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Sibelius – Paavo Jarvi – Salle Pleyel

21 octobre 2012
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Jarvi-Paavo-13Mathias-Bothor

C’est un concert en deux parties. Dans la première, classique, nous entendons la Symphonie n°84 de Haydn, composée en 1786. Puis le 27e Concerto pour piano de Mozart, composé en 1791. Ce répertoire nécessite aujourd’hui une grande justesse d’exécution tant il existe de petites formations spécialistes qui y excellent.

L’écriture de la symphonie de Haydn, qui fut commandée par une loge maçonnique parisienne dont l’orchestre comprenait plus de cinquante cordes, ne diffère pas de celles écrites pour son effectif habituel. Le compositeur autrichien n’entendra d’ailleurs jamais cet orchestre parisien.

L’Orchestre de Paris se compose de trente et une cordes (donc moins que le destinataire) et heureusement, puisque les vents seront peu audibles tout le long de la symphonie.
Le thème du premier mouvement est bien enlevé, sans excès. Les gestes du chef sont étonnement amples et détachés de l’expression musicale. Le rôle conducteur du premier violon semble ici déterminant. La ligne se profile de bout en bout par contrastes et modulations dynamiques à travers la répétition du même thème. Le thème de l’Andante est rendu de façon assez impersonnel. Contrairement à ce qui est écrit dans la note de programme, l’irruption des vents dans la première variation est loin de nous saisir de stupeur.
La deuxième variation relance un peu notre écoute grâce à un heureux changement de tempo. Dans la troisième variation, le cor aigu ressort peu. L’acoustique fondante de la salle n’est certainement pas propice au mordant que nous aimerions entendre dans cette oeuvre. Après un Menuet aussi revivifiant que bref, le final est une réussite et remporte l’adhésion du public.

Menahem Pressler, né allemand en 1923, fut le fondateur et seul membre permanent du fameux Beaux-Arts Trio, dont l’existence dura de 1955 à 2008. Il est également un pédagogue reconnu à l’université de Bloomington où il réside. Il est évident qu’une telle aura plaît au public, pour qui, au vu de la standing ovation qu’il lui a donnée, la maîtrise technique semble secondaire. À 89 ans, le pianiste aujourd’hui américain n’est plus du tout en pleine possession de ses moyens.
De petite taille, il joue avec partition un concerto pourtant très célèbre. Mais il vaut mieux prévenir une éventuelle perte de mémoire. La sonorité de l’orchestre est belle, et les bois sont plus sonores que dans l’oeuvre précédente. Bien que les traits soient fuyants, la façon de porter le discours de Pressler est assez enchanteresse. Il semble déposer chaque accord avec une insouciance libre. Et c’est ainsi que l’oeuvre est donnée dans son ensemble. Le pianiste mise sur les qualités qui sont encore les siennes. Nous n’entendons pas un seul véritable forte, et il est vrai que ce 27e concerto plus intimiste que les précédents (il n’a ni trompettes ni timbales) s’y prête bien. L’épure du deuxième mouvement est magnifique.
Ovationné, le pianiste donne deux bis (le jeudi), un nocturne de Chopin un ut# mineur, et une mazurka en la mineur, avec le même touché retenu.

Contraste saisissant avec la deuxième partie du concert. La Première Symphonie de Sibelius, oeuvre peu jouée, est une belle surprise. Et l’investissement de l’orchestre, et peut-être encore plus, de ce chef, dans ce répertoire, est impressionnant.
Dans le premier mouvement, l’entrée des cordes est perçante. Paavo Jaarvi, souvent d’un flegme olympien, est ici possédé, et déploie une activité conséquente. Les sonorités éthérées du compositeur finlandais correspondent bien à cet orchestre dont la palette est dense. L’acoustique est parfaite. L’intensité des différentes phrases, qui ne sont pas vraiment des thèmes, est terrible !
Le second mouvement s’ouvre avec un magnifique thème aux premiers violons dans de très belles nuances piano. L’attaque dramatique du Scherzo vaut au premier violoncelle solo de casser sa corde de sol. Mais la musique continue. Le thème des cordes à l’unisson du dernier mouvement est d’une puissance expressive admirable. L’emprise de l’orchestre est extraordinaire.
Le public, encore plein d’énergie à 22h40, fait un triomphe au chef et à cette oeuvre non dépourvue de certains accents tchaïkovskiens.

Joseph Haydn
Symphonie n° 84 en mi bémol majeur

Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano n° 27 en si bémol majeur, K 595

Jean Sibelius
Symphonie n° 1 en mi mineur, op.39

Menahem Pressler, piano
Orchestre de Paris
Paavo Jarvi, direction

Le jeudi 18 octobre 2012 à 20h

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

www.sallepleyel.fr

[Crédit photo : Mathias-Bothor]
 

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