Silvàn Areg / Casus Belli : “Pour comprendre qui est Silvàn il faut aller écouter Casus et inversement”
Casus Belli et Silvàn Areg : deux identités musicales opposées et pourtant complémentaires. Sous ces deux noms se cache Sylvain Hagopian, un auteur-compositeur-interprète lyonnais qui trouve son juste équilibre en alternant rap et variété française.
Quel est votre parcours musical ?
J’ai commencé la musique, je devais avoir 15 ans. Ça s’est fait un peu par hasard par l’intermédiaire d’un ami. On a participé à des ateliers d’écriture dans une MJC (Maison des jeunes et de la culture) et de là j’ai pris goût à l’écriture. On a commencé à faire du rap en 1996 jusqu’en 2009. Ensuite j’ai fait une pause artistique car je n’avais plus envie d’écrire et de faire de musique. J’avais envie de voir autre chose. Puis c’est revenu à nouveau par hasard en 2016 grâce à un autre ami que je n’avais pas vu depuis longtemps qui m’a demandé d’écrire. Donc j’ai recommencé. C’est à ce moment-là que j’ai écrit le texte Un homme debout pour Claudio Capéo. Ça m’a redonné envie d’écrire aussi pour moi. Alors j’ai repris le rap. En parallèle je me suis mis à écrire de la variété. Je voulais faire de la musique et peu importe comment on la caractérise.
Pourquoi avoir changé de style de musique ?
J’avais l’impression d’avoir fait le tour dans le rap après 15 ans de carrière alors le fait de changer de style musical ça m’a ouvert d’autres possibilités. J’ai eu de nouveau envie d’écrire. Ce changement m’a vraiment remotivé, peu importe pour qui, pour quoi ou pour quel style musical. Et puis finalement maintenant je jongle entre les deux. Quand je fais de la variété j’ai envie de refaire du rap et inversement. Je ne me mets pas de barrières.
Parallèlement vous êtes devenu prof d’EPS, pour quelle raison ?
C’est vrai que j’ai mené les deux en parallèle. Aussi loin que je me souvienne quand j’étais petit et qu’on me demandait ce que je voulais faire c’était prof d’EPS. Parce que j’aimais le sport mais aussi pour les vacances ! Je suis fils d’enseignants et il est vrai que souvent les fils de profs deviennent profs. Et du coup c’était un super compromis d’avoir du temps dans la semaine et des vacances pour faire de la musique.
Lorsque vous écrivez ou composez une chanson qu’est-ce qui, selon vous, est essentiel ?
J’essaie de ne pas passer par la case cerveau quand j’écris une chanson. Je veux vraiment capter les émotions du moment. En fait, j’écris à partir d’une musique. En fonction de ce qu’elle va me provoquer comme émotions, je vais le retranscrire à l’écrit. Au feeling. On pourrait comparer ça à un photographe qui essaie de capter l’instant ; moi j’essaie de faire la même chose. Je me laisse aller avec les mots qui viennent naturellement en fonction de la mélodie choisie, qui va venir sur l’instru ou sur le son.
Est-ce important pour vous de travailler en équipe et avec des collaborations dans ce milieu ? pourquoi ?
En fait, le point de départ c’est être seul ; dans ta chambre, dans ton studio, devant ta feuille blanche. C’est ça que j’aime dans la création. Cette première phase où tu es tout seul t’emmène sur une période où tu découvres et rencontres pleins de gens différents et ça devient hyper enrichissant. Par exemple, l’année dernière entre les concerts et les déplacements, on a fait presque le tour de la France à rencontrer des personnes différentes. Il n’y a que dans les métiers artistiques où l’on peut rencontrer tant de gens de milieux et horizons différents. Tout ça c’est impossible en restant dans son petit train-train quotidien.
Vous avez 2 noms de scènes, pouvez-vous m’expliquer chacun d’entre eux, ce qu’ils signifient et pourquoi en avoir 2 ?
Oui il y a Silvàn Areg et Casus Belli. Silvàn Areg c’est parce que je m’appelle Sylvain. Mais à l’étranger, Silvàn c’est plus simple à prononcer et Areg c’est mon nom arménien. Casus Belli ça veut dire ‘acte de guerre’ : c’est une image car on dénonce des choses. On utilise les mots comme une arme pacifique. C’est un peu les deux côtés d’une pièce de monnaie, une sorte d’équilibre entre un coté blanc Silvàn Areg, et un côté plus sombre, Casus Belli. Pour comprendre qui est Silvàn il faut aller écouter Casus et inversement. On trouve même parfois des références de phrases de l’un à l’autre. Actuellement, pour Casus Belli, je fais tout de A à Z, de l’écriture à la mise en ligne en passant par le mix et le mastering. Alors que pour Silvàn Areg, il y a du monde autour, notamment une maison de disques ; c’est plus standard.
Parlez-moi un peu de l’expérience Destination Eurovision 2019 : comment est-ce que vous avez participé, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Encore une fois c’est arrivé par hasard. Rien n’était prévu. Entre 2016 et 2018 j’avais écrit pas mal de morceaux de variétés pour des artistes dont Claudio Capéo. 90% des morceaux restaient dans un ordinateur et n’étaient pas utilisés. Un jour, l’une des personnes qui gérait le casting de l’eurovision a écouté le titre Allez leur dire, qui s’appelait à l’époque Le petit Nicolas, et est tombée amoureuse du titre. La chanson est donc passée aux sélections. Cette personne m’a contacté et m’a convaincu de participer aux sélections. À l’époque j’étais en train d’écrire des textes pour d’autres. Ce n’était pas du tout prévu, je me suis dit pourquoi pas ! C’est à partir de là que j’ai lancé Silvàn Areg d’ailleurs. C’était une super expérience ! Des passages télévision en prime avec des vraies équipes de professionnels. C’est un peu tout ce dont tu rêves quand tu fais de la musique. Et puis c’était dans de vraies conditions de direct, il ne fallait pas se rater, c’était chouette.
Quels sont vos prochains projets ?
Avec Casus Belli j’essaie d’envoyer des morceaux tous les 15 jours avec un clip sur les réseaux. Avec Silvàn Areg je continue d’écrire des morceaux. J’en ai un certain nombre de prêts. J’espère pouvoir lancer un nouveau single pour l’été. Derrière, en fonction de ça, on verra si on enchaîne sur un album ou sur un autre single. L’idée c’est de continuer à faire de la musique et de se faire plaisir… on verra où tout cela va nous emmener !
Comptes Instagram et Facebook de Silvàn Areg, comptes Instagram et Facebook de Casus Belli.
Propos recueillis par Charlie Egraz
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