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Ysos : “On a eu la confirmation que j’aurai un titre sur M.I.L.S 3”

Loïck Piovesan 13 mai 2020
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Rencontre aujourd’hui avec Antoine, plus connu sous le nom d’Ysos. Ce jeune producteur est à la tête de deux chaînes YouTube et a déjà placé pour des artistes tels que Ninho, Hatik ou encore Scylla.

Antoine, tu es connu en tant que producteur et youtubeur sous l’alias Ysos. Pourquoi ce pseudo ?

C’est un blaze qui date de quelques années, que j’ai depuis que j’ai commencé la prod. D’abord, j’ai cherché un pseudo en rapport avec Antoine mais il n’y avait rien de vraiment concluant. À l’époque, j’étais pas mal dans les trucs de divinités grecques, je trouvais ça intéressant, ainsi que donner du sens à un nom d’artiste. J’ai pris Dionysos, souvent associé au vin, mais qui est surtout dieu de l’ivresse créative, j’aime beaucoup cette image. Problème, c’était déjà pris. Du coup, j’ai coupé en deux et ça a donné Ysos. C’est aussi un dieu qui se déguise et j’aimais bien cet aspect, qui correspond à une polyvalence que je cherche dans mon travail.

Tu es aujourd’hui producteur. Comment en es-tu venu à la musique ?

J’ai commencé le son en sixième je crois. J’avais reçu une carte cadeau Fnac et j’ai acheté mon premier logiciel de son. Je l’ai acheté purement par hasard, c’était un petit logiciel, Magix Music Maker, et c’est comme ça que j’ai commencé. J’étais pas encore rap, j’étais plus électro, DJ, ce genre de choses. C’est vraiment au lycée que je suis passé sur FL Studio, que j’ai découvert le rap et que je me suis dit que ce serait intéressant d’en produire parce que c’était un genre qui me parlait. C’est pendant mes études supérieures, où j’étudiais la communication, que j’ai continué, de manière un peu plus intensive, à me former pour essayer de devenir un crack. Au même moment, je me suis pas mal développé sur Youtube.

Tu as d’abord ouvert une première chaîne où tu postais des type beats. As-tu réussi à vivre de tes ventes de type beats ?

J’ai toujours globalement, dès que j’ai produit quelque chose, le réflexe de le mettre sur Internet, de le partager à une communauté pour avoir des retours. Je me suis rendu compte qu’il y avait, aux Etats-Unis, un vrai marché des type beats. Je m’y suis intéressé, et j’ai ouvert en parallèle de Youtube, un compte de licences pour vendre des licences d’utilisation de type beats. C’est un modèle économique en soit, si tu te débrouilles bien, si tu développes ta communauté, si tu postes régulièrement, tu vas être découvert par de plus en plus de rappeurs. Je pouvais déjà vivre de ma chaîne d’instrus, avant mes placements.

Ton premier gros placement, c’est Scylla. Tu as d’ailleurs placé sur plusieurs pistes de BX Vice. Comment avez-vous connecté ?

Ça fait un moment qu’on est en contact. Je l’ai contacté pour la première fois en 2017. J’écoutais beaucoup ce qu’il faisait, je trouvais ça très chaud et je pensais avoir des prods qui collaient à son délire. Je l’ai contacté sur les réseaux, je suis tombé sur son manager qui lui a fait écouter des prods. Il préparait BX Vice, il m’a donné des directions et on a eu un vrai travail de collaboration, d’autant que j’avais pas encore fait de placements. Quand il est passé à Lyon, où j’habite, on a pu se capter à la fin de son concert.

Depuis, tu as été signé chez Wati B. Comment as-tu été repéré ?

C’est très lié à mon activité YouTube. J’ai une communauté qui a grandi, de plus en plus de gens se sont intéressés à mon travail. Mon manager actuel était tombé sur l’une de mes prods grâce à un de ses artistes, Tismo. Il m’a contacté et s’est renseigné sur mes envies. Je n’y avais jamais vraiment songé mais on s’est bien entendu. Il m’a fait me rapprocher de Sony Music et du Wati B, qui m’ont proposé de signer. Et j’ai signé en février 2019.

