Rrose Sélavy : “Après ce confinement, j’ai envie de danser”
Rencontre avec Rrose Sélavy, une jeune DJ à l’avenir prometteur, qui ne demande qu’à partager sa joie de la musique à travers ses mixes. Elle nous livre ici sa vision de la pratique et son intérêt pour la musique électronique.
Pourquoi ce nom, Rrose Sélavy ?
Il fait référence à l’alter ego transgenre de Marcel Duchamp. C’est un petit clin d’œil à un artiste que j’admire beaucoup. Je voulais mettre en avant ma passion pour l’histoire de l’art tout en faisant un lien avec l’art moderne et le surréalisme. Comme si la musique électronique rencontrait l’art contemporain.
Quelle est ton histoire avec la musique ? Comment a-t-elle mené à l’électro ?
J’ai eu un premier contact avec la musique assez tôt dans mon enfance, grâce à la guitare. J’ai bien sûr entretenu tout cela avec des cours réguliers, la voie classique en somme. Au lycée, j’ai commencé à composer mes premières musiques, je mettais en chansons mes textes. C’était surtout de la folk. Puis, j’ai découvert la musique électronique lors d’une sortie dans un club à Paris. Ce que j’ai tout de suite aimé, c’est la danse qui va avec. J’ai pris plaisir à regarder les gens danser, à les imiter et la vibe qui en ressortait me faisait me sentir bien. Je suis vite devenue accro. Puis par des rencontres par-ci par-là, j’ai eu envie d’essayer le mix à mon tour. J’ai voulu reproduire les sensations que j’avais ressenties sur la piste de danse. Après des enregistrements en studio, j’ai fait mes premières dates. J’ai réussi à créer deux heures de set pour mon premier festival, “la nuit Fauve”. Le fait d’avoir une date en perspective m’a énormément aidé à créer ma musique.
Quelle est ta relation avec la musique ?
Pour moi, la musique acoustique a une forme de catharsis, encore plus avec la guitare et le chant. La musique électronique me permet quant à elle d’y focaliser toute mon énergie positive. Elle m’apporte beaucoup de bonheur, sous toutes ses formes, c’est une délivrance. Je lâche complètement prise.
Qu’est-ce qui t’intéresse dans le DJ set ?
Le mix est un exercice très ambivalent. Tout le monde peut devenir DJ mais c’est en même temps un travail difficile, qui demande de la persévérance et les possibilités y sont infinies. C’est très intéressant car à chaque soirée il faut créer un univers propre au lieu, tout en restant dans son univers à soi. Le feeling que j’ai avec le lieu et le public joue beaucoup.
Comment décrirais-tu ton identité musicale ? Quelles sont tes inspirations ?
Je n’arrive pas encore vraiment à mettre de mots sur mon identité musicale car elle évolue sans cesse. C’est un ensemble de deep house, de disco, de house et de Lo-fi. Je m’inspire beaucoup d’Harrison BDP, Omar S ou encore Kiasmos.
Avec qui travailles-tu ta musique ?
Je participe aux réunions d’un collectif, “Bande de filles”, qui met en avant les femmes DJ. Ce collectif me permet d’être accompagnée dans mon parcours. J’ai eu la chance de faire quelques sets grâce à elles, c’est un super groupe d’entraide. J’avais une date prévue avec le collectif en juin, au Sacré, qui a été annulée.
Tu as participé au festival en ligne “Sisterules”, organisé par Olympe4000. Ce festival de musiques électroniques vise à lutter contre la précarité. Considères-tu Rrose Sélavy comme une personne engagée ?
Je dirais plutôt que je suis naturellement et instinctivement engagée. Je joue pour m’évader et faire partager ma joie de la musique. Mais encore aujourd’hui, il y a peu de femmes DJ dans le paysage de la musique électronique. J’essaie de faire ma place en tant que femme.
Quel est ton rapport à la scène ?
Pour moi, la musique c’est quelque chose de très personnel et d’instinctif. Jouer devant un public change tout. Sentir la salle vibrer sur tes sons est très gratifiant, c’est une communion avec le public.
Pour finir, quelles sont tes envies pour le futur ?
J’aimerais continuer à découvrir la musique électronique, il y a beaucoup de choses à faire avec. J’ai hâte de mixer pour du public, c’est bien de travailler dans son coin mais après ce confinement, j’ai envie de danser.
Propos recueillis par Pauline Chabert
Retrouvez toute l’actualité de Rrose Sélavy sur sa page Facebook et sa musique sur Souncloud.
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...