THEOPHILE : “Ce qui m’inspire, c’est la vie de tous les jours”
Du haut de sa vingtaine, THEOPHILE a déjà tout d’un grand : textes à la poésie ambitieuse, sens de la mélodie qui vous reste en tête, production exigeante et décomplexée… Son EP, sorti le 4 octobre dernier, révèle à la fois son souci du sentiment juste, son aspiration à l’envol et l’acidité de son regard sur la société.
Tu as commencé la musique assez jeune, n’est-ce pas ?
Oui, j’ai commencé à 6 ans avec des cours de guitare classique. J’ai fait du classique pendant un ou deux ans puis je me suis ouvert à d’autres univers.
Il y a beaucoup de reprises dans cet EP, d’artistes d’univers variés comme Nekfeu ou Francis Cabrel, peux-tu nous en expliquer la raison ?
J’ai eu envie de faire des reprises depuis l’année dernière. Entre temps, il y a eu le confinement et ça a été l’occasion de développer tout ça. Je voulais sortir des titres de façon un peu plus légère que si c’était des compositions. Les reprises sont un bon moyen de continuer à faire découvrir mon univers, à travers l’univers d’autres artistes qui m’influencent. J’ai pris des chansons qui me tenaient à cœur, par les textes ou la mélodie.
Tu as fait la première partie de pas mal d’artistes, notamment Ibeyi et Gauvin Sers. Que retiens-tu de ces expériences ?
Le fait de faire des premières parties permet de jouer dans des conditions optimales, et il y a tout à prouver puisque le public présent ne me connaît pas forcément. Ce que je retiens, c’est surtout d’avoir pu rencontrer ces artistes et travailler auprès d’eux. Ça m’a permis de les démystifier un peu, de voir comment ils vivent, comment ils travaillent et de me rendre compte que malgré le fait qu’ils remplissent des salles de concert, ce sont des gens tout à fait normaux. Ça m’a beaucoup apporté sur le plan personnel. Par exemple, j’ai adoré faire la première partie de Gauvin Sers parce qu’il y avait une ambiance particulière. On est parti dans le sud dans leur tourbus, j’ai passé 48h non-stop avec lui et toute l’équipe, j’avais l’impression de partir en road trip entre copains.
Il y a une certaine puissance dans tes textes, une certaine poésie. Qu’est-ce qui t’inspire ?
Ce qui m’inspire c’est la vie de tous les jours, ce que je ressens par rapport à des situations spécifiques ou par rapport à ce que mes proches vont vivre. Dans un sens, je mets sur papier ce que je ressens et puis ça en fait des chansons. Je les rends poétiques parce qu’il faut raconter une histoire et il faut que ce soit beau à raconter. J’ai aussi envie de régler certaines choses, parfois il y a des périodes plus sombres que d’autres et ces chansons arrivent comme une conclusion qui me permet de digérer des sentiments que je peux ressentir, tout en amenant une touche d’espoir.
En parallèle tu alimentes beaucoup ta chaîne YouTube, est-ce une manière pour toi de rester proche de ton public ?
Oui, complètement. J’ai commencé pendant le premier confinement, je montrais comment je m’y prenais pour faire des reprises. Personnellement j’adore les vidéos où l’on peut entrevoir les coulisses, comment les gens composent, etc. Je me suis dit qu’il y avait sûrement d’autre personnes qui aimeraient ce genre de contenu. Ça m’a beaucoup plu de faire ça. Et puisqu’il n’y a plus de concerts, il fallait que je continue à me faire connaître donc j’essaie d’ouvrir le champ des possibles. Il faut apprendre à communiquer autrement. Je fais désormais une vidéo tous les dimanches matin, depuis environ un mois.
Tu as sorti trois clips la même année, à quelques mois d’intervalle à chaque fois. Pourquoi si peu de temps entre chaque sortie ?
C’était une façon de prévoir la sortie de l’EP qui arrivait après. Le premier clip qui est sorti c’était la prémisse, puis un deuxième clip pour attiser la curiosité, dans lequel j’ai un peu plus développé l’univers visuel, et le troisième qui est arrivé au même moment que la sortie de l’EP.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je suis en train de bosser sur mon prochain EP de compositions, qui va sortir courant 2021. Cette fois-ci encore, je fais un peu de tout : de la composition, de l’écriture… J’essaie généralement de faire le plus de choses par moi-même. Je réfléchis aussi à des idées de clips et je continue à composer pour la suite, à faire des vidéos toutes les semaines, et à essayer de développer un maximum ce projet.
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Propos recueillis par Laurine Kati
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