Yabon : « Créer, c’est comme le sport. Un défi à chaque fois. »
Nass2meetyou et Thibal de Médicis forment le groupe Yabon. Ils feront la première partie de Caballero et Jean Jass le 19 janvier 2018, à la Chapelle Argence de Troyes. Rencontre avec ces deux jeunes rappeurs qui nous ont livré leurs ressentis, à partir de leurs expériences dans un monde où il est compliqué de se faire un nom.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Nass : Nasstomeetyou, Troyes, actuellement rappeur, danseur, zoukeur.
Thibal : Thibal, 22 ans, Troyes, Yabon également rappeur et responsable légal de Nasstomeetyou.
Comment est né Yabon ?
Nass : Hors du contexte rap, il y a pas mal de gens, comme les danseurs, qui utilisent ce mot, sur Paris ou Bordeaux. Donc on s’est dit que c’était malin de prendre ce nom.
Thibal : On a appelé le groupe Yabon parce que c’est un gimmick (ndlr : tournure de langage) qu’on utilise tout le temps ici. Ce nom montre bien qu’on ne se prend pas la tête, qu’on fait les choses simplement.
Moi, je rappe depuis pas mal de temps. Nassim rappait de temps en temps en soirée. Tout le monde lui demandait quand il allait se lancer dans le rap. Un jour, il m’a dit qu’il avait une idée pour faire un son : utiliser l’instrumentale de « Skepta – That’s not me » et l’appeler « On est khali ». Il m’a alors demandé comment ça se passait pour écrire des mesures, structurer un texte. Je lui ai plus ou moins montré. Après, il s’est débrouillé tout seul. Il a gratté son truc, on a trouvé un refrain et on a enregistré le son. On a archi kiffé le résultat, les gens autour de nous aussi. De fil en aiguille on a continué, on a écrit des textes, on les a posés et enregistrés. L’alchimie s’est faite aussitôt.
Comment confectionnez-vous les sons ?
Thibal : On a toujours enregistré nos sons chez MaazinSound. On y fait nos mixs, nos masters. C’est là qu’on crée. Concernant les instrumentales, tous les sons qu’on a balancés jusque là étaient des Face B, c’est-à-dire des instrumentales déjà utilisées. Mais on commence à travailler avec des beatmakers troyens, parisiens et d’ailleurs. Pour les clips, on travaille avec l’atelier de conception graphique Slogo.
Comment l’inspiration vous vient-elle ?
Thibal : Elle vient de tout et n’importe quoi. L’inspiration, c’est la vie, la tristesse, les émotions, la réalité.
Nass : La vie quotidienne, les plats, les soirées…
Vous mettez combien de temps pour faire un morceau ?
Nass : Ça dépend. Certains sons ont été écrits en une heure. D’autres peuvent prendre plus de temps, surtout si on veut faire passer un message précis.
Thibal : En fait, tout dépend de l’instrumental, comment elle t’inspire. Tu écoutes, parfois tu vas galérer, mais tu peux aussi te surpasser. C’est comme le sport. Un défi à chaque fois. En général, on est toujours inspiré. J’ai déjà entendu des mecs dire qu’ils mettaient une semaine à faire un son. Nous jamais. Par exemple, « Dope dealer », on l’a fait en 20 minutes, je crois !
Nass : On se connaît depuis longtemps. Après la danse, le rap. Ça crée des liens et de la complicité.
Avez-vous déjà donné des concerts ?
Nass : On a fait un concert pour la soirée Campus 3. Le BDE de l’UTT de Troyes nous as invités parce que l’organisateur a aimé notre premier son « Y sont sauvages ». Et le concert s’est très bien passé. On ne s’attendait pas à autant d’engouement.
Thibal : On a été archi bien reçus. Ça faisait vraiment bizarre, car on avait des loges, on était en backstage, entouré d’artistes. Toutes les écoles de Troyes étaient représentées.
Nass : Ce concert a été un déclic. Là, on a plein de bails, avec de nombreux projets de concerts, qui restent quand même à confirmer.
Thibal : Déjà, on peut annoncer qu’on va faire la première partie de Caballero et Jean Jass à la Chapelle Argence, à Troyes, le 19 janvier. Ce concert aura une certaine exposition médiatique et il y aura beaucoup de monde. C’est donc bon pour nous.
Nass : C’est un tremplin. On va aussi bientôt passer chez Chill’en Ville, le relais culturel de Troyes qui nous a invités. On les remercie d’ailleurs.
Vous faites quoi à côté du rap ?
Thibal : Tu fais quoi Nass ?
Nass : Pour le moment je suis en reconversion professionnelle (rires). Là, je réfléchis.
Thibal : Moi je suis en BTS communication, en 2ème année.
Se lancer dans le rap, c’est comment ? Galère ou bonheur ?
Nass : Les deux.
Thibal : Galère.
Nass : La phase galère est incontournable. Tout se fait vite, finalement, même si c’est relativement lent à aller vite ! Sinon, c’est le kiff à chaque fois qu’on sort un son.
Thibal : Il faut dire qu’on aime le travail bien fait, quand c’est carré.
Nass : On essaie d’être professionnels. Cela fait six ans qu’on développe ce projet de rap et aujourd’hui, on voit enfin le résultat de nos efforts.
Quels sont vos projets ?
Thibal : Mixtape.
Nass : Tout est bon dans le pochon. On envoie la sauce bientôt.
Thibal : Un album entièrement produit, que des sons sur mesures, plus de Face B.
Où serez-vous dans cinq ans ?
Nass : En Turquie, en train de manger des bons plats. J’aurai plus le même prénom. Non, franchement, je n’aime pas trop me projeter, je ne sais pas pourquoi.
Thibal : Moi, je ne sais pas me projeter. C’est sûr, je me vois toujours faire de la musique. Mais surtout, quelque chose que j’aime.
Si vous pouviez faire une collaboration avec n’importe quel artiste mort ou vivant, ce serait qui ?
Nass : Asap Ferg.
Thibal : Tupac.
Propos recueillis par Orlane Bénard
[Crédits Photo 1 : © Yabon / Photo 2 : © Yabon / Photo 3 : © Yabon /Photo 4 : © Yabon / Photo 5 : © Chill’ en Ville ]
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