Un drôle de père – Théâtre Montparnasse
Cette pièce du Canadien Bernard Slade, adaptée par le talentueux Gérald Sibleyras, met en exergue les rapport d’un père insouciant, fantasque et tourné vers la vie qu’il mord à pleines dents, avec son fils, austère, introverti, accaparé par de très sérieuses études et qui juge sévèrement, voire condamne, son père. Un événement malheureux va pousser le jeune homme à accepter de passer ses vacances chez son paternel. Ils disposeront alors de quelques jours pour s’apprivoiser mutuellement. Parviendront-ils à faire ces quelques pas l’un vers l’autre, afin de mieux s’aimer ?
Qui n’a pas eu, dans la relation à ses enfants ou ses parents, au moins un moment de flottement ? Moment où l’incompréhension les oppose ? Où les liens filiaux semblent sérieusement endommagés ? Personne ! Aussi, ce thème parle-t-il à chacun d’entre nous, même si la forme joue, c’est entendu, sur une extrémisation des caractères puisque nous sommes dans une comédie.
L’action débute avec une fête organisée pour l’anniversaire de François Garnier. Tous ses amis sont là. En première ligne, Achille, indéfectible, qui dira de lui « il a une chose rare et précieuse : la légèreté ». De fait, la scène suivante nous transporte, quelques jours auparavant, dans l’appartement de François. Visiblement, une fille a dormi chez lui. Il est aimable, attentionné, blague, sans parader, pour esquiver les questions sérieuses. C’est le genre de bonhomme un brin éreintant mais o combien attachant. La confrontation avec son fils vient ensuite. Christophe trouve son père ridicule et préfère parler de choses importantes avec son beau-père quand Garnier le pousse à voyager avant d’étudier. S’ensuit alors une joute verbale opposant la sagesse, prématurée, à la dérision, cinglante. Provoquer pour faire éclater la bulle d’incompréhension, telle est la tactique d’un père qui manie la dérision pour mieux cacher sa pudeur et ses peurs. Sera-t-elle gagnante ?…
Dans le rôle du père atteint du syndrome de Peter Pan, Michel Leeb aurait pu en faire des tonnes. Un homme apprécié par tous, qui a réussi dans la vie, a la verbe facile, trouve toujours une amabilité pour plaire, sans calcul, ou un bon mot pour faire rire, sans effort… Or, heureusement, le comédien est tout bonnement étonnant de justesse. Sous les dehors fantasques de son personnage, il sait en suggérer les failles et manie l’humour, souvent vache, aussi bien que la tendresse. Face à lui, Arthur Fenwick compose à merveille entre rejet et amour filial, entre ses propres blessures et sa propre carapace. A leurs côtés, Anne Jacquemin, Philippe Uchan, Manoëlle Gaillard, Murielle Huet de Aunay et Camille Solal sont parfaits dans des rôles de moindre importance textuelle certes, mais fort utiles pour l’intrigue.
Car, de l’intrigue, j’ai seulement raconté le nœud. Sachez qu’un secret, grave, vient la pimenter, provoquant des rebondissements. Remarquablement écrite, la pièce évolue donc entre humour et drame latent, entre non-dits et répliques enlevées et percutantes.
Caroline Fabre
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Un drôle de père
De Bernard Slade
Mise en scène de Jean-Luc Moreau, assisté d’Anne Poirier-Busson
Avec Michel Leeb, Anne Jacquemin, Philippe Uchan, Manoëlle Gaillard, Arthur Fenwick, Murielle Huet des Aunay et Camille Solal
Adaptation: Gérald Sibleyras // Décor : Charlie Mangel // Lumières : Jacques Rouveyrollis // Costumes : Brigitte Faur-Perdigou
Du mardi au samedi à 20h30
Le samedi à 17h30
Le dimanche à 15h30
Tarifs : 52€ (carré or) // 48€ // 36€ et 18€
Réservation en ligne
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaité
75014 Paris
M° Gaîté, Edgar Quinet ou Montparnasse
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