Shana, entre maturité et humanité, son nouvel EP “Spleen Dating” à découvrir !
Shana a 20 ans, certes, mais il devient vite évident que cette jeune artiste à une maturité sur le monde que peu de gens avaient à son âge. Cela transparait autant dans les morceaux de son nouvel EP “Spleen Dating” que dans l’interview que vous vous apprêtez à lire.
Si sa musique me parle et me touche, son regard sur le monde, sa franchise et son humanité font de Shana une artiste à suivre.
Rencontre avec une jeune artiste pleine de talent, de maturité et d’ambition.
Tu es une nouvelle artiste qui arrive avec un nouvel EP de quatre morceaux et tu as sorti un single Colombe fin mars, peux-tu te présenter et me dire comment tu as commencé à faire de la musique ?
J’ai 20 ans, je viens d’Annecy, petite ville au bord des montagnes et j’ai commencé la musique petit à petit. Il y a vraiment eu de nombreuses étapes dans mon parcours. J’ai d’abord commencé en seconde/première avec des covers sur Instagram mais je restais très timide. Ensuite, j’ai contacté des gens de ma ville qui faisaient de la musique et notamment de la production. Ils avaient des petits studios, un minimum de matériel et j’ai commencé à travailler avec eux, à sortir des collaborations musicales mais rien de très professionnel. J’ai même pu faire quelques petites scènes en 2020 avant le confinement ! Après j’ai eu l’occasion de rencontrer Verso et l’équipe du label French Light Records, et enfin de signer un contrat afin de faire quelque chose de beaucoup plus concret.
Tu as toujours voulu faire de la musique ?
Déjà petite, j’avais ce côté un peu” fofolle”, je prenais le micro et je chantais tout le temps. Mais ça s’est vraiment dévoilé quand je suis arrivée en classe de 6e et que j’ai eu mes premiers cours de chant, nous avions des contrôles de chant où l’on devait apprendre une chanson puis chanter devant tout le monde. C’est là que ma professeure de musique m’a dit que j’avais quelque chose et que je devais pousser en prenant des cours de chant. Ça m’est resté, mais à ce moment-là, je restais encore dans ma chambre, à écrire sans vraiment me dévoiler. Un jour, j’ai évolué, on m’a beaucoup poussée à sortir des musiques.
En vrai, j’ai toujours adoré chanter, regarder des clips, écouter de la musique. Ça a toujours été en moi je pense.
Aujourd’hui tu as signé avec le label French Light Records, comment en es-tu venue à signer avec eux ?
Je connaissais Verso lorsque j’étais au lycée, j’écoutais une de ses musiques qui s’appelle L’adolescent D’avant Hier, c’était un de ses sons que j’adorais. Un jour, j’ai retrouvé son Instagram en début d’année 2021, je me suis abonnée. Peu après, j’ai fait une story Instagram où je chantais et il a répondu en disant : “Trop belle voix, j’adore”. J’étais hyper flattée qu’un artiste que j’aime reconnaisse mon travail et au fur et à mesure, il m’a dit que ma voix intéressait l’équipe du label et m’a proposé que l’on se rencontre, je suis donc montée sur Paris pour les rencontrer.
Humainement on s’est vraiment retrouvé et musicalement aussi finalement, c’est comme ça que l’on a commencé à travailler ensemble dans quelque chose de très sain mais surtout très humain.
Justement, tu parles du côté humain et c’est notamment une notion que l’on retrouve dans ton EP, tu abordes des sujets que tout le monde vit. C’est quoi ce côté humain justement que tu veux défendre dans tes textes ?
Pour moi, c’est vraiment important d’être sincère et honnête au quotidien. C’est essentiel de partager dans ta musique le côté humain, tu ne peux pas faire de la musique avec quelqu’un avec qui tu ne matches pas sur le plan humain. Travailler quelque chose d’aussi intime que la musique, ça demande de te sentir en confiance avec les gens qui t’entourent. C’est ultra naturel pour moi d’écrire, c’est aussi très intime, c’est donc aussi très important pour moi de partager ça en gardant mes valeurs. Mettre de l’humain dans mon travail, c’est d’abord mettre de moi et des valeurs qui me sont chères.
Tu as sorti un premier single Colombe, fin mars, tu as fait le choix de sortir le dernier morceau de ton EP en premier, pourquoi ? Est-ce que tu peux un peu me parler de ce morceau ?
