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Un festival Mimos truffé de trouvailles

23 juillet 2015
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festival-Mimos-2015

Mimos

Du 27 juillet au 1er août 2015

Périgueux

www.mimos.fr

Babafish by Sophie GlossinDu 27 juillet au 1er août 2015

Fin juillet, le festival Mimos détourne l’attention des Périgourdins et des touristes. Une semaine durant, le foie gras passe au second plan. Dans un geste spectaculaire, les rues pittoresques et les salles de la capitale du Périgord Blanc accueillent une déferlante internationale d’artistes du geste. Leurs créations, désopilantes, romantiques ou autrement singulières, rencontrent un public généreux et attentif, où se côtoient amateurs fidèles et spécialistes.

Il faut visiter Mimos, non seulement pour les artistes de premier plan qui s’y retrouvent, mais aussi pour son dolce vita intelligent et artistique. Mimos est un festival des arts du geste ou bien, comme on disait avant, de mime. On y rencontre ce que la France appelle, maladroitement, “théâtre physique” (en fait du théâtre gestuel), en dialogue avec des spectacles acrobatiques, chorégraphiques ou autres formes.

Deux compagnies majeures

Commençons donc par deux très bons exemples. La compagnie Théâtre du Mouvement, fondée il y a quarante ans par Claire Heggen et Yves Marc, reprend Encore une heure si courte, une de leurs pièces à succès. Créé en 1989, cet alliage inoubliable de poésie corporelle et d’acrobatie facétieuse explore la relation au temps et aux objets du quotidien. En même temps, la compagnie va créer à Mimos une version de La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, où les acteurs-mimes creusent les émotions au-delà des mots. Quand chorégraphie et force du geste libèrent un classique du théâtre…

GandiniIl sera plus qu’intéressant de regarder le travail du Théâtre du Mouvement à la lumière d’une compagnie anglaise qui rend hommage à Pina Bausch par un ballet… jonglé ! Dans Smashed de la compagnie Gandini Juggling, on ne perçoit plus aucune différence entre ceux qui viennent de la danse et ceux qui sont passés par les écoles de cirque. Tout le monde jongle avec des pommes et de la vaisselle, dans une esthétique années 40, et c’est parfaitement dans l’esprit de la grande chorégraphe de Wuppertal. Sauf que l’esprit british ajoute une couche d’ironie et de sarcasme nonchalant. Gandini Juggling est en train de conquérir l’Europe entière. En ce sens, son passage à Mimos s’est naturellement imposé.

En rue, on se mélange

L’ambiance poétique des rues de Périgueux fait immédiatement comprendre pourquoi cette cité de la Renaissance fut choisie pour accueillir un festival de mime. Les artistes peuvent se fondre dans ce romantisme ou lui opposer leur énergie contemporaine. C’est en ce sens que le Collectif Bonheur Intérieur Brut présente La Montagne. Acteurs, danseurs et circassiens affrontent trois plans inclinés, métaphores de nos peurs et angoisses. Entre chutes et ascensions, ils négocient l’affrontement avec eux-mêmes et avec l’autre, alors que les trois sommets, ainsi que les spectateurs, ne cessent de se déplacer. C’est l’un des principes actifs de ce spectacle, où le public doit se positionner autant que les personnages…

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La compagnie Jeanne Simone interroge, depuis sa création par Laure Terrier en 2004, notre rapport à l’autre et à l’espace public. Elle le fait par la danse, souvent en défiant les règles qui séparent les voitures des piétons, partout où le bitume est roi. Sa nouvelle création s’appelle Nous sommes – Portraits chorégraphiques et sonores dans l’espace public. Huit personnages se livrent au regard du public et des passants. Moins d’action, mais d’autant plus d’écoute. Jeanne Simone respire…

Tango SumoL’action, le défi physique et le flirt avec l’épuisement sont l’affaire de Tango Sumo, ici dans Around, leur dernière pièce chorégraphique. Cette compagnie qui crée principalement pour l’espace public met la condition de l’homme urbain face à l’esprit tribal. Dans Around, ils se drapent d’une esthétique brute et tribale pour interroger la possibilité du vivre-ensemble. Et puisqu’un festival tel que Mimos est par définition un lieu du vivre-ensemble, on y verra un matin une quarantaine de danseurs-marcheurs-joggeurs traverser la Voie Verte aux abords de la ville, emmenés par les chorégraphes de la compagnie D’Occasion Danse # Paysages. Sans parler de l’ouverture du festival le 27 juillet au soir, avec la compagnie Carabosse qui permet au public nocturne de circuler librement entre ses installations de feu, sur le site romain d’exception que constituent la Tour de Vésone et les parcs qui entourent ce vestige imposant.

Incongrus, surréalistes, belges…

Pendant Mimos, Périgueux est la cité du rire et des spectacles inclassables. Qui n’a pas tenté de faire rire par le verbe ? Combien de “comiques” aux “vannes” soporifiques ? À Mimos, le rire passe par le corps et le geste pour un résultat autrement savoureux. Dans Jake & Pete’s big reconciliation attempt for the disputes of the past, Pieter Ampe, joyeux mélange de hipster et de bûcheron, performer hilarant et danseur passé par la compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker, rejoue, à la manière des enfants, une tentative de réconciliation tout à fait authentique avec son propre frère, Jake. Et ce Jakob Ampe, qui a certes des antennes en matière de musique et de composition, n’avait pas d’expérience de la scène quand Pieter lui a parlé de son idée de rejouer sur le plateau leurs bagarres de gamins. Le résultat est un duo d’une drôlerie irrésistible et d’une énorme finesse quant à la psychologie humaine.

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Une autre facette du surréalisme flamand se présente à nous dans Expiry date de la compagnie Babafish. Et ce n’est pas parce que les trois fondatrices sont une Suédoise, une Suisse et une Allemande que leur travail n’est pas belge ! Elles se sont rencontrées pendant leurs études en arts du cirque à Bruxelles et se retrouvent parfaitement dans l’esprit flamand qui traverse ce mélange de théâtre chorégraphique, gestuel et d’objets. Avec leur travail incongru sur l’espace et l’absurdité des installations plastiques, elles ont contacté Hun-Mok Jung, danseur coréen de la compagnie Peeping Tom, qui leur offre son conseil chorégraphique.

Thomas Hahn

[Photos © Sophie Glossin (Babafish) / DR]

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