Interview des Wankin’ Noodles
De son début fin 2007 à aujourd’hui, le groupe s’est forgé une réputation live et a déjà une histoire qui l’a vu évoluer avec les départs de Jean-Sylvain et Guillaume, numériquement remplacés par Francis (guitare) et Sébastien (basse) dont la ressemblance avec Robert Levon Been de BRMC est frappante.
A l’occasion d’une journée de promotion, ces quatre gars sympathiques répondaient à nos questions en révélant à la fin leur lassitude de devoir répondre à la question « Euh, pourquoi Wankin’ Noodles ? »
« A l’époque, Rennes donnait des leçons de rock. »
Qu’avez-vous voulu montrer avec cette pochette d’album (un doigt pointé vers l’avant) ?
Romain : Ce geste là, c’est un peu le résumé de l’album. C’est très injonctif, ça veut dire que c’est à toi qu’on s’adresse (à l’auditeur). C’est un dessin, mais aussi un hommage aux comics, au pop’art, mais aussi AUX B.D, Batman, les vieux trucs, des choses qui entourent un peu l’esprit des Noodles. Mais l’idée principale, c’est toi ! C’est à toi qu’on parle.
Vous revendiquez des influences des années 60 et 70… Qu’en est t-il des groupes plus récents ?
Régis : Pendant « l’an et demi » que nous avons pris pour composer l’album et chercher un label, on a commencé à confronter le projet à autre chose que ces influences premières. On aurait pu aussi faire un gros parallèle entre le premier album de Supergrass et notre album. Je pense qu’il y a eu à peu près la même démarche, quelque chose de très instantané, de très fort, et fait très vite, dans l’urgence.
Romain : Dans les références plus actuelles, on est fans de tout ce que font Jack White et Josh Homme. On aime aussi beaucoup les Arctic Monkeys, The Hives. Après, il y a aussi beaucoup de choses qui nous influencent, mais c’est quand même axé très rock ! On écoute aussi les textes. Bikini Machine (groupe de Rennes) peut nous avoir donné aussi l’envie de chanter en français… Ils nous ont donné envie de prendre ce genre de risque.
Sébastien : Ouais, ça va de Jacques Dutronc dans les années 60 à Bikini Machine aujourd’hui…
Romain : En tout cas, pas de Noir Désir, par exemple. Pourtant, on respecte, mais ce n’est vraiment pas l’esprit dans lequel on voulait faire ça. Oublier ce côté un peu « métaphore » pour aller vers quelque chose de plus direct…
Vous êtes repérés aux Transmusicales 2009… Pensez-vous que ça a été un tremplin ou pensez-vous que même sans cette apparition, vous en seriez au même point ?
Régis : On a beau dire, les Transmusicales, c’est un turbo ! Au-delà du festival, Jean-Louis Brossard nous a mis un turbo forcé. Il a décidé de parler de nous, nous a mis en avant. Il nous a mis sur une plage horaires difficile (ils avaient joué très tard) mais pensait que c’était un vrai challenge de passer du rock à cette heure là… Ca (le festival) nous a vraiment aidés, ça a vraiment fait parler de nous en 2010…
L’expérience de jouer à l’étranger vous a apporté quoi, personnellement et musicalement ?
Romain : On avait un peu peur que notre musique ne les touche pas… On ne savait pas du tout l’accueil qu’on allait recevoir. En fait, c’était une belle confirmation ! D’une part, c’était un beau cadeau des Trans et d’autre part ça nous a donné envie d’y retourner. On s’est rendus compte que les Wankin’ Noodles peuvent fonctionner à l’étranger…
Régis : Le live est le moteur de tout. Si on a monté le groupe à la base, c’est pour faire du live ! Notre album a été fait dans ces conditions là, aussi.
Vous privilégiez donc une production spontanée à une production studieuse et soignée…
Régis : … Qui pourrait nous éloigner de ce qu’on recherche à faire en live en fait… L’essentiel était là et c’était juste à nous de trouver le moyen de le capter…
Romain : Nous ce qu’on voulait, c’était (dé)produire au maximum, avoir le son le plus fidèle de ce qu’on fait en live, c’est-à-dire une batterie, une guitare, une basse et des voix… Pour nous, le meilleur moyen de se rapprocher d’un son live était d’enregistrer dans une salle de concert. Nous sommes donc allés à l’Ubu (salle rennaise), avons investi le lieu, avons joué tous ensemble, pas l’un après l’autre, parfois sans métronome, les amplis à fond, en compagnie de notre ingé-son… On voulait se lancer ce défi fou de sortir un album qui soit un album live sans public.
Les Libertines avaient opté pour cette solution sur leurs deux albums (Up The Brackets, The Libertines). Avez-vous pris exemple sur eux ?
