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Woodkid

17 avril 2013
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Woodkid

A l’image de Lana Del Ray (pour qui il a d’ailleurs travaillé), Woodkid fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui manie à la perfection l’artistique et leur image de marque. Mais rares sont ceux dont on reconnaît le talent sur un album entier. Woodkid n’a pas trop de soucis à se faire tant « The Golden Age » remportera certainement haut la main la première place de tous les classements annuels réunissant les meilleurs albums de l’année. 

Car Woodkid n’est pas qu’un simple nom d’artiste. Mais plutôt un concept, un personnage, une entité musicale sorti de l’imagination d’un lyonnais de 30 ans, Yoann Lemoine. Barbe foisonnante et casquette sur la tête, le jeune homme a étudié l’illustration et l’animation avant de décrocher un boulot dans les jeux vidéo et dans la publicité. D’où son sens de l’esthétisme aiguisé. 

Mais c’est par le clip que Yoann Lemoine se fera remarquer. La chanteuse française Yelle fera appel à lui pour réaliser le clip de son single Ce jeu.

CLIP : YELLE // CE JEU

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=GxFa9HLdhIY[/embedyt]

Aujourd’hui il compte plus de 60 clips à son actif. Et il est plutôt étonnant de lire certains noms des artistes pour lesquels Yoann Lemoine a travaillé : Katy Perry, Taylor Swift, Rihanna, Drake… Des artistes étiquetés « mainstream ». Tout le contraire de l’opus musical qu’il a créé avec The Golden Age. Mais nous y reviendrons dans quelques lignes. 

Etonnant d’apprendre qu’il aurait refusé de réaliser les clips de Madonna ou des Rolling Stones.

Mais c’est avec les clips de Blue Jeans et Born to die pour Lana Del Rey, qu’on commence à découvrir le véritable univers esthétique du jeune artiste. La chanteuse américaine dit d’ailleurs de lui que c’est son « âme sœur ». Rien que ça. 

CLIP : LANA DEL REY // BORN TO DIE

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Bag1gUxuU0g[/embedyt]

CLIP : LANA DEL REY // BLUE JEANS

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=JRWox-i6aAk[/embedyt]

Fort de cette notoriété, Yoann Lemoine crée Woodkid en 2011. Créer est certainement le bon terme car Woodkid est un véritable concept. Marketing ? Artistique ? Dans le cas présent, la limite est fine.

En 2011, donc, Woodkid se présente à travers un single, Iron, et surtout un clip, léché, en noir et blanc, un visuel parfait, grandiose qui accompagne une musique « nouvelle » épique, bande originale parfaite d’un film qui n’existe que dans la tête de l’intéressé. 

Et Iron d’introduire tout un tas de symboles, de signes, qui intriguent, qui donnent envie de fouiller dans l’univers de Woodkid pour savoir qui est ce petit garçon que l’on croit mort dans ce premier clip, qui se lance à la conquête d’une mystérieuse citadelle accompagné de monstres de terre dans Run Boy Run et que l’on retrouve inanimé au début de la vidéo de I love you ? Que représentent ces 2 clefs omniprésentes ? Qui est ce prêtre qui se désintègre à la fin de I love you ? Autant de questions qui intriguent, qui, comme un épisode de séries TV, donnent envie d’en savoir plus à l’épisode suivant…

Et quand un journaliste demande à Yoann Lemoine, ce qu’est le projet Woodkid, voici la réponse de l’artiste : 

« J’aime expliquer ça. Je travaille en fait sur une forme de conversion, de “traduction” plus exactement. J’ai trois facultés à mon sens : savoir faire du son, de l’image, et traduire mes émotions à travers ça. Mon travail consiste à véhiculer tout ça dans ce “triangle”, en image, en musique. Sur Iron, quand j’ai composé le morceau, j’étais très en colère, hargneux, et ça a donné ce gimmick de cuivre très masculin, une sorte d’appel. Ensuite, j’ai essayé de traduire ça en images, et ça a donné ce truc de fumée noire toxique, de météore, qui pour moi exprime la puissance des cuivres. Dans mon live, par exemple, tout ce qui est joué à l’orgue, je le convertis visuellement en marbre, c’est une émotion froide et mystique pour moi. Pour le titre Conquest of Spaces, j’avais envie de créer une émotion très clinique, froide et futuriste, inspirée par 2001… de Kubrick – une grande influence pour moi. Alors j’ai créé une espèce d’arpeggiator rétrofuturiste, basée sur des samples du mellotron des Beatles que j’ai mis dans une sorte de flûte, et j’ai converti tout ça en images fractales qui, pour moi, définissent la chanson. C’est ce genre de “traductions” qui font Woodkid. Le fondement de l’art, c’est de trouver un véhicule pour exprimer quelque chose, que ce soit en peinture, en danse en cuisine ou en cinéma. L’important, c’est d’avoir quelque chose à dire – en musique ou en images, c’est pareil. Et, bien entendu, l’outil numérique est un outil fou, qui va à une vitesse incroyable… »

Mais rien sur l’explication des symboles. Sûrement que certains trouveront des réponses dans le magnifique livre illustré par la cousine de Yoann Lemoine, Katarzyna Jerzak, vendu avec le disque lors de sa sortie. Quand on vous dit que Woodkid est un véritable concept artistique ET marketing. 

Mais on ne reprochera pas à Yoann Lemoine ce mélange des genres. A l’heure où l’industrie du disque vit des heures moroses, il est intéressant de se retrouver face à un véritable projet musical et artistique qui peut réunir à la fois amateurs de musique, d’illustration, de graphisme, de réalisation… La musique au service de l’image. Où la réciproque est également valable. 

Pour finir, il est important de définir la musique de Woodkid. Au début de cet article, on la qualifiait de nouvelle. Peut-être un bien grand mot… Mais il est étonnant d’entendre ces mélodies aux accents moyen-âgeux, tribaux, que certains trouvent peu facile d’accès. Et pourtant, cette musique est magnifique, parfaitement calibrée, très belle association de textures et de nuances. The Golden Age est une grande réussite. Pour toutes les raisons que l’on vous a expliqué tout au long de cet article. Et Yoann Lemoine est un immense conteur d’histoires musicales. 

Be continued…

Florent Auray

[Visuels : DR]
 

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