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4ème Séquence Danse : Le 104 sous haute danse-cité

23 mars 2016
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Séquence Danse

Du 22 mars au 13 avril 2016

Le Centquatre
5, rue Curial
75019 Paris
M° Riquet

www.104.fr

Du 22 mars au 13 avril 2016

Encore si jeune, et déjà si puissant! Le festival parisien Séquence Danse conçu par le Centquatre annonce sa quatrième édition et présente une belle sélection de ceux qui font bouger la danse contemporaine: Louise Lecavalier, Yoann Bourgeois, Dorothée Munyaneza, Olivier Dubois, Delgado Fuchs, Yuval Pick, Alessandro Sciarroni…

Avec cette quatrième édition de son festival Séquence Danse Paris, le Centquatre-Paris se dote de plusieurs artistes associés internationaux. En danse, les heureux gagnants sont Louise Lecavalier et Alessandro Sciarroni. La Québécoise présente une création toute fraîche et l’Italien reprend sa pièce mythique « Folks – will you still love tomorrow… » avec une nouvelle distribution.

On pourra découvrir un musical dansé de Yan Duyvendak, chorégraphié par Olivier Dubois sur une musqiue d’Andrea Cera: “Sound of Music”. Et d’Afrique du Sud vient une toute nouvelle tête, Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza, avec un titre tout aussi intrigant: “Influences of a Closet Chant”. 

Louise Lecavalier : « Mille Batailles »

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=ZzVhF6T2_Zs[/embedyt]

L’ancienne icône de La La La Human Steps, la compagnie d’Edouard Lock, vient avec sa toute nouvelle création, un duo avec le danseur Robert Abubo, qui fut son partenaire de scène dans deux créations précédentes. Ça s’appelle « Mille Batailles » et s’orchestre autour d’une bipède mille-pattes qui s’appelle bien sûr Louise et se livre des duels physiques complices et compulsifs avec son partenaire de scène comme elle une sorte de fantôme, en combinaison noire, et en transe. A se demander qui succombe le plus à l’hypnose: Le Public ou les interprètes?

bataille by Yvan ClédatDelgado Fuchs : « Bataille »

Encore un duo, encore un bataille. Mais très, très différente. Nadine Fuchs et Marco Delgado, connus pour leur façon dadaïste de subvertir nos fantasmes dominants, se sont attaqués aux shows érotiques et caressent désormais l’univers guerrier du Moyen Âge. Référence au nom du peintre Paolo Uccello (et son célèbre tableau « La Bataille de San Romano »), leurs casques ont des becs d’oiseau.

L’ironie, ils adorent. Les plasticiens français Clédat et Petitpierre leur ont conçu des armures de chevaliers légèrement revues et d’autant plus fabuleuses. La gestuelle et l’expression de ce qui rappelle des masques orientaux leur confèrent des présences aussi guerrières que délicieusement ironiques. Voilà une danse qui épingle le machisme tel le crayon d’un caricaturiste.

Primitifs Frédéric DesmesureMichel Schweizer : « Primitifs »

Accueilli et présenté par le festival 100% de La Villette, ce cabaret théâtral, chorégraphique et chanté ne permet à aucun moment de démêler le vrai du faux. Oui, le laboratoire de recherche souterrain pour le stockage définitif des déchets radioactifs existe, à Bure (Meuse). Oui, on peut leur croire d’y être allés pour prendre les photos qu’ils nous montrent. Mais leur spectacle est aussi insaisissable que la radiation nucléaire. Présenté au 3e, 4e ou 5e degré, leur démonstration n’est ni dadaïste, ni franchement artiviste, ni un spectacle de théâtre ou de danse… Est-ce en vérité ce débat sur l’art qui s’amorce entre les architectes (mais que sont-ils en vérité ?) et les techniciens (sans doute aussi des acteurs?). A prendre (au sérieux) ou à (se) laisser (irradier).


Dorothée Munyaneza : « Samedi Détente »

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Munyaneza est danseuse et chanteuse rwandaise et vit entre l’Angleterre et la France. Son récit authentique du génocide rwandais de 1994 ne concerne que ce qui arriva à elle et sa famille, ou à ses amis, assassinés ou bien rescapés, la peur au ventre. Chanteuse du groupe Struggle et danseuse-chanteuse-performeuse, d’abord pour François Verret et Alain Buffard, et désormais dans sa propre production, Munyaneza déclare: « Je chante pour mes amis massacrés. »

Mais au lieu d’appuyer, elle s’envole, portée par l’énergie vitale qui l’emporte sur les énergies destructrices. Le titre de sa pièce reprend le titre d’une émission de radio rwandaise, diffusée les samedi soirs pour danser et chanter avec les amis. On en retrouve l’ambiance sur le plateau.

Kaori Ito : « Je danse parce que je me méfie des mots »

je me méfie by Gregory Batardon 3Hiroshi Ito et Kaori Ito sont père et fille, à la scène comme à la ville. Kaori Ito a décidé d’écrire à son père, par la plume et sur le plateau: « Aujourd’hui en dansant avec toi sur scène, on se dit au revoir, lentement et sûrement. »

En quelques minutes, Kaori revit l’apprentissage de la station debout, la marche, jusqu’au premiers pas de ballet. Mais ce père, avec ses cheveux blancs et son corps si léger et aérien, va montrer tout le swing qui l’habite, toute son énergie d’artiste. Un recentrage sur l’essentiel.

 

Yoann Bourgeois : « Celui qui tombe »

urlTrois femmes et trois hommes sur une énorme plateforme, suspendue et mobile. Face aux forces qui se déchaînent, ils tentent de tenir debout, Mais la chair est faible et l’entraide leur seule chance.

Ce carré de six mètres sur six aux pouvoirs diaboliques peut s’incliner, monter ou descendre, trembler ou tourner à grande vitesse pour atteindre la puissance d’une tempête, d’un naufrage ou d’un tremblement de terre. Pour résister, il faut accomplir une vraie performance physique et sociale.

 

Yuval Pick : « Are friends electric?”

Ftriends elecrtic by Sébastien ErômeDanser sur la musique de Kraftwerk? Oui, et en plus, dans un lien direct à Schubert. Idée perturbante et pertinente en même temps. La danse se glisse sous la peau apparemment froide des titres culte de Kraftwerk, réchauffée par le dialogue avec Schubert.

D’un siècle à l’autre, le romantisme change de couleur, mais pas de texture. Le rythme se durcit, les frémissements du bassin sont les mêmes. La jeunesse sera toujours la jeunesse.

L’amitié est toujours aussi importante qu’il y a deux siècles et cette pièce de danse s’en empare avec fougue. Le groupe de six interprètes prend la Sehnsucht, cette envie de bonheur dans une nostalgie universelle, à bras le corps.

Thomas Hahn

[ Photos: Yvan Clédat / Frédéric Desmesure/ Gregory Batardon / Géraldine Arestanu/ Sébastien Erôme]

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