Romain : The Libertines ? Pas du tout ! Ce n’est pas quelque chose qu’on peut revendiquer dans nos influences. Je pense plus aux sessions dans les années 60 où les groupes répétaient une journée et payaient deux heures de sessions, posaient leur matos, trois micros… Il y a une vie dans ces enregistrements là qu’on retrouve plus difficilement maintenant. Nous ce qu’on voulait, c’est aller à l’essentiel. On aurait pu aller dans un beau studio, produire, changer de sons de guitare à chaque fois…
Régis : (coupe)… Le projet est trop immature pour ça ! Grand bien lui fasse, on n’aurait pas cette patience pour l’instant, pas avec cette musique là en tout cas.
Romain : L’album fait onze titres, trente-deux minutes et on ne voulait pas que ça fasse plus ! On voulait que ce soit court et efficace. Pour ça, on l’a enregistré dans les conditions du live en très peu de jours et on l’a fait mixer par un anglais…
Vous avez signé avec Radical, un gros tourneur. Est-ce que cela va vous permettre de jouer dans de plus grosses salles ?
Sébastien : D’abord on ne signe pas, ce n’est pas l’album qui déclenche ça, c’est Radical qui a flashé sur les Wankin’ Noodles en les voyant en live il y a un an et demi ! Après, on a travaillé sur un album pour qu’ils nous fassent tourner.
Régis : Il fallait aussi faire un truc à la hauteur des exigences. Il fallait trouver le moyen de faire une sortie nationale. Comme disait Sébastien, ils ont vu un petit groupe sur la scène des Transmusicales et ils se sont dit « il y a un truc ! ». Parfois, même nous on se demande ce qui leur a plu. Notre désir premier est de faire du live, d’être à fond sur scène et René (leur tourneur) adore et c’est ça qu’il a envie de défendre, de vendre…
Romain : Pour en revenir à ta question, rien n’est acquis. Ce n’est pas parce qu’on a tel tourneur qu’on va faire une grosse tournée !
Sébastien : Il a un niveau d’exigence que d’autres tourneurs n’ont pas. A nous derrière d’assurer ! Ca nécessite deux fois plus de boulot. Il faut que l’album soit à la hauteur de ses espérances, mais des nôtres aussi…
Francis : Quand on te tend une perche, c’est super cool mais il faut que tu travailles comme un taré.
Avez-vous de bons rapports avec les autres groupes de la scène rennaise, comme cela se passe à Reims, par exemple ?
Régis : Bien sûr ! On répète dans le même local que certains de ces groupes (Manceau, Popopopops, Success, Juveniles). Après, Rennes est une vraie faune avec plein d’artistes différents. Nous, on est fiers d’être sortis d’une scène comme ça et d’avoir un truc à défendre.
Romain : A Rennes, il y a aussi un passé. Dans les années 80, il y a avait une scène où il se passait quelque chose.
(Tout le monde, en pagaille) : Etienne Daho, Marquis de Sade, Kalachnikov !
Régis : On n’est pas rennais d’origine, mais quand on est arrivés, on nous a dit que Rennes –à l’époque- donnait des leçons de rock à la France… (Il revient sur Reims) C’est pour ça que la comparaison avec les gens de Reims est flatteuse parce que ce sont des gens qui se sont motivés sur scène et tout le monde a son épingle à tirer. Après, tout est dans la bienveillance de tout le monde !
Justement, la scène de Reims est plus indie et électro que celle de Rennes… Comment l’expliquer ?
François : Ca dépend, les Juveniles et Manceau partent dans des trucs plus électro, les Bikini dans des trucs yé-yé ! Ladylike Lilly (elle aussi de Rennes) qui a fait quelque chose de très folk pourrait faire partie de la scène de Clermont-Ferrand…
Romain : On sent une scène rennaise parce qu’on côtoie ces gens-là mais par exemple on ne fait pas comme les groupes dans les années 80 qui faisaient des choses assez similaires.
Sébastien : A l’image de la musique aujourd’hui, il y a tellement d’influences qui arrivent de partout, une sorte de synthèse de cinquante ans (de musique). Il y en a qui veulent faire du rockabilly, d’autres de la musique électronique… Il y a aussi une scène rap qu’on ne connaît pas du tout parce qu’elle est un peu étouffée, mais elle existe.
Si chacun de vous avez un live de référence, ce serait?
Régis: The Dead Weather aux Eurockéennes !
Sébastien: Sébastien Beck !
Francis: Arctic Monkeys au Liberté de Rennes (période Humbug, troisième disque des Arctic) !
Romain: Moi c’est un peu hors-sujet mais je pense que c’est Galactic aux Transmusicales !
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Olivier Cougot
Photos par Valérie Baeriswyl
www.krakote.com
Wankin’ Noodles – Tu Dormiras Seule Ce Soir
Dans les bacs
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