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Abou Lagraa – Les Gémeaux  & Théâtre national de Chaillot

12 avril 2013
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Abou Lagraa - El Djoudour

El Djoudour, voilà qui signifie : les racines. Abou Lagraa s’y réfère comme pour mieux se souvenir des siennes. Le chorégraphe qui a grandi à Annonay, au beau parcours dans la danse française, ayant créé, en 2006, une pièce avec le Ballet de l’Opéra de Paris, poursuit ici son chemin de pionnier avec un groupe de danseurs de rue, recrutés à Alger en 2009. Abou et sa femme Nawal les ont formé à la danse contemporaine pour créer le très émouvant Nya. Ensemble, ils reprennent ici le fil de cette aventure singulière et amènent les garçons d’Alger à la rencontre des danseuses professionnelles de La Baraka, la compagnie de Lagraa, aujourd’hui implantée à Lyon.

En effet, El Djoudour pose la question du statut de la femme, et plus encore celle des rapports entre les sexes. Lagraa interroge la séparation entre l’homme et la femme dans la culture arabe et souligne l’existence d’espaces définis comme lieux de rencontre : une place, un patio, un salon. « C’est pourquoi j’ai fait le choix d’une scénographie très épurée, un lieu parcouru par les corps et leur souffle. » Un espace épuré, traversé par des tensions et des énergies fulgurantes.

La structure de la pièce est toute aussi limpide. D’abord, l’univers des femmes qui se retrouvent, dans une situation liée au quotidien. Une place ouverte, ou bien un lavoir, espace public et intime en même temps. Couvertes comme des fantômes, elles entrent et se libèrent. Le solo de Nawal Lagraa fera date. On se croit chez Pina Bausch. Arrivent les hommes, presque en ordre de bataille. Et justement, les deux groupes vont s’affronter, expérimenter le choc de la rencontre. La danse dit ici toute la violence culturelle entre les sexes. Mais après ce passage par l’exutoire, Lagraa ouvre la porte vers la douceur, le chemin de l’union qui mène par la terre, par l’eau et le chant. Triple fontaine, promesse d’harmonie et de maturité.

Mais la violence n’est pas vaincue. Elle ressurgit et s’abat sur l’ensemble, commenté par Houria Aïchi comme par le chœur d’une tragédie grecque. Par son existence même, El Djoudour est une pièce d’espoir, portée par le parcours stupéfiant de ces danseurs venus d’Alger qui aujourd’hui brillent par leur énergie, leur singularité personnelle et leur universalité. Chez les Anglo-Saxons, il y a ce courant en danse qu’on appelle « Gender Piece », des pièces interrogeant les identités sexuées. Le voici dans sa version algéro-française, infiniment plus physique et sensuelle, chargée d’émotions et de beauté visuelle. Car Lagraa a toujours été le chorégraphe chez qui le contemporain, le Hip Hop et même le ballet dialoguent en toute liberté.

Thomas Hahn

El Djoudour

Chorégraphie, scénographie et direction artistique : Abou Lagraa
Assistante artistique, responsable pédagogique : Nawal Ait Benalla-Lagraa
Lumières : Nicolas Faucheux // Musique Olivier Innocenti // Chants : Houria Aïchi

Durée : 1h30

Les Gémeaux / Scène Nationale
49, avenue Georges Clemenceau
92330 Sceaux

http://www.lesgemeaux.com

Vendredi 5 avril et samedi 6 avril 2003 à 20h45
Dimanche 7 avril à 17h

RER Bourg-la-Reine.
Prendre la sortie n°3, vers la rue des Blagis. Cinq minutes de marche à pied et vous arrivez aux Gémeaux.

Théâtre National de Chaillot
1, place du Trocadéro
75116 Paris

http://www.theatre-chaillot.fr

Du 18 au 20 avril 2003 à 20h30

[Crédits photo : Dan Aucante]

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