The Dead Weather – Sea of Cowards
Quelle frayeur. Les deux premières chansons de Sea of Cowards sont tellement proches des mélodies des White Stripes, avec en plus Jack White au chant, qu’on se sent inévitablement arnaqué : « Mais c’est pas un disque des White Stripes que je voulais ! » Ce n’est pas la qualité des morceaux qui est remise en cause, les deux étant très bons dans le pur style Icky Thump. Mais tout de même. On serait presque déçu. Heureusement, la démentielle Alison Mosshart surgit. L’album prend alors une tournure très différente. Comme si la chanteuse des Kills salissait un peu les riffs et les mélodies. Mais salir dans le bon sens, amenant une vraie touche rock à des mélodies un peu trop lisses à son goût.
Il est de toute façon impossible de ne pas aimer « The Difference Between Us », avec l’apparition de Dean Ferrita au clavier, et une guitare qui s’énerve un peu, pour le premier gros tube en puissance de cet album. Impossible de ne l’aimer donc, puisque le clavier en question reprend des accords étonnamment proches de « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana. Et il faut avouer qu’imaginer Alison Mosshart en Kurt Cobain féminin a un certain charme.
Mais n’allez pas imaginer que The Dead Weather donne dans le grunge. Même si quelques influences blues sont indéniables, l’album tend plus vers un univers gothique. Non ! Ne partez pas, n’ayez pas peur ! Ce gothique là a du très bon. L’ambiance est sombre, mais quelle énergie… Le premier single issu de Sea of Cowards reflète très bien ce côté un peu sauvage. Die By The Drop offre des riffs de guitare et une batterie à bloc, et surtout les voix de Jack White et Alison Mosshart. Les Stooges n’ont pas à s’inquiéter, la descendance est assurée. Conscient de l’effet dévastateur pour les cordes vocales de ses fans, le groupe s’est permis de glisser un dernier morceau beaucoup plus calme, « Old Mary », comme pour autoriser un retour à la normalité.
Malgré une introduction un peu trop proche des White Stripes, tout fonctionne à merveille dans ce nouvel album. Le talent et l’efficacité de Jack White n’y sont sans doute pas étrangers, mais Alison Mosshart démontre une telle forme vocale que sa performance est la plus marquante. Le seul défaut de l’album est sûrement sa durée de 35 petites minutes. On aurait aimé crier avec eux plus longtemps.
Pierre Davis
The Dead Weather – Sea of Cowards
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Sortie le 10 mai 2010
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