0 Shares 1118 Views

Festival Uzès Danse – 18 juin 2013

24 juin 2013
1118 Vues
Jared Gradinger Sabine Brinker

Un gentil chauffeur, et patient avec les questions à la con des journalistes (« Quel temps fera-t-il ce soir ? », « Où puis-je acheter de l’huile d’olive ? » et j’en passe), me dépose, enfin, après trois stops pour gens pressés (on se demande bien pourquoi d’ailleurs), à mon hôtel, soigneusement sélectionné pour sa piscine… Ahhh, ce n’est pas que pour faire pâlir les Parisiens restés in situ, c’est bête n’est-ce pas, sous l’orage, mais la baignade sous le soleil dans le bassin vide, avec luxe suprême un chat qui trempe la patte dedans (nous ne sommes que lui et moi dans l’eau), ça délasse….

Et là paf, je suis en retard. Ou Presque. Après une promenade de santé entre pins et palmiers, j’arrive à la salle de l’Ancien Evêché. Juste eu le temps de boire un sirop de cerise lavande dont je vous passe la description des délices pour ne pas vous énerver.

Sur le plateau surchauffé, gisent là deux corps. Ou un. On ne sait pas trop. Il s’agit de ceux d’Angela Schubot et Jared Gradinger. Emmêlés. Tête contre sol. Un fond sonore entêtant se joint à la chaleur et à l’obscurité de la salle pour faire monter la pression. Ce sont vraiment de petites morts. I hope you die soon. Ils s’enlacent, respirent avec peine et ne se défont pas. Ils repirent l’un par la bouche de l’autre. Son rauque et enivrant de leur respiration. Plus de son. Presque plus de lumière, sauf un halo subtil qui enroule les corps Presque immobiles, qui se gonflent et se dégonflent comme du papier chinois. Casse tête chinois aussi que de savoir quel bras appartient à lui ou à elle, et si ils vont finir par émerger de ce chaos extatique. Ils se lèvent, et traversent imperceptiblement le plateau, bouche à bouche, corps à corps, puis parallèles dans une agonie jubilatoire. Qaund on jouit, on meurt toujours un peu. Certains ont pu être oppressés, d’autres ennuyés. Moi, j’ai adoré ce moment hors du temps, ces enlacements pervers où jamais le regard de l’un ne sort du trouble et où sutout les deux amants ne se regardent pas. Attraction animale, fatale, pulsion de mort et instinct de survie valable seulement dans l’être à deux. Ensemble, c’est une hâte de mourir pour mieux être soudés. Une grâce opalescente qui ferait presque oublier que dehors il fait jour et beau. Un air de carnival médiéval, de ronde de nuit à la Aloysius Bertand, une pointe de Rembrandt. Bref, idéla pour plonger dans le spleen en plein jour. Et ça, c’est chic.

Lire la suite…

Bérengère Alfort

[Visuels : A. Schubot et J. Gradinger les petites morts © Sabine Brinker]

Articles liés

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
Agenda
90 vues

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins

18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Agenda
119 vues

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître

Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Agenda
143 vues

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !

Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...