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Vasily Petrenko – Salle Pleyel

12 février 2012
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Les musiciens russes sont à la mode. On ne sait pas très bien pourquoi. Mais la saison russe continue avec l’Orchestre Philharmonique de Radio-France. À l’inverse de la semaine dernière, où l’on avait entendu un formidable Premier Concerto pour violon de Chostakovitch, œuvre que le compositeur russe avait dû cacher en raison de la répression stalinienne, c’est une œuvre stalinienne qui ouvre le concert : Le Chant des forêts. Chostakovitch aurait gardé pour cette œuvre une aversion secrète. Qu’il se rassure, la nôtre est affirmée.

Le chef Vasily Petrenko, grand et mince, dirige cette cantate, avec chœur et chœur d’enfants, d’une baguette souple et légèrement empruntée. L’écriture de l’œuvre est simple, très stable harmoniquement, l’essentiel du discours est confié aux cordes. L’emphase est lourde et finalement peu expressive. On note la belle voix du ténor Dimitri Voropaev, et la basse Sergei Leiferkus, un peu forcée.
La troisième partie, « souvenirs du passé », rappelle un peu la Cinquième Symphonie. Malgré la langue, et le souhait idéologique d’être encré dans la tradition populaire, on retrouve peu le caractère russe des plus grandes œuvres de Moussorgski, ou de Rimski-Korsakov. On y retrouve plutôt une emphase toute germanique.
La sixième partie, une sorte de pastiche bucolique, est la plus réussie : les deux voix solistes sont accompagnées par le chœur a capella. C’est un très bel effet, appliqué comme une recette.
À la fin, le chef bat la mesure de façon de plus en plus décontractée. Douze musiciens (six trompettes et six trombones !) sont ajoutés, entassés dans un coin de la scène, d’abord pour un simple unisson, puis pour quelques mesures de cadences conclusives.

C’est un autre concert qui commence avec Roméo et Juliette, ballet le plus connu de Prokofiev, d’autant plus intéressant, qu’il y a à peine plus d’un mois, le même orchestre avec un autre chef russe a interprété Cendrillon, d’une façon absolument saisissante.
Vasily Petrenko, dont la réputation internationale est croissante, a montré sa grande maîtrise d’une œuvre dont il semble connaître parfaitement les contours. Et l’Orchestre Philharmonique de Radio-France a encore brillé de ses plus belles sonorités.
Mais nous sommes moins conquis qu’il y a un mois : le chef avait choisi lui-même ses extraits, et avait su construire une progression dramatique forte. Ici, Petrenko se contente des deux suites qu’il inverse. De très beaux passages, bien sûr, comme le final de la deuxième suite, ou encore la Mort de Tybalt, très puissante. Mais la succession de ces courtes pièces au caractère contrastant ne fait pas « forme ».
Les applaudissements des musiciens pour le chef sont néanmoins généreux.

Vasily Petrenko

Dimitri Chostakovitch, Le Chant des forêts
Serge Prokofiev, Roméo et Juliette (extraits)

Dmitri Voropaev, ténor
Sergei Leiferkus, basse

Chœur de Radio France
Matthias Brauer, chef de chœur

Maîtrise de Radio France
Sofi Jeannin, chef de chœur

Orchestre Philharmonique de Radio France

Vassily Petrenko, direction

Le vendredi 10 février 2012 à 20h

Tarifs : 60, 45, 34, 22 et 10 €

Concert accessible gratuitement arteliveweb.com en différé pendant 6 mois.

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes

[Crédit photo : Mark McNulty]

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