Corneille
Pierre Corneille, aîné d’une famille bourgeoise de six enfants, naît à Rouen en 1606. Scolarisé au collège des Jésuites, il se révèle un brillant élève et se passionne pour les thèmes antiques et l’art de la rhétorique. Après des études de droit, il rejoint le barreau. Mais le métier d’avocat n’épanouit pas ce grand timide qui préfère se vouer à la littérature.
Pierre Corneille signe des premières comédies, Mélite, La Place royale, ainsi que des tragi-comédies Clitandre (1631) ou Médée (1635). L’auteur se démarque par des mises en scènes profondes, à la fois réalistes et sentimentales. L’Illusion comique, s’avère particulièrement novateur, mêlant divers genres dramatiques à des procédés de faux-semblants. Alors que la renommée de Corneille grandit, Richelieu repère le jeune artiste et lui accorde une pension.
La tragi-comédie Le Cid triomphe bientôt en 1637. Un succès qui s’accompagne d’un cortège de critiques émanant de détracteurs en tous genres. Rivaux, théoriciens, ils s’insurgent contre une pièce qui ne respecte pas à la lettre les règles du théâtre classique. Par chance, l’Académie française le soutient et admet bientôt les discordances de la pièce. Corneille épouse en 1640 Marie de Lempérière. De ce mariage naitront six enfants.
Le dramaturge prend goût à la tragédie historique, inspirée de la Rome antique, dont il publie de nombreuses pièces dès 1640. Aussi, il signe des chefs-d’œuvre, à commencer par Horace (1640), Cinna (1641), Polyeucte (1642), Rodogune (1644), Héraclius (1647) ou Nicomède (1651). En 1648, il entre à l’Académie française. Le poète met en scène de hautes figures, des modèles d’âmes fortes, empreints de grandeur et de générosité. Ses héros affrontent des dilemmes tragiques, confrontés à des choix moraux fondamentaux, dans des intrigues sublimées par le rythme implacable et rigoureux d’un alexandrin puissant.
De premiers déboires affectent la carrière de Corneille dans les années 1950. Nicomède (1651) est fustigé par la critique, accusé de soutenir Louis II de Condé. La représentation de Pertharite (1952) se solde par un échec. Le contexte social de La Fronde engendre en effet un rejet de la tragédie historique et politique. Dès lors, Corneille se détourne du théâtre. Il s’attèle à la traduction de l’Imitation de Jésus-Christ. Il faut attendre 1959 pour voir l’auteur, encouragé par Nicolas Fouquet, renouer avec le théâtre. Œdipe amorce une suite de succès. Cependant, une nouvelle génération de dramaturges fait de l’ombre à Corneille dont le style est passé de mode. Jean Racine, Quinault ou son frère Thomas Corneille remplissent les salles. En 1674, après le succès mitigé de Suréna, Corneille rend son tablier, abandonne l’écriture. L’écrivain s’éteint, en 1684, à Paris.
Corneille traverse les siècles sans peine. Il figure aujourd’hui parmi les auteurs les plus joués de la Comédie française, après Molière et Jean Racine. On lui doit en outre l’adjectif « cornélien », utilisé pour qualifier un dilemme, un choix particulièrement délicat.
Jeanne Rolland
Bibliographie
Théâtre
- 1629 : Mélite
- 1631 : Clitandre ou l’Innocence persécutée
- 1632 : La Veuve
- 1633 : La Galerie du Palais
- 1634 : La Suivante
- 1634 : La Place royale
- 1635 : Médée
- 1636 : L’Illusion comique
- 1637 : Le Cid
- 1640 : Horace
- 1641 : Cinna ou la Clémence d’Auguste
- 1642 : Polyeucte
- 1643 : Le Menteur
- 1644 : La Mort de Pompée
- 1644 : Rodogune
- 1645 : La Suite du Menteur
- 1646 : Théodore
- 1647 : Héraclius
- 1649 : Don Sanche d’Aragon
- 1650 : Andromède
- 1651 : Nicomède
- 1652 : Pertharite
- 1659 : Œdipe
- 1660 : La Toison d’or
- 1662 : Sertorius
- 1663 : Sophonisbe
- 1664 : Othon
- 1666 : Igésilas
- 1667 : Attila
- 1670 : Tite et Bérénice
- 1671 : Psyché
- 1672 : Pulchérie
- 1674 : Suréna
Traductions
- L’Imitation de Jésus-Christ
- Louanges de la Sainte Vierge (1665)
- Psaumes du Bréviaire romain
- L’Office de la Sainte Vierge
- Vêpres des dimanches et complies
- Hymnes du Bréviaire romain
Autres
- Au lecteur (1644)
- Au lecteur (1648)
- Au lecteur (1663)
- Discours du poème dramatique (1660)
- Discours de la tragédie
- Discours des trois unités
- Lettre apologétique
- Discours à l’Académie
- Épitaphe de Dom Jean Goulu
Citations
- « Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années. » (Le Cid)
- « A qui sait bien aimer, il n’est rien d’impossible. » (Médée)
- « Un véritable roi n’est ni mari ni père. » (Nicomède)
- « O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant tant vécu que pour cette infamie ? » (Le Cid)
- « L’amour est un grand maître, il instruit tout d’un coup. » (Le Menteur)
- « Qui se laisse outrager mérite qu’on l’outrage. »
- « Il n’est plus temps d’aimer alors qu’il faut mourir. »
- « Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces. »
[Visuel : Anonyme, Pierre Corneille. Peinture du XVIIème siècle. Current location : Palace of Versailles. This is a faithful photographic reproduction of an original two-dimensional work of art. The work of art itself is in the public domain for the following reason:This work is in the public domain in the United States, and those countries with a copyright term of life of the author plus 100 years or less.]
Articles liés

“Maintenant je n’écris plus qu’en français” un seul-en-scène à découvrir au Théâtre de Belleville
Viktor, jeune ukrainien de 20 ans, se trouve à Moscou le 24 février 2022 lors de l’invasion russe en Ukraine. Il y vit depuis 3 ans, réalisant son rêve d’enfance : intégrer la plus prestigieuse école de théâtre russe,...

“Furie” une réflexion autour du rejet collectif par Thomas Chopin
Furie est une chorégraphie de genre fantastique qui parle de l’école, du bahut, de ce lieu où nous passons presque vingt ans de notre vie. Inspiré des teen movies, Thomas Chopin se questionne sur la manière dont les enfants apprennent à...

La Galerie By Lara Sedbon présente “Soft Memories” de l’artiste nigérian Ojisua Midegbeyan
À travers l’exposition “Soft Memories”, l’œuvre de l’artiste nigérian Midegbeyan Ojisua se déploie dans l’espace de la galerie comme une archéologie de la mémoire et des formes, où chaque matière semble contenir en elle les strates d’un récit enfoui....