Triomphe de Gil Shaham pour son retour à la Salle Pleyel
C’est un programme imposant, devant une salle pleine. Deux symphonies, et un concerto approchant les quarante minutes.
La Symphonie de Dutilleux est aujourd’hui un classique du vingtième siècle bien que son compositeur soit toujours en vie. Créée en 1951, l’Orchestre de Paris l’a déjà jouée plusieurs fois. L’orchestre est imposant : soixante cordes, six percussionnistes, un piano, un celesta et une harpe.
Le premier mouvement, une passacaille, démarre un peu fébrilement par des pizzicatos de contrebasses peu audibles dans le bruit ambiant de la salle. Tout s’arrange heureusement à l’entrée des violons. La fusion des timbres est merveilleuse. La fin du mouvement notamment, un long decrescendo, assemble des sonorités mystérieuses dans des nuances piano.
Le Scherzo molto vivace capture l’auditeur dans un mouvement perpétuel haletant. C’est une vive tension. La richesse polyphonique du tissu orchestral est admirablement interprétée.
Après un troisième mouvement lent, une valse un peu grotesque, dont la ligne est plus difficile à suivre, le Finale envoie une pleine puissance de sons timbrés et cuivrés, comme pour se relâcher des tensions accumulées précédemment.
L’orchestre est très applaudi.
Cinquante cordes accompagnent le violon de Gil Shaham. C’est déjà beaucoup pour un concerto. Pas une fois, cependant, il n’est couvert. Dès la première attaque de violon nous pouvons admirer la magnifique sonorité du soliste américain, et sa technique prodigieuse, notamment dans la cadence, en fin de mouvement. Gil Shaham bouge toujours autant sur scène, mais fait peut-être un peu moins de mimiques, tant l’oeuvre demande un grand effort de concentration. Il joue d’ailleurs avec partition, plus par sécurité semble-t-il puisqu’il n’y jette un oeil qu’occasionnellement.
Le thème du deuxième mouvement est joué flautando. La dextérité du violoniste dans la quatrième variation et ses traits pianissimos est impressionnante.
La polyphonie du troisième mouvement est dense, proche du dodécaphonisme. La ligne formelle est moins claire, plus discontinue. Mais l’emprise du soliste est toujours aussi forte. Après ce déferlement de virtuosité, le public de la salle Pleyel lui fait un triomphe.
Il donne à nouveau la Gavotte en Rondeau de Bach en bis.
Il est déjà 22 heures lorsque débute la Première Symphonie de Beethoven.
L’orchestre n’est pour autant pas fatigué. Après une ample introduction, c’est avec plein de mordant et une belle vivacité que l’oeuvre est abordée. Le premier mouvement est ainsi une magnifique réussite.
Après un deuxième mouvement plus long, le troisième, un menuet déjà écrit dans l’esprit du futur scherzo beethovénien, offre de très belles nuances. Une forte énergie traverse le mouvement, avec un trio effectué dans un tempo rapide.
Le début interrogatif du quatrième mouvement est un moment de théâtre. L’élan irrépressible qui suit emporte les auditeurs dans un tonnerre d’applaudissements.
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