À l’Odéon, Dominique Blanc démystifie la Vierge Marie
| Le Testament de Marie
De Colm Tóibín, traduction de Anna Gibson Mise en scène de Deborah Warner Avec Dominique Blanc Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h, relâche exceptionnelle dimanche 7 mai Tarifs : de 6 à 40 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 85 40 40 Durée : 1h40 Odéon-Théâtre de l’Europe, en coproduction avec la Comédie Française |
Jusqu’au 3 juin 2017
Dans une scénographie somptueuse, la comédienne donne vie à la mère de Jésus, dans un monologue écrit par l’Irlandais Colm Tóibín mis en scène par la britannique Deborah Warner, qui avait déjà créé le texte avec Fiona Shaw à Broadway. Le récit d’une incompréhension entre une mère perdue et un fils désaxé, entraînant une bande d’illuminés vers la mort et la naissance d’un nouveau monde. Une coproduction Odéon et Comédie-Française.
C’est une femme simple, en jean et chemise, boots noirs, qui nous fait face sur l’immense plateau du Théâtre de l’Odéon. On apprend vite qu’elle coule des jours de désespoir à Ephèse, dans l’actuelle Turquie, après la crucifixion de son fils Jésus, comme il est écrit dans la légende chrétienne. Que fait elle ? Rien de précis, prisonnière qu’elle est de ses propres souvenirs, de son propre malheur, celui d’avoir vu partir son fils sans pouvoir le retenir, lui et ses condisciples « désaxés », et d’avoir assisté à son chemin de croix, prédicateur flamboyant d’abord, capable de tous les miracles, puis martyre d’une société qui ne l’a pas suivi dans son radicalisme, jusqu’à être crucifié.
L’écriture de Tóibín instille une ambiguïté dans le personnage de Marie qui s’exprime tantôt à la première, tantôt à la troisième personne du singulier, comme pour dédoubler sa souffrance de spectatrice totale de son propre malheur. Pour mieux souligner le fossé d’incompréhension entre la mère et son fils. Une manière évidente aussi de faire le lien entre cette histoire mythique et les départs de nombreux jeunes gens vers le Jihad, laissant les mères et les pères dans un trou d’ignorance et de stupeur. Dominique Blanc, débit précis et clair, en restitue chaque seconde, avec le calme et la gravité qui lui sont propres. En raconte les détails de cette narration biblique, l’intelligence et la vivacité de son fils, puis l’errance, les groupes de jeune fanatiques, les lapins qu’on dépèce hors des cages, la violence des meurtrissures, la jouissance de cette souffrance. Mort pour sauver le monde « Ce qu’il sont en train d’écrire, dit elle en nous en racontant l’horreur la plus absolue, a changé le monde ». Marie, simple femme qui n’a rien compris à cette révolution mystique, nous interpelle frontalement par le témoignage de sa propre histoire. Quel gâchis, semble-t- elle nous souffler, et tout ça pour accoucher de notre monde ! Quel modèle ! On peut être très touché par ce texte iconoclaste, qui pulvérise le mythe de Marie et de Jésus par une relecture terriblement actuelle. On peut aussi s’interroger sur l’intérêt de cette narration qui revisite les moments clés de la crucifixion, sans susciter pour autant chez nous plus de surprise ni d’émotion. Sauf à admirer une grande comédienne. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Ruth Walz ] |
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Jusqu’au 3 juin 2017
Un chemin de croix
Narratrice et actrice de son propre malheur



