Stuck in The Sound – Happy Stuck Day
Nous avons rencontré José et Emmanuel, quelques jours plus tard, pour parler en vrac, de ce troisième album, de l’avenir, de la scène rock et d’un tas d’autres choses.
Comment avez-vous vécu ces dix dernières années, de vos débuts en passant par le prix CQFD en 2005 ?
José : Ce qu’il reste ce sont trois albums et de belles soirées tout au long de ces dix ans. Je me souviens il y a huit ans quand on parlait de fêter nos dix ans on ne l’imaginait pas, ce n’était pas possible, pour nous on était un jeune groupe et c’était tout… Ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est d’avoir réussi à bosser tous ensemble depuis le début avec la même configuration. Un peu comme Sonic Youth qui reste un modèle du genre pour nous.
Emmanuel : On est vite passé de l’envie de « s’amuser » à celle de vouloir faire quelque chose de sérieux. J’ai l’impression qu’on s’est laissé prendre au jeu. Depuis le début, on n’a jamais voulu être un groupe de reprises.
José : Je pense que même sans le Prix des Inrocks on aurait continué à tourner, à jouer et écrire des morceaux. On jouait pas mal déjà, sur des premières parties et le CQFD nous a permis de passer à la vitesse supérieure, de jouer à Paris dans des vrais salles.
Justement à propos de ça on vous a souvent reproché à tort de faire partie de cette scène rock Parisienne, avec cet esprit faussement snob. Aujourd’hui, qu’en pensez-vous ?
José : Je me souviens de notre première tournée en province, on a dû faire quelque chose comme cent vingt dates et on a essayé d’effacer cette animosité qu’avait souvent les gens sur Paris. En plus, à la base on est des banlieusards.
Emmanuel : En plus, on a débarqué à l’époque où tout le monde pensait que Paris allait devenir la capitale du Rock, comme Londres ou New York. Du coup, les gens se sont mis a fantasmer. Rock & Folk a mis en avant tout un tas de petits groupes plus ou moins bons et c’est à partir de ce moment-là que les gens en province se sont mis à détester cette scène rock parisienne.
José : On mettait en avant des kids super lookés, alors qu’à côté de ça il y avait des tas de bons groupes dans la scènes underground. Toute cette écurie Rock & Folk — avec les Naast, les Brats ou les Violett — c’était juste pitoyable. Du coup des groupes comme Neimo, Rodeo Massacre et plein d’autres ont eu moins de visibilité.
Tout ça ne vous a pas trop touché vous personnellement…
Emmanuel : Disons que ça nous agaçait de voir ce qui se passait, même si on avait l’impression de ne pas évoluer dans la même catégorie. Et puis à l’arrivée, le public ne s’y trompait pas vraiment. On a joué une fois avec les Naast et leur public de 13 ans, ce n’était définitivement pas le nôtre.
José : Le vrai gâchis dans tout ça est venu de Rock & Folk qui a balancé tout ces groupes à Londres pour se faire lyncher par les tabloïds. Manœuvre a fait beaucoup de mal à la scène rock à ce moment-là. D’ailleurs on a jamais eu un papier dans son magazine, ceci explique peut-être certaines choses… Les seuls pour qui on a du respect c’est les BB Brunes qui n’ont jamais voulu faire partie de cette clique.
Lorsqu’on écoute vos albums, on a l’impression que si vous en êtes là aujourd’hui c’est que vous avez toujours su écouter ce qui se passait à côté et que vous n’avez jamais eu peur de mélanger les genres…
José : Ce n’est pas stupide comme vision, mais je pense que c’est surtout notre parcours au sein de Stuck qui nous a vraiment fait évoluer d’une manière générale. On est parti de rien quand on répétait dans des caves à Montreuil. Malgré tout là où je te rejoins c’est qu’on a toujours eu un pied dedans, et un pied dehors. On écoute pas tant de rock que ça à l’arrivée. On aime bien tout ce qui est en train de se passer autour de nous. Que ce soit dans les milieux électro ou hip hop.
Emmanuel : Ce qui nous anime réellement et pour résumer ce que dit José, c’est la notion de famille…
Vous avez mis quasiment deux ans à enregistrer votre troisième album « Pursuit ». Est-ce que c’était une volonté de votre part que de prendre votre temps, d’être en phase avec ce dont vous aviez envie ?
José : On a vraiment voulu privilégier la notion de plaisir sur cet album. Le précédent « Shoegazing kid » avait été enregistré dans l’urgence à la fin de la tournée, ce qui n’a pas été le cas avec « Pursuit ». La thématique du précédent album n’était pas vraiment gai, on avait pas mal de doutes. C’est peut-être pour ça encore aujourd’hui que pas mal de gens trouvent que cet album est assez sombre. Là, on est vraiment sorti de ce côté « dark » même si on garde la patte Stuck. On a pas fait un album « shinny » non plus… Tu retrouves toujours les mêmes thématiques mélancoliques, torturées qu’on avait déjà sur nos précédents albums.
Emmanuel : L’album d’avant ressemblait presque à un chemin de croix… Rires.
José : Si tu prends un titre comme Bandruptcy, c’est un titre sur le doute, même si lorsque tu l’écoutes tu sens quelque chose de positif.
Les doutes, la mélancolie et tous ces sentiments c’est normal en même temps…
Emmanuel : Sur « Shoegazing Kid », on n’arrivait pas à faire de morceaux positifs. On a eu du mal à sortir de ce côté sombre.
José : Ce qui est drôle dans tout ça, c’est qu’avec tout ce qu’on entend sur la fin du monde en 2012 et toutes les autres conneries, on a envie de se dire que pour nous c’est l’année du plaisir. C’est hyper agréable d’avoir enregistrer ce disque avec cette notion de plaisir intense.
Arno Byhet
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Stuck in The Sound – Poursuit
It’s Records / Discograph
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