen, cet amateur de football joue les prolongations avec le Septante-Cinq-Minutes avec sa compatriote Charline Vanhoenacker.

Rien ne vous prédisposait au départ à faire de la scène ?

C’est vrai que j’ai fait des études très sérieuses, une école d’ingénieur puis du journalisme et j’ai même un double diplôme ! À 18 ans, j’étais encore un fils à maman qui n’osait pas se lancer à Paris pour faire du théâtre.

Fils à maman plus qu’à papa ?

J’étais le seul garçon et j’ai grandi entouré de femmes, sœur, mère et grand-mère. Cela dit, j’aime les challenges et il me fallait d’abord faire de mon mieux à Bruxelles. J’ai évalué mes choix d’études à la grosse louche : dans le droit, il y avait trop de mots ; pour la médecine, il fallait une vocation ; à Polytechnique, il y avait trop de chiffres ; il restait la formation d’ingénieur que j’ai faite sans passion mais en réussissant toujours la session de rattrapage ! Le goût pour les lettres, je l’ai retrouvé à travers l’école de journalisme que j’ai commencée en parallèle. Ce n’est qu’après mes études, à 25 ans, que je suis venu à Paris au Cours Florent, alors que d’autres font le tour du monde.

Comment s’est révélé votre tempérament comique ?

En jouant les grands textes classiques que j’adore. Je faisais rigoler en interprétant Rodrigue dans Le Cid ! Du coup, on m’a fait jouer des comédies de Shakespeare où des chefs de guerre se vantent de leurs faux exploits, ce qui les rend ridicules. En dernière année, j’ai rencontré Stéphanie Bataille qui proposait un stage de one man show : ce fut la révélation. J’ai commencé à écrire et à faire rire l’auditoire avec mes propres textes. Lors de l’examen de fin d’études, François Florent a déclaré devant tous mes camarades que ce que je faisais était très professionnel et pour la première fois de ma vie je me suis senti être un premier de classe. Il ne fallait pas que je passe à côté de là où j’étais le moins mauvais ! J’ai donc demandé à Stéphanie Bataille, ma marraine de théâtre, de mettre en scène notre premier spectacle avec Walter. J’ai gagné quelques concours avec le sketch des cymbales et très vite je me retrouve au Festival de Montreux, en Suisse, devant 1500 personnes.

Et la radio ?

J’ai commencé à participer à l’émission populaire Les Enfants de chœur sur VivaCité (RTBF) et depuis 5 ans nous rencontrons un succès incroyable le dimanche matin. Je m’y amuse beaucoup et y raconte des crasses que je n’oserai prononcer sur France Inter ! J’ai aussi écrit des chroniques face à des politiques sur une radio concurrente, ce qui fait que quand j’ai été auditionné pour France Inter, j’avais l’avantage d’avoir déjà composé 200 chroniques. Quand Frédéric Lopez m’a engagé dans son émission, il m’a dit : “Je t’engage parce que tu es drôle, mais surtout parce que tu rigoles des blagues des autres.”

Comment fait-on pour savoir qu’une blague est drôle ?

Il faut donner trois chances à une blague. Si après trois fois elle ne fonctionne pas, il faut se faire à l’idée. Mais parfois il suffit de changer un mot pour que cela fonctionne. Je l’ai souvent testé lors de mes chroniques car le direct est sans filet.

Assurer des chroniques régulières face à des intervenants qui font l’actualité, cela demande d’être informé de manière très pointue. C’est beaucoup de travail ?

J’ai perdu ma vie sociale ! Les amis ne m’invitent plus à dîner à force de refus ! Une chronique de 4 minutes est un grand plaisir, mais c’est aussi quatre heures de travail et de la lecture de journaux derrière pour que cela fonctionne. Je ne prends pas de vacances, je travaille, on m’écoute et on me fait confiance. Qui oserait s’en plaindre ?

Qu’est-ce qui explique cette déferlante de comiques belges ?

Les Français se posent beaucoup de questions et pensent souvent avoir les bonnes réponses. Dans le contexte de crise morale, nous relativisons leurs certitudes en les renvoyant à leur propre image. Sans complexes mais avec bienveillance car nous sommes frères !

Hélène Kuttner

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