Déjà, c’est un morceau important pour moi car c’est le premier morceau que j’ai enregistré donc symboliquement, il marque un début et une fin aussi finalement. En effet, quand je suis arrivée dans mon label, ça a marqué la fin de ma vie d’avant d’une certaine façon. C’est un morceau qui a beaucoup de signification pour moi, c’est le premier son que j’ai enregistré mais c’est vraiment le morceau qui m’a permis d’avoir une réelle prise de conscience sur ce que je voulais faire. C’est le morceau qui me permet de me rendre compte que ça devient concret. Enfin, c’est aussi un premier pas, un premier morceau pour dire que j’arrive et que je suis prête. Je commence enfin dans la musique, je commence réellement, de manière professionnelle ! Ça reste un morceau assez contrasté puisqu’il implique le début d’une nouvelle vie mais aussi le deuil de l’ancienne.
Tu viens donc de sortir ton EP, Spleen Dating, le 21 avril, il y a quatre morceaux dessus, ils ont tous leur histoire mais se retrouvent finalement dans ce principe de parler de sujets difficiles mais toujours, avec un message d’espoir. Pourquoi ce besoin d’équilibrer tes morceaux où le positif se lie au négatif ?
J’ai toujours été le genre de personne positive, convaincue que tout arrive pour une raison et que je vais finir par rebondir. Pour moi, les choses négatives sont malheureusement normales et je ne peux pas me morfondre dessus donc j’apprends à vivre avec et évoluer. À chaque fois que je compose ou que j’écris, c’est souvent lié à un moment où je suis triste, où j’ai besoin d’exorciser quelque chose. C’est grâce à ça que j’avance finalement donc j’essaye d’avoir ce recul de me dire que même si c’est dur et compliqué, il y a toujours une porte de sortie et un équilibre à trouver.
C’est parfois compliqué de conscientiser ce qui nous arrive et de dire les choses, du coup écrire c’est parfait. C’est un exutoire qui permet de prendre du recul et d’avancer. Après l’enregistrer et le mettre en œuvre, c’est autre chose.
L’un de tes premiers morceaux s’appelle Spleen Dating, soit quelque chose de très actuel, comment tu te situes vis-à-vis de ce morceau ?
Quand je prends du recul, je me dis que malgré mon jeune âge, j’ai quand même des choses à raconter. Je suis d’une génération qui a vécu beaucoup de choses, et j’ai toujours évolué plus rapidement que la moyenne. Il y a une manière de conscientiser ce que je vis, et de me dire que j’ai effectivement évolué très rapidement, que j’ai vécu beaucoup de choses jeune. Je suis toujours partagée entre un côté très mature mais aussi très innocent.
Ça va faire plus d’un an que j’ai composé mes morceaux et déjà, quand je les écoute, je me rends compte que j’ai déjà beaucoup évolué et que ces morceaux ne sont plus du tout à l’image de qui je suis aujourd’hui.
Maintenant que tu as sorti ton EP, comment te sens-tu ? Ça fait quoi de voir son travail révélé au grand jour ?
C’est un vrai soulagement, je me dis que c’est le premier jet d’une possible carrière qui peut débuter. Un soulagement aussi car ça fait très longtemps que j’ai composé ces morceaux et que j’étais vraiment dans l’attente de les voir sortir. Cela étant, il y a aussi un vrai stress de savoir si ça va plaire, si ça va toucher. Encore une fois, j’ai vraiment un certain sentiment de deuil, je marque le début mais aussi la fin de quelque chose. Tout est un peu lié, mais en vrai, ça fait du bien car je vais, enfin, pouvoir passer à autre chose et pouvoir faire vivre le projet comme il faut.
Tu parles beaucoup de deuil depuis le début de l’interview, pourquoi est-ce un “deuil” pour toi ? C’est vraiment une notion qui semble essentielle dans ta manière de voir ton évolution et de voir se concrétiser cet EP, est-ce que tu peux m’en parler un peu plus ?
Pourquoi ce deuil ? Je me rends compte quand j’écoute ces morceaux que j’ai composés il y a un an qu’il y a vraiment un changement, une évolution par rapport à aujourd’hui. Je le sens notamment car ces morceaux ont été écrits à une période compliquée de ma vie. Pour moi faire le deuil est une étape essentielle pour avancer, pour propager ma musique. Ça me permet de prendre du recul et de me rendre compte de la manière dont le public peut réagir à mes textes. J’ai vraiment envie de marquer ma carrière par une véritable évolution qui pourra se retranscrire dans mon travail, j’ai vraiment envie de rester dans le personnel, d’écrire toujours avec le cœur et donc de parler de choses qui me touchent dans mon quotidien. Forcément, cette envie demande un certain deuil et une véritable évolution puisque l’on ne vit pas forcément les mêmes choses à différentes étapes de notre vie.
