Un parfum de revanche : DISIZ, The End
La critique est meilleure lorsqu’elle vient de l’intérieur. Disiz n’a plus rien à prouver dans le rap français. Du collectif La Rimeur à One Shot, Disiz s’émancipe et devient Disiz La Peste en 2000 avec le single qui fera de lui un phénomène « J’pète les plombs ». L’album « Poisson Rouge » cartonne et est à ranger parmi les Classiques. En revanche, le second album fonctionne moins bien auprès du public.
Disiz reste le même, punch line d’enfer, flow, il transcende les genres en 2005 avec « Métisse » qu’on ne présente plus et surtout avec ses « Histoires extraordinaires d’un Jeune de banlieue », opus pour lequel il va recevoir une Victoire de la Musique en 2006.
Artiste engagé, « The End » est le dernier combat que livre l’artiste dans l’univers commercial et pseudo gangster qu’est devenu le rap français. Disiz gagne en maturité et colore son album de différents horizons. En guise d’ouverture, à « La fin du début », Disiz s’explique ; l’industrie du disque, le Rap Game, jaloux, haineux : tout ce beau monde en prend pour son grade. L’artiste prône un vrai retour aux valeurs fondamentales du Hip Hop : passion, écriture maladive, recherche de concert, en bref « rapper jusqu’à la mort ». Des samplers magnifiques.
Les deux titres qui suivent (Bête de bombe 4 et C’est la vérité) sont un peu plus typés américain avec la participation de Canardo. Producteur de talent, il a également participé à l’album de La Fouine.
Disiz ne s’oublie pas. Plus militant, c’est avec humilité que le rappeur évoque ses origines et le combat à mener par toute une catégorie de personnes dans « Quand le peuple va se lever » et « Odyssée ». Les thèmes de la négritude, de la pauvreté et au-delà de l’injustice reviennent en boucle mais ne lassent pas lorsqu’ils viennent d’un individu à l’histoire métissée. L’amour tient sa place dans cet opus. Amour d’adolescent (L.O.V.E en featuring avec Humphrey) ou amour paternel (Papa Lova), c’est indiscutablement la touche émotion de l’album. Titre confidentiel, pour album confidentiel. A la poursuite d’un temps qui a filé trop vite dans « le temps précieux », Disiz plonge dans ses souvenirs pour nous raconter un titre poignant. « 27 octobre » est de loin, la piste la plus sombre du CD. C’est pourquoi, le mystère mérite d’être entretenu. La palme du titre le plus percutant vient à « Il est déjà trop tard », ce coup ci c’est Astronaute qui est à la composition. Le titre embarque et le clip en noir et blanc fascine. Quant à « J’ai changé » et « Le monde sur mesure » sont une « porte franchement ouverte sur [son] âme » comme l’avouera l’artiste.
Disiz est décomplexé. Loin de toutes pressions, plus indépendant, « The End » nous offre des perspectives agréables et bonnes à apprendre. Disiz s’est tué dans le monde rap, il renaîtra de ses cendres dans un genre nouveau. Lequel ? Nous n’en savons pas plus.
Disiz nous offre un ultime opus rap varié, maitrisé et de loin le meilleur de toute sa carrière. Il clôt le genre avec élégance. L’artiste n’a plus à rien à prouver dans le milieu du rap, pourtant nous le regrettons déjà dans le genre urbain par excellence. Et la suite dans tout ça ?
Séga Diallo.
Déja dans les bacs.
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