Tristan und Isolde – Richard Wagner – Théâtre des Champs-Élysées
L’Orchestre Symphonique de Birmingham est connu pour avoir lancé la carrière de Simon Rattle. Il en fut le directeur musical dix-huit ans. Andris Nelsons, jeune chef letton de trente-quatre ans a repris le flambeau. Formé à Saint-Petersbourg, comme de nombreux chefs exerçant aujourd’hui en Angleterre, il dirige Lohengrin à Bayreuth depuis deux ans et se reconnaît comme le disciple de son compatriote Mariss Jansons. À cinq jours d’écart, le Théâtre des Champs-Élysées programme deux opéras de Wagner, Parsifal et Tristan, permettant ainsi certains points de comparaison.
L’orchestre de Birmingham est dans une disposition « classique », avec les violoncelles à droite face aux premiers violons, disposition qui n’existe plus aujourd’hui parmi les orchestres parisiens mais qui était la règle il y a encore une dizaine d’années. Les chanteurs chantent devant l’orchestre, et non derrière comme avec le National. C’est évidemment préférable quoique certaines voix sont néanmoins par moments couvertes. Andris Nelsons n’a pas du tout la connaissance de la partition de Tristan que peut avoir Gatti de Parsifal. Le jeune chef letton dirige assis, tout en bougeant paradoxalement beaucoup sur sa chaise. Il trépigne allègrement et frappe de ses pieds les levées. Il bat la mesure au-dessus de sa tête et se sert principalement de sa main droite, celle qui tient la baguette, pour faire également les départs. Cela crée un flou et de nombreux accords ne sont pas ensemble. C’est également la cause d’un faux départ des violoncelles dans le prélude de l’acte III, très surprenant. Le quintette à cordes n’est globalement pas au niveau de ce que l’on peut habituellement entendre dans cette salle, à moins que ce soient les tempi très allant du chef. En revanche, les cuivres ont donné une bonne impression.
Le Tristan de Stephen Gould est la plus belle performance de la soirée. Ce chanteur américain a une magnifique puissance. Si ses graves ne sont pas très denses, et ses aigus tendent à se durcir au fil du troisième acte, c’est tout de même un vrai Helden-tenor qui garde la maîtrise de sa voix jusqu’à la fin. Il n’est jamais couvert par l’orchestre. Kurwenal est chanté par Brett Polegato, baryton canadien qui semble avoir fait l’essentiel de sa carrière outre-atlantique. C’est une découverte. Toujours précis, un beau timbre altier et une belle présence. Lioba Braun, qui a chanté Brangaine à Bayreuth, chante Isolde.
Une belle composition dramatique avec un timbre un peu ténu pour un tel rôle. Le chef aurait pu limiter la puissance de son orchestre avec elle. Christianne Stotijn en Brangaine a un timbre plus neutre et moins de puissance. Selon la notice biographique, elle se produit principalement en récital. Son très beau et lointain “Habet acht!” est chanté derrière l’orchestre. Enfin Matthew Best est un roi Marke austère et juste.
Notons enfin le chœur Accentus, vingt-trois chanteurs masculins en fond de scène. N’est-ce pas un peu juste ? Chaque entrée est toujours un peu nébuleuse. Le public parisien fait, comme à son habitude, un triomphe aux musiciens.
Tristan et Isolde
Opéra de Richard Wagner en trois actes (1865)
Livret du compositeur, d’après Gottfried von Straßburg
Lioba Braun Isolde
Stephen Gould Tristan
Matthew Best Marc
Brett Polegato Kurwenal
Christianne Stotijn Brangäne
Ben Johnson Melot / un berger
Benedict Nelson un marin / un timonier
Andris Nelsons direction
Orchestre Symphonique de Birmingham accentus
Production Théâtre des Champs-Elysées
Concert en allemand, surtitré en français
Dimanche 11 mars 2012 à 18h
Tarifs : 110 // 90 // 60 // 35 // 10 et 5 €
Théâtre des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
[Visuel : Susie Knoll]
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