Un autre morceau important de ton EP est Mal à deux qui parle des relations toxiques. Quel est ton regard justement sur le principe de la toxicité ? Pourquoi écrire un morceau sur ce sujet ?
J’ai toujours aimé les morceaux parlant d’amour, finalement je suis vraiment une femme de l’amour ! (Rires)
Mais pas forcément l’amour d’une relation amoureuse, l’amour en général, l’amour pour la famille, les amis, les animaux.
Pour ce qui est du sujet de la toxicité, je pense que j’ai vécu ça dès mon plus jeune âge notamment avec la relation de mes parents. Ils ont eu une relation compliquée et étant au milieu de cela, ça m’a donné envie de faire tout l’inverse. Les relations toxiques sont partout malheureusement et c’est comme ça que je me suis retrouvée à m’inspirer de mes amis, de ma famille et d’écrire ce morceau d’un point de vue extérieur.
On a déjà tous vécu une relation toxique, même moi finalement, mais j’ai eu la chance de m’en sortir rapidement et sans trop de séquelles. Dans mon EP, je parle beaucoup d’état d’âme et de relation, je trouvais ça intéressant d’aborder ce sujet du couple toxique. Je m’inspire vraiment de plein de petits bouts de ma vie ou de celles de mes proches et je trouve ça particulièrement inspirant.
Je sais à quel point ça peut parler à beaucoup de gens et je souhaite que mon travail résonne auprès du public.
Enfin, tu termines ton EP par le morceau Entre mes mains, qui est une prise de conscience personnelle sur le fait que notre vie nous appartient et que notre destin ne réside finalement qu’entre nos mains. Comment, à 20 ans, on arrive à prendre conscience que ton destin t’appartient ?
Pour la prise de conscience, je pense que ça dépend vraiment de la personne, de son vécu et de cette envie de faire face à ses problèmes et de les accepter. Pour moi, le mot à retenir c’est “accepter”, c’est tellement dur de faire face à ses problèmes et de se rendre compte qu’écrire la suite de son histoire ne dépend que de nous finalement.
Je ne sais pas si on peut vraiment parler d’âge dans ce cas-là car je connais beaucoup de personnes de mon âge ou même plus âgées qui n’en sont absolument pas là. Pour moi ça dépend vraiment de la manière dont tu te forges et de ce que tu as vécu.
Plus précisément pour ce morceau, je l’ai écrit pendant le confinement, ça m’est venu de manière hyper violente. À ce moment-là, écrire ce morceau était vital.
Avec du recul, je pense que le confinement a été une vraie chance pour moi, notamment vis-à-vis de ma manière d’écrire. Avant, je faisais des covers mais je ne prenais pas le temps de trouver des accords et d’écrire ma propre musique.
J’ai dû écrire Entre mes mains en 15 minutes, d’une traite et ça m’est vraiment venu naturellement. C’étaient toutes ces choses au fond de moi que je n’arrivais pas à extérioriser, à sortir. Quand je l’ai chanté la première fois, j’ai pris conscience à quel point cela me faisait du bien.
Si tu devais donner des conseils à une jeune femme qui souhaiterait aussi faire de la musique, quels seraient-ils ?
Déjà, si tu veux commencer, il faut que tu sois hyper ambitieuse car c’est un milieu où tu peux te faire très vite écraser. Il faut avoir la tête haute mais surtout, il faut avoir la niaque, il faut être à fond ! De plus, il faut savoir être patiente, ne jamais lâcher car ce n’est pas un long fleuve tranquille et ça peut parfois prendre du temps. Quand tu en as vraiment envie et que le travail suit, tu ne peux que réussir à mes yeux, c’est toi qui choisis.
Si je devais résumer : de l’ambition et croire en soi.
Tu as donc sorti ton premier single, ton premier clip et maintenant ton premier EP, c’est quoi la suite ? Qu’est-ce que l’on te souhaite pour l’année 2023 ?
Des scènes ! J’aimerais beaucoup faire de petites scènes et avancer là-dessus. Je n’en ai pas fait beaucoup et je sais que je ne suis pas encore hyper à l’aise mais c’est en faisant que tu gagnes en confiance. Et sinon, continuer à écrire et à sortir ma musique, que ce soit d’autres singles ou d’autres covers sur Instagram. Continuer à fond, alimenter ma communauté et garder ce rythme.
Dans l’idée, je suis ultra impatiente et j’ai vraiment hâte que ça avance (rires). J’ai tout plaqué pour venir à Paris vivre de ma musique et je suis motivée à faire en sorte que ça marche !
Pour finir, si tu devais me décrire ton EP Spleen Dating en trois mots ?
Mélancolique, sincère et authentique.
Propos recueillis par Tiphaine Conus
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