Tosca de Puccini à l’Opéra Bastille
Jusqu’au 18 mai 2011
Opéra Bastille
Le célèbre opéra de Puccini, Tosca, revient à l’Opéra de Paris, dans la mise en scène de 1994 de Werner Schroeter, disparu l’année dernière. Le metteur en scène frappe l’imagination par des images fortes qui interrogent voire dérangent, renchéries par des phrases qu’on n’oublie pas, portées par le lyrisme de la musique.
Dans une scénographie épurée, le premier acte badin, en apparence, met en scène les blasphèmes de Mario et de Floria qui souhaite être la Femme parmi les femmes et n’hésite pas à rivaliser avec toutes les représentations féminines et iconographiques (avec les tableaux, ou même avec la statue de la Vierge Marie dont la présence inquiète).
Mise à part la performance de la jeune femme — 50 minutes sans bouger — qui interprète la statue, on s’interroge sur les motivations profondes du metteur en scène sur ce choix vivant. Sans doute l’écho mystique de l’apparition fatale de l’ange du château de Saint-Ange au troisième acte au-dessus de Tosca, est une réponse. La jeune femme imperceptiblement, change de regard comme si elle réagissait aux provocations de Tosca. Une statue n’eût su frémir… Et cette force vengeresse qui surplombe la scène en pente, comme pour annoncer la chute, au troisième acte au moment où la jeune femme saute dans le vide, triomphera de cet excès d’orgueil.
Ces images très marquantes font la part belle aux interprètes généreux de cette distribution. Carlo Ventre, très à l’aise, à la voix puissante, soulève l’enthousiasme du public dans les déclarations d’amour. Les duos rappellent ceux de La Bohême, magnifiquement donnée l’an dernier à L’Opéra Bastille. Iano Tamar qui fait ses débuts à L’Opéra de Paris, force un peu dans les aigus mais est sublime d’émotions dans sa supplique à Scarpia, très attendue.
« J’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour » chante Floria Tosca pour elle-même, « J’ai offert mon chant aux astres, au ciel, qui en riaient de joie », poursuit-elle.
Très applaudie, la soprano a conquis la salle par sa performance vocale et dramatique. Elle confère au personnage une opiniâtreté et une jalousie maladive tout en étant sensuelle et sensible.
Franck Ferrari campe un homme soumis à son désir. On l’attendait plus « Javert », plus cruel encore. Il a été toutefois très apprécié dans le second acte.
Le chœur de l’Opéra de Paris, dirigé par Alessandro Di Stephano est excellent. Puissant, il apparaît frontalement à la fin du premier acte dans la magnifique procession des enfants et du sacristain, entouré du peuple romain. Enfin, l’Orchestre de l’Opéra National de Paris sous la baguette de Renato Palumbo triomphe à nouveau.
Un opéra puissant et impressionnant.
Marie Torrès
Tosca
MELODRAMMA EN TROIS ACTES (1900)
MUSIQUE DE GIACOMO PUCCINI (1858-1924)
LIVRET DE GIUSEPPE GIACOSA ET LUIGI ILLICA D’APRÈS LA PIÈCE DE VICTORIEN SARDOU
En langue italienne
RENATO PALUMBO Direction musicale
WERNER SCHROETER Mise en scène
ALBERTE BARSACQ Décors et costumes
ANDRÉ DIOT Lumières
ALESSANDRO DI STEFANO Chef de chœur
Du 10 avril au 18 mai 2011
TARIFS : 180€ 155€ 135€ 115€ 95€ 75€ 40€ 20€ 15€ 5€
Réservations : 0 892 89 90 90 (0,34€ la minute depuis un poste fixe en France) ou sur le site de l’opéra.
Opéra Bastille
Place de la Bastille
M° Bastille
[Crédits visuels : Franck Ferville / Opéra national de Paris]
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