Portrait : Jacques Merle et la poésie de la nostalgie
Jacques Merle est un artiste plasticien pluridisciplinaire qui vit et travaille à Paris. Sa pratique artistique tourne autour du portrait masculin, dans un style spontané, naïf, et délicat.
Lors de son BTS en art appliqué à Duperré, l’artiste découvre la broderie et le dessin. Il se tourne ensuite vers la peinture lors d’une année aux Beaux-Arts de Bruxelles. Ne trouvant pas sa place dans les études, il crée son propre concept, “des.jacqueries” : un univers personnel dans lequel il invite amis et proches pour de nombreuses collaborations. Il ne cesse depuis d’élargir sa pratique.
« Depuis petit, j’ai toujours dessiné dans mon coin. Puis avec les études et les broderies, je me suis dit que j’étais capable de créer des choses et de m’exprimer ». – Jacques Merle
Le petit punk triste amoureux d’un cow-boy
Jacques Merle a la tête qui bourdonne de projets. Se réinventant sans arrêt, multipliant les collaborations et les médiums; la frénésie de sa production se retrouve également dans ses coups de crayons vifs, qui contrastent avec la douceur et sensibilité de ses figures masculines.
A travers des archétypes tels que le prince, le poète, l’amoureux, le punk, ou encore le cow-boy, l’artiste réinvente une façon de dessiner l’homme. Il questionne la place laissée aux hommes pour exprimer leurs émotions, notamment lors de la sortie de l’enfance, et au passage à l’âge adulte.
Chez Jacques Merle, l’homme exprime tout un panel d’émotions, de la joie à l’émerveillement, à la tristesse ou l’ennui… Malgré leurs apparences juvéniles, presque adolescentes, les figures semblent comme toutes perdues dans un songe nostalgique.
Il était une fois un jardin…
Puisant ses références dans les mythes, les contes, et particulièrement ceux de l’enfance, Jacques place ses hommes au cœur de paysages naturels oniriques. Ses jardins fleuris sont des espaces d’imagination et rêve, dans lequel l’artiste nous invite à nous échapper.
La poésie du quotidien
Depuis qu’il travaille en atelier, l’artiste a plus de temps et de ressources pour prendre du recul, et mettre des mots sur son travail.
Dans les notes de son téléphone, on peut lire des petits poèmes qu’il écrit au fil de la journée: “J’ai dessiné ton visage sur le drap pour plus jamais te voir”, “J’ai déjà mangé une fourmi. Acide nostalgie”. Le travail des titres donne à ces œuvres une nouvelle dimension.
« J’essaye de véhiculer mes propres émotions, de les comprendre aussi. D’exprimer ma propre poésie sans chichi. » – Jacques Merle
Des médiums et des projets très variés
Le style de Jacques Merle lui permet de jouer de médiums et supports très variés: peinture, crayons, feutres, broderie, poésie…
De ses carnets de croquis aux plafonds de la nouvelle boutique de Debeaulieu, tout devient pour lui un terrain de création.
Après un premier solo show à Paris, Jacques Merle multiplie les expositions collectives et les projets. Il a exposé à plusieurs reprises à la Villa Noailles, pour laquelle il a réalisé des fresques et des peintures sur rideaux; et a pris part à des projets avec de grandes marques, tels que Hermès et Chanel.
Tourné vers les collaborations, il a réalisé des projets de tatouages flashs avec Benoit Guillem, de céramiques et de vaisselles avec Agathe Bertin, de photographie avec Eloise Labarbe-Lafon, ainsi que la couverture du livre de poèmes de Simon Johannin.
Pour le futur
L’artiste aimerait continuer son travail de fresques et de grands formats, et continuer à expérimenter et découvrir de nouvelles façons d’élargir sa pratique. Il voudrait s’essayer à l’animation, en réalisant un court métrage avec ses dessins. Il souhaiterait également travailler avec des artisans pour faire du mobilier d’intérieur, et avec des designers pour créer des vétements.
“J’aimerais bien faire pleins de résidences d’artistes ! Travailler avec des designers, des poètes, des artistes dans la musique. C’est cool de partager je trouve, j’en ressens le besoin en ce moment”. – Jacques Merle
Un de ses rêves, qu’il qualifie “d’un peu fou”, serait de faire collection de vêtements et d’organiser un défilé. “Sans vraiment créer une marque mais juste m’exprimer de façon généreuse via le vêtement”. Et puis pourquoi pas écrire un conte, et l’illustrer, comme une anthologie de sa poésie.
“Mon rêve le plus fou serait d’avoir une maison avec un petit coin de jardin où je puisse peindre, dessiner et recevoir mes copains. “- Jacques Merle
Retrouvez le travail de Jacques Merle sur son compte Instagram: @des.jacqueries
Louise des Places
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