Une Alcione acrobatique entre à l’Opéra Comique
Alcione De Marin Marais Mise en scène de Louise Moaty et Raphaëlle Boitel Avec Lea Desandre, Cyril Auvity, Marc Mauillon, Lisandro Abadie, Antonio Abete, Hasnaa Bennani, Hanna Bayodi-Hirt, Sebastian Montin, Maud Gnidzaz, Lise Viricel, Maria Chiara Gallo, Yannis François, Gabriel Jublin et Benoît-Joseph Meier ainsi que les danseurs et circassiens Pauline Journe, Tarek Aitmeddour, Alba Faivre, Cyril Combes, Emily Zuckerman, Valentin Bellot, Mikael Fau et Maud Payen Les 2, 4 et 6 mai à 20H, le 7 mai à 15h Tarifs : de 6 à 135 euros Réservation en ligne ou par tél. au 0 825 01 01 23 Durée : 3h Opéra Comique
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Jusqu’au 7 mai 2017
Dans une salle entièrement remise à neuf après dix-huit mois de travaux, la Salle Favart toute flambante accueille une oeuvre datant de 300 ans, qui n’a pas été reprise à Paris depuis 1771! Le maître du baroque Jordi Savall à la baguette dirige l’orchestre et les choeurs du Concert des Nations et deux jeunes femmes, Louise Moaty metteur en scène et Raphaëlle Boitelle, chorégraphe, s’attaquent à cette oeuvre que Marin Marais affectionnait et dont on découvre la « tempête » si théâtrale. Le cirque s’invite à l’opéraUn plateau mis à nu, strié de cordages et d’agrès, un trône constitué de cageots empilés en pleine lumière, avec des acrobates circassiens qui virevoltent dans l’espace comme sous un chapiteau, s’élancent sur des mâts, se contorsionnent à terre ou s’écharpent devant nos yeux, le parti-pris de Louise Moaty, metteur en scène et de la chorégraphe Raphaëlle Boitel se situe délibérément au coeur du cirque et du mouvement, dans une fusion libératrice entre la musique, les voix et les mouvements du corps. Elles ont donc travaillé avec de jeunes chanteurs capables de collaborer avec des acrobates, quitte à se lancer eux-mêmes dans la bataille des corps avec la même énergie que les athlètes. Le résultat est assez éblouissant de par la vigueur et la jeunesse de cette production d’un opéra vieux de trois cents ans, même si l’aspect foisonnant et ludique des acrobaties tend à être à la longue répétitif. De jeunes chanteurs très engagés Lea Desandre, révélation des Victoires de la Musique 2017, se fond dans le rôle d’Alcione, port de reine, sourire ravageur et silhouette de sylphide, avec l’expression dramatique et la gravité d’un beau mezzo soprano. Légère comme une plume, dans des costumes d’Alain Blanchot qu’on aurait espéré plus attrayants, elle est cette fille du Roi Eole que deux hommes se disputent. D’un côté Céix, son promis, incarné par le vibrant ténor Cyril Auvity, très tôt remarqué par William Christie, de l’autre Pélée, son meilleur ami, auquel le baryton Marc Mauillon prête son timbre éclatant et sa diction précise. Un trio de choc, juvénile et tendre, dont Apollon (Sebastian Monti) raconte les amours et les déboires pour défier le dieu Pan (Lisandro Abadie) dans leur joute musicale. Jordi Savall accomplit son rêve Si tous les chanteurs ne parviennent pas au même degré d’excellence dans leur projection vocale, l’orchestre dirigé par Jordi Savall accomplit des merveilles sur des instruments anciens dont les cordes rigoureuses battent la mesure d’une temporalité fantastique. Le compositeur Marin Marais, dont Savall ne cesse de réhabiliter l’oeuvre depuis le film « Tous les matins du monde », nous plonge dans une mythologie et des personnages que cette musique chaleureuse, un peu rugueuse, et cette viole de gambe insensée, nous rend attachants, vibrants d’émotion. Une tempête se déploie au second acte qui bruisse de sons incroyables, et nous tremblons alors que les ténèbres envahissent le plateau (lumières d’Arnaud Lavisse). Ici, les créatures de l’Enfer, incarnés par des circassiens dont on admire les exploits physiques, déboulent dans ce théâtre à l’italienne à la vitesse de l’éclair, bondissant comme la foudre et jaillissant sur les cordages. Cette Alcione là est un immense navire éclaboussé par la mer, chahuté par la houle violente, que le chef d’orchestre maîtrise de son pupitre de chef baroque. Un sacré travail d’équipe en tous cas ! Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Vincent Pontet] |
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