Working Men’s Club : joyau brut et électrique de la jeune scène britannique
Porté par le magnétique Sydney Minsky-Sargeant, fondateur et chanteur du groupe, Working Men’s Club a su s’imposer en seulement deux albums comme un incontournable de la scène musicale actuelle. Un mélange de beats furieux, de synthés électrisants, de guitares déchainées et de boucles hypnotiques, véritable condensé de post-punk et de rave, qu’il faut absolument découvrir en live.
Fondé en 2018 dans la petite ville de Todmorden, à une quarantaine de kilomètres de Manchester dans l’ouest du Yorkshire, le groupe est porté par son chanteur et leader Syd, âgé de tout juste 20 ans. Tête brûlée typique du nord de l’Angleterre, il commence la musique à 5 ans lorsque ses parents lui mettent un ukulélé entre les mains. Il compose alors ses premières chansons, mais ne se met véritablement à la musique que vers ses 12 ans. “J’ai vite senti que la scolarité et la vie normale n’étaient pas faites pour moi. J’ai alors brûlé les ponts, pour m’interdire de faire marche arrière. Je craignais une vie d’ennui, de routine.”, confie-t-il lors d’une interview pour le magazine Tsugi en octobre 2020. “À treize ans, je voulais tout savoir. Je lisais et écoutais tout ce qui était disponible sur la scène new-yorkaise du CBGB, sur l’afrobeat, sur le funk nigérian des années 70, sur Joy Division, sur Lou Reed, sur la musique cubaine, sur l’électro originelle de Sheffield, sur la techno de Detroit… Comme je trouvais peu de groupes contemporains qui me bouleversaient, je me suis passionné pour le passé. Pour l’acid house par exemple”. À 16 ans il part étudier la musique à Manchester, où il écrit son premier single, Bad Blood, en 2019. Dans la foulée, il est signé dans une maison de disques puis tout va ensuite aller très vite.
En octobre 2020, au sortir de l’été, le groupe marque les esprits avec son premier album éponyme. Pur produit du territoire britannique, Working Men’s Club s’est très vite construit un style unique et électrisant, aux rythmes haletants emprunts de la scène rave, aux beats profonds et aux synthés enragés, que l’on confondrait aisément avec la batterie. Pris alors sous les ailes du célèbre groupe londonien Fat White Family, le groupe sort son deuxième album Fear Fear en juillet 2022, produit par Ross Orton (Arctic Monkeys, M.I.A., The Fall).
Ce deuxième album, aux sonorités plus électroniques et aux gimmicks synthétiques comme sur Widow et Ploys, vient confirmer l’avenir certain de ce jeune groupe magnétique. Les boucles ensorcelantes et hypnotiques et les influences acid house de Rapture et Heart Attack ne nous donnent qu’une envie, se défouler sans limite sur le dancefloor. Et voilà bien la volonté de Sydney, car même si certains seraient tentés de croire que le jeune chanteur souhaite se porter comme représentant d’une jeunesse frustrée du nord de l’Angleterre, son ambition est avant tout de créer une musique qui fait bouger : “Je n’essaie pas d’être un messager. Je cherche à être le plus clair possible avec les mots, de parler le plus crûment du monde qui m’entoure, même si certains y décèlent des messages subliminaux”. Véritable boule d’énergie électrique et puissante, Working Men’s Club vient se poser comme véritable prodige de la scène musicale actuelle. Nous ne demandons maintenant qu’une chose, le prochain album !
Margot Delavoipière
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