À La Villette, “Kites” et “To Kingdom Come”
La GöteborgsOperans Danskompani fait partie des compagnies qui comptent dans le monde de la danse contemporaine. Elle est de retour à Paris dans le cadre de Chaillot nomade à la Villette avec Kites de Damien Jalet et To Kingdom Come d’Imre et Marne Van Opstal.
Kites – cerf-volant en français – est la deuxième pièce de Damien Jalet créée pour la compagnie suédoise. Après l’introduction où une danseuse, au sol, développe d’amples mouvements amortis qui nous font prendre conscience de la matière aérienne, le ballet se poursuit avec une première partie dynamique où les danseurs s’élancent sur deux plans inclinés conçus par le scénographe Jim Hodges.
Ils courent, tournent, se retournent sur une musique électronique faite de vagues toutes en accélération. Si le dispositif rappelle le mobilier d’un skate parc, leur gestuelle n’a pas la brusquerie de cette discipline. Au contraire, les danseurs semblent s’amuser avec l’air et composer des volutes tels des cerfs-volants pris dans des tourbillons. La deuxième partie reprend les séquences chorégraphiques de la première mais de manière plus apaisée. Les costumes se gonflent d’air donnant une esthétique futuriste à l’ensemble. Sous une pluie de paillette argentée, la pièce s’achève dans une harmonie poétique. Damien Jalet signe une pièce à la fois abstraite et très évocatrice de l’impalpable.
Anciens danseurs du Nederlands Dans Theater et de la Batsheva dance Company, Imre et Marne van Opstal, sœur et frère à la ville, s’intéressent aux liens entre corps et psychisme. Avec To Kingdom Come, ils proposent une réflexion sur l’impact d’un traumatisme sur le rapport à l’autre. La pièce qui démarre avec les danseurs rassemblés sur scène comme pour une photo de famille, est organisée en plusieurs séquences très théâtrales sur un espace circulaire rempli de sable. Dans cette arène, les membres de ce groupe traversent différents moments de vie, entre désespoir et rage mais aussi réconciliation et apaisement.
Leur danse se nourrit des influences de Jiri Kylian et surtout d’Ohad Naharin dont la gestuelle gaga traduit ici idéalement l’énergie vitale.
Avec ces deux ballets aux univers très différents servis magistralement, les artistes de la GöteborgsOperans Danskompani nous ont offerts deux moments de danse particulièrement prenants.
Stéphanie Nègre
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