Superbe Ariane à Naxos !
Ariane à Naxos De Richard Strauss Mise en scène de Laurent Pelly Avec Sophie Koch, (le compositeur) Elena Mosuc (Zerbinette), Karita Mattila (Ariane). Jusqu’au 7 février 2015 Réservation : operadeparis.fr Durée : 2h45 avec entracte Opéra Bastille M° Bastille (lignes 1, 5 et 8) |
Jusqu’au 7 février 2015
Reprise d’Ariane à Naxos de Richard Strauss à l’Opéra Bastille dans la mise en scène par Laurent Pelly de 2003, reprise en 2010. Trois superbes cantatrices triomphent : Sophie Koch, qui incarnait déjà le rôle du compositeur lors de cette création, Elena Mosuc (Zerbinette) et Karita Mattila (Ariane). Ariane à Naxos repose sur un mélange des genres. Il débute par un prologue et se poursuit par un opéra en un acte. Il propose une variation sur le thème de l’opera seria et de l’opera buffa. Le livret d’Hugo von Hofmannsthal est construit sur la mise en abyme du genre opératique dans le prologue. Un riche aristocrate viennois donne une réception et propose à ses invités deux spectacles. Au dernier moment, il décide de mêler l’arlequinade à l’opera seria qui s’inspire d’un thème mythologique : Ariane abandonnée par Thésée sur l’île de Naxos attend la mort quand survient l’Amour incarné par Bacchus, lequel a réussi à échapper aux griffes de la magicienne Circé. Aux artistes de se débrouiller pour faire tenir le tout avant le feu d’artifice ! Il s’agit autant de faire l’éloge de l’improvisation de la commedia dell’arte et du théâtre par le biais des récitatifs que de l’opéra tout en parodiant certains procédés. Dans un décor à la fois réaliste et symbolique, les personnages évoluent dans un tourbillon de désordre, se poursuivant comme dans les coulisses du spectacle. Une superbe voiture dépose les stars tandis qu’une camionnette colorée vintage se garera près du rivage. C’est l’occasion de découvrir l’intimité des interprètes-personnages et l’envers du décor. Les deux chanteurs lyriques en peignoir rayé se disputent la meilleure part du chant-gâteau, tandis que les joyeux comédiens furètent avec allégresse pour obtenir les faveurs de Zerbinette. Ayant en mémoire le jeu de Nathalie Dessay qui incarnait alors Zerbinette ou la grâce de Jane Archibald, le spectateur progressivement se laisse convaincre par la généreuse Autrichienne Daliena Fally. La soprano colorature triomphe dans toutes les nuances jubilatoires et virtuoses de son chant. Très acclamée, la jeune interprète rayonne. Enfin, Karita Mattila incarne une Ariane sublime de pureté. Sa voix est un enchantement. Son jeu juvénile est plein de délicatesse. Avec une grâce enfantine, elle se donne à l’Amour, croyant courir à la mort. Elle est magnifique. Quant à Bacchus, c’est l’impressionnant ténor Klaus Florian Vogt qui incarne le demi-dieu, fils de Sémélé et de Jupiter. Quelle stature et quelle voix puissante ! Enfin, les trois naïades forment un joli trio très harmonieux tandis qu’on retrouve avec bonheur Edwin Crossley-Mercer en Arlequin. L’Orchestre de l’Opéra de Paris dirigé par l’énergique Michaël Schonwandt triomphe à nouveau dans cette œuvre grandiose. Marie Torrès [Crédit photos : Bernard Coutant] |
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