Tu as ensuite placé sur le son Zipette, sur M.I.L.S 3 de Ninho. Comment ça a connecté ?

On avait un contact chez Mal Luné (label de Ninho), ça faisait un bout de temps qu’on envoyait des prods. Même avant Destin, on envoyait des palettes, on avait des blocages mais on était dans le flou, on ne savait pas quand ça allait sortir. Destin est sorti, on a eu un échange avec Mal Luné sur la direction qu’allait prendre la suite. J’ai bossé des palettes de bangers qu’on a envoyées. Il y a eu plusieurs blocages mais c’est fin 2019 qu’on a eu la confirmation que j’aurai un titre sur M.I.L.S 3. Le projet est sorti, à la hâte à cause du leak, mais ce qui est cool c’est que la piste a vraiment bien fonctionné, ça a été clippé et c’est le troisième titre du projet à être certifié.

Idéalement, quel serait ton prochain placement ?

Je ne raisonne pas vraiment en terme de placement idéal. Évidemment, je me dis que j’aimerais bien placer pour tel ou tel artiste mais je me dis pas : “Tiens, je vais bosser pour Booba, je vais me concentrer uniquement sur ça”. Je crée, l’important c’est de faire des instrumentales qui me satisfassent. Créer mon type de prod, affiner ma patte et c’est à partir de là, en réécoutant mes instrumentales, que je me dis que ça pourrait aller potentiellement à tel ou tel artiste.

Les producteurs sont de plus en plus identifiés. Que penses-tu de la nouvelle exposition des producteurs dans le rap français ?

Je trouve ça génial ! Que toute cette partie du processus de création, les beatmakers, soient mis en avant, je trouve ça cool. Ce qui est bien avec cette nouvelle exposition, c’est qu’elle vient d’Internet. Aujourd’hui, tu peux être un beatmaker complètement hors industrie et être très connu, sans avoir fait de placement. Ça crée une économie pour les beatmakers, hors circuit, je trouve ça intéressant. De manière générale, c’est une bonne chose. Sans en faire des beatmakers superstars comme aux US, c’est important de mettre en avant cette figure-là. Cependant, il reste encore de gros singles où le beatmaker n’est pas mentionné ou alors en tout petit, des tags oubliés… Mais globalement, ça va dans le bon sens. On voit aussi une évolution par les mixtapes de producteurs, comme celle de Freakey ou celle de Twinsmatic.

En ce moment, on connaît une période très riche en artistes et en volume de productions. Selon toi, comment un artiste peut-il encore se démarquer ?

Si tu veux que ça marche, je pense qu’il faut que t’apportes quelque chose de nouveau, que tu te réappropries des codes. Je crois que ce qui va faire la différence aujourd’hui, c’est aussi comment tu vas mettre en place ta communication, notamment sur Internet. Un artiste proche de sa communauté, qui propose régulièrement du contenu, va se démarquer. Le rap se segmente beaucoup aujourd’hui : rap club, drill.. Le positionnement de l’artiste peut jouer également.

Pour finir, la recommandation : qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

En ce moment je suis à fond sur Don Toliver, je suis en train de sécher son dernier projet, Heaven Or Hell. Je trouve les prods magnifiques et très musicales, et surtout, cet artiste a une voix de ouf. Franchement, c’est vraiment le projet que j’ai fait tourner en boucle pendant ce confinement. J’écoute aussi beaucoup celui du producteur Twinsmatic, Atlas. Je trouve que c’est un projet super complet, avec des invités vraiment forts, et surtout très bien construit. Les pistes s’enchaînent extrêmement bien et chaque morceau vient développer un nouvel univers, c’est un vrai kif à écouter.

Pour découvrir la chaîne d’Ysos, rendez-vous ici.

Propos recueillis par Loïck Piovesan

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BBL : «Niska-Koba, franchement c’est un beau placement», de Loïck Piovesan

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