Olivier de Benoist – Fournisseur d’excès – La Cigale
Si Olivier de Benoist aime tant fustiger le sexe faible qu’au fond il aime passionnément, n’est-ce pas avant tout pour jouir davantage de la réaction parfois primaire de ses spectateurs que de celle amusée et consentante de ses spectatrices ? Tel un garnement qui aurait eu pour père Guitry ou Desproges, durant une heure et demi, son personnage (car c’en est un et un vrai) va en effet cribler de piques parfois assassines la femme, les femmes, toutes les femmes. Mais au fond, le dindon de la farce reste bien sûr celui qui profère toutes ces atrocités.
Car s’il est contre les femmes, il l’est surtout tout contre, selon le célèbre aphorisme de celui qui en eut une demi-douzaine légitimes. Avec cette voix plutôt haut perchée, tonitruante et parfois un peu nigaude, il marque plus souvent des buts contre son camp, ce qui rend son show si drôle.
Il commence fort. « Bonsoir messieurs, bonsoir les autres » avant d’assurer ces dames qu’il est là pour prendre leur défense. Et de mettre entre les mains d’une spectatrice du premier rang un pistolet à eau généreusement garni avec ordre de tirer à chaque répartie teintée de misogynie. Inutile de dire qu’il finit en nage mouillant certes sa chemise mais se laissant aussi stoïquement rincer le portrait jusqu’à épuisement des munitions.
Epouse, belle-mère, directrice et quelques autres lui servent donc de punching-ball. S’enfonçant jusque dans les recoins les plus intimes des anatomies, l’humoriste qui ne recule devant rien dresse un camaïeu de situations souvent extrêmes et extrêmement drôles. De la prise d’otage puis l’enterrement de la belle-mère à l’entretien d’embauche, de la réunion de chantier avant chirurgie esthétique à la garde du moufflet pour le week-end, du filmage de ses ébats à l’accouchement en passant par l’expérience de l’échangisme, le programme est chargé. Un détour pas très utile par la politique et quelques facilités (commentaires de photos pour comparer hommes et femmes notamment) ne terniront pas la fulgurance du jeu ni les innombrables saillies de ce spectacle qui bénéficie d’une écriture beaucoup plus soignée que le précédent. Le jeu, toujours précis, fait le reste.
Le jeu et l’amusement à jouer. Car c’est un grand gamin jouant au sale gosse qui remplit en ce moment la Cigale. Avec des accessoires à la pelle comme autant de jouets (parfois pour adultes), à l’image du fameux pistolet à eau, ODB tire mais pour de faux. Juste, mais pour rire.
Franck Bortelle
Fournisseur d’excès
Textes d’Olivier de Benoist et Vincenet Leroy
Avec Olivier de Benoist
Jusqu’au 4 janvier 2013
Du mardi au samedi 20h
Le dimanche à 16h
Relâche les 23, 24, 25 décembre et 1er janvier
Réservations par tél. 01.49.25.89.99
La Cigale
120, boulevard de Rochechouart
75018 Paris
M° Pigalle ou Anvers
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