Théâtre Antoine
Théâtre Antoine
Réservations : 01.42.08.77.71 de 11h à 19h
14, Bld de Strasbourg 75010 PARIS
Métro : Strasbourg Saint Denis (lignes 4, 8, 9), Château d’eau (ligne 4)
La vie Parisienne de Jacques Offenbach
Ce théâtre, qui ne peut fixer son nom, ni son genre, va devenir quelques années plus tard le point de départ d’une véritable “insurrection” artistique.Un jeune audacieux, employé de la compagnie du Gaz, qui s’essaie depuis quelques mois au rude métier de metteur en scène et ne possède pour seule richesse qu’une foi inébranlable dans le résultat de ses efforts non conformistes, s’installe le 20 octobre 1888 au Théâtre des Menus Plaisirs à qui il donne le nom de “Théâtre Libre”.Le nom de ce jeune audacieux : André Antoine.
Dès 1887, à 29 ans, Antoine a fait le constat que le public parisien se lasse devant des spectacles toujours pareils écrits par un petit groupe d’une quinzaine d’auteurs, toujours les mêmes, qui sont joués à tour de rôle dans les théâtres parisiens. Les grands théâtres privés d’alors n’étant mus que par des motivations financières et les théâtres subventionnés étant soumis à des influences souvent occultes et à des considérations étrangères à l’art, tout changement est impossible.
Antoine donne au Théâtre Libre pour vocation d’être un vrai théâtre littéraire public, un laboratoire d’essai ouvert à l’appréciation du grand public où les jeunes auteurs dramatiques et littéraires auront la possibilité d’être représentés.
De fait, le Théâtre Libre révolutionne le Théâtre en France : Antoine va révéler au public français les grands auteurs étrangers refusés par les théâtres publics : Ïbsen, Hauptman, Tolstoï, Strindberg, Verga, Tourgueniev. Il va permettre à des écrivains célèbres mais écartés des théâtres d’aborder la scène en montant des oeuvres inédites : les Goncourt, Zola, Mendès, Claudel, Villiers de L’IsleAdam. Durant ses trois premières années, le Théâtre Libre montera plus d’oeuvres inédites que la Comédie Française et l’Odéon réunis, ouvrant sa scène à cinquante-neuf auteurs dramatiques, dont quarante-deux de moins de 40 ans. Et ce sont 103 pièces formant 236 actes inédits qui y seront montées jusqu’en 1894, le Théâtre Libre ayant l’honneur de donner à la Comédie Française et au Théâtre de l’Odéon plusieurs oeuvres de son répertoire.
La révolution menée par le Théâtre Libre ne s’arrête pas aux auteurs. Antoine bouleverse les conventions théâtrales et la France lui doit la découverte de la nouvelle mise-en-scène à une époque où les comédiens ne répétaient pas, ignoraient tout des personnages qu’ils interprétaient et n’étaient pas dirigés.
La France découvre aussi le jeu naturaliste et le jeu d’ensemble, Antoine délaissant la façon grandiloquente de jouer que les acteurs avaient jusqu’alors. Antoine remplace aussi la vieille conception de décors sans air et sans profondeur faits de toiles où même les meubles sont peints par le décor naturaliste introduisant les objets réels sur la scène ; il va jusqu’à pendre sur scène des quartiers de viande. Antoine est aussi le premier à changer la manière dont on éclaire la scène, en éteignant la salle qui reste allumée dans les autres théâtres.
Après le parfum de scandale des premières heures suive le succès d’estime et le Théâtre Libre remporte d’importants succès. Etant rapidement l’objet d’une grande renommée à l’étranger, son exemple est suivi notamment en Angleterre et en Allemagne où Otto Brahm fonde à Berlin en 1889 la Freie Bühne.
En juin 1894, André Antoine est néanmoins à bout de ressources et, ne pouvant plus assurer le montant de la sous-location, il quitte la salle du boulevard de Strasbourg et part en tournée. Un des anciens comédiens d’Antoine, Larochelle, tente de poursuivre l’oeuvre de son maître mais par manque de moyens financiers, il doit s’arrêter et le théâtre ferme ses portes le 27 avril 1896.
Alors que le détenteur du bail se propose d’en faire un restaurant théâtre, Madame Cantin, la propriétaire des murs, préfère signer avec André Antoine qui, cette fois-ci, serait enfin chez lui.
Antoine qui vient d’être nommé à la direction du Théâtre de l’Odéon, démissionne au bout de dix-sept jours et accepte la proposition de Madame Cantin. André Antoine, ne pouvant reprendre le nom de Théâtre Libre qu’il a cédé à Larochelle, donne à son théâtre le nom de THEATRE ANTOINE.
A partir du 30 septembre 1897, des auteurs parfaitement inconnus se mêleront aux noms de ceux que le Théâtre Libre avait déjà célébrés. Les spectateurs parisiens acceptent le théâtre d’idées, de thèses philosophiques ou sociales joué dans des mises en scène de plus en plus réalistes. Les comédiens les plus célèbres, issus de la Comédie-Française ou des boulevards, viennent tous avec le même enthousiasme jouer chez Antoine ; mais ils viennent pour servir le Théâtre et non plus pour voir leurs noms célébrés en haut de l’affiche, le rôle de l’acteur au service du Théâtre et non l’inverse étant une autre idée maîtresse apportée par André Antoine.
Antoine continue son travail novateur, remportant de vifs succès : notons la création de “Poil de Carotte” de Jules Renard, l’adaptation de “La Terre” d’Emile Zola, celle de “Boule de Suif” de Maupassant, “Le Vieil Heildelberg” de Meyer Foerster. Après avoir fait du Théâtre Antoine le centre rayonnant et révolutionnaire de l’art dramatique international, André Antoine est nommé de nouveau directeur du Théâtre de l’Odéon le 30 septembre 1906 ; il accepte et laisse “son théâtre” à son disciple Firmin Gémier qui continuera brillamment le sillon tracé depuis le “Théâtre Libre” par André Antoine.
(lire entre autres ouvrages, “Le Théâtre Libre”, Antoine, à la Collection Ressources, (c) Slatkine Reprints, 1979 ; les divers ouvrages de Francis Pruner aux Lettres Modernes)
En 1943, Simone Berriau reprend la salle du boulevard de Strasbourg; à ses côtés son précieux administrateur Lucien Brulé.
Son premier spectacle sera un hommage “à la gloire d’André Antoine” et Sacha Guitry le présentera entouré de grandes vedettes, Ivonne de Bray, Paul Bernard, Michèle Alfa, Jeanne Fusier-Gîr, Hélène Perdrière, Noèl Roquevert, Suzy Prim, Marthe Mellot.
Après quelques années difficiles, il faut faire revenir boulevard de Strasbourg les auteurs, les artistes, le public. Simone Berriau fait la rencontre de Jean-Paul Sartre, dont les deux premières pièces Les Mouches et Huis clos viennent d’être jouées. Jean-Paul Sartre propose ses deux dernières oeuvres et ce sera la création en 1946 de Morts sans sépulture, avec ces grands acteurs que sont Michel Vitold et Alain Cuny, et de la Putain respectueuse où triomphera Héléna Bossis. A partir de ce moment, Simone Berriau créera toute l’oeuvre dramatique de Jean-Paul Sartre.
Directeur : Daniel Dares
Attaché de presse : Pierre Cordier assisté de Guillaume Andreu
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