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Ton Koopman – Opéra Comique

9 janvier 2012
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DE_CANDIA_Roberto_2011

En formation d’orchestre de chambre (dont de nombreux solistes), le « philhar » renouvelle ainsi son répertoire, sous la direction d’un spécialiste, Ton Koopman. Le chef hollandais sait avec entrain transmettre sa ferveur. Devant les décors d’Amadis de Gaulle, un simple écran-voile en fond de scène, l’orchestre joue avec timbales d’époque, et cuivres naturels. La salle est pleine, le public est très proche des musiciens. Il y a moins de réverbération qu’à Pleyel. Le son est essentiellement direct, il est donc beaucoup plus sec pour les cordes.

Le Concerto pour Trompette de Haydn est un classique du répertoire de cet instrument. Il fut l’une des premières œuvres composées pour la trompette à pistons. Alexandre Baty, nommé trompette solo de ce même orchestre à vingt-cinq ans, est depuis l’année dernière trompette solo du Concertgebouw. Sous la direction singulièrement agitée de Koopman, il semble garder son flegme, est même assez peu expansif. Le timbre est beau et très pur. Les difficultés techniques sont surmontées avec sérénité. Les belles dynamiques du troisième mouvement laissent tout le monde joyeux. Chaleureux applaudissements du public et des musiciens pour le soliste.

La Trente-huitème symphonie de Mozart, « Prague », a la particularité de n’avoir que trois mouvements, et pas de menuet. Le premier mouvement, comme une ouverture d’opéra, se divise en deux mouvements distincts : l’adagio, que Koopman prend à un tempo particulièrement soutenu, comme le font souvent les « baroqueux », n’est pas pour autant dépourvu d’emphase ; et l’allegro, dont les différents thèmes sont joués avec mordant. Koopman sait être incisif grâce à sa gestuelle peu commune.

Le deuxième mouvement est un peu plus laborieux. Le manque de contour dû à une acoustique sans profondeur, et l’absence de vibrato, créent une sécheresse, certainement parfaitement assumée par le chef. Mais le finale, très enlevé et tranchant, quoique sans rebond, enchante l’auditoire, qui applaudit l’orchestre sans retenue.

Il Maestro di Cappela de Domenico Cimarosa, composé vers 1786, est un intermezzo en un acte pour Basse seule et orchestre. Annoncé dans le programme d’une durée de 56 minutes, il ne dure en fait guère plus d’une demi-heure. Compositeur très célèbre en son temps, plus célèbre que Mozart, Cimarosa a composé plus de soixante-dix de ces petits opéras en un acte, très apprécié à l’époque, qui rappelle Der Schauspieldirektor de Mozart.

Roberto de Candia (photo) interprète ce « maître de chapelle » qui souhaite faire répéter à son orchestre une pièce de sa composition. C’est une répétition d’orchestre qui, d’abord, tourne mal, pour finalement se terminer dans l’allégresse.
Ton Koopman est assis au clavecin, et dirige avec encore plus d’excitation, tout en semblant donner des coups de griffes à son clavier.
Bien qu’il n’y ait pas de sur-titres, l’action se comprend aisément. Le chanteur italien est doté de grandes qualités dramatiques et humoristiques. Il entre en scène après l’ouverture, habillé d’une perruque, et tenant à la main un bâton avec lequel il réprimande les musiciens.
Nous notons le génie de l’invention mélodique du compositeur, totalement sous-estimé aujourd’hui, et la maîtrise des dynamiques et des nuances par l’orchestre.

C’est avec la perruque sur la tête que le chef hollandais vient saluer, dans un tonnerre d’applaudissements.

Prague

Joseph Haydn, Concerto pour trompette et orchestre en mi bémol majeur
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n° 38 « Prague »

Domenico Cimarosa, Il Maestro di Cappella

Alexandre Baty, trompette
Roberto de Candia, basse

Orchestre Philharmonique de Radio-France
Ton Koopman, direction

Samedi 7 janvier 2012 à 20h

Tarifs : 45 // 35 // 25 // 17 et 10 €

Concert enregistré par France Musique et diffusé lundi 23 janvier 2012 à 14h

Opéra Comique – Salle Favart
Place Boieldieu
75002 Paris

www.operacomique.fr

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