Rodrigo et Gabriela au Zénith de Paris
La salle est pleine à craquer pour ce couple artistique pourtant assez méconnu du très grand public. Les sceptiques pourraient se méfier de ne voir sur scène que deux guitares pour uniques instruments. Seulement la guitare, ces deux là en sont des as. Ils font preuve d’une telle prestance et d’une telle maîtrise qu’ils n’ont nul besoin d’être accompagnés pour dynamiter la plus morose des ambiances. A noter également, la montée sur scène d’Alex Skolnick (Testament) pour une reprise d’Atman à l’image du concert, envoûtante et jouissive, vibrant hommage rendu au mythique groupe de metal des années 90, Pantera.
Les différentes incursions d’accords de fameux morceaux de Metallica (dont Rodrigo semble particulièrement friand) tout au long du concert offrent aux fans du groupe l’occasion de donner de la voix. La maîtrise et le talent fou dont les deux artistes font preuve sont tels qu’ils en sont presque suspects. A voir tout ce qu’ils parviennent à faire armés de leurs seules guitares, qui est assez crédule pour ne pas voir qu’il s’agit là, ni plus ni moins que de l’œuvre d’une force supérieure ?
Divinités ou démons ?
Ainsi donc s’expliquerait la bluffante capacité de Gabriela à caresser les cordes de sa guitare à une vitesse folle tout en s’en servant comme instrument de percussions. De même, à voir la manière dont Rodrigo entre en transe à chacune de ses improvisations, il semble clair qu’un démon est entré en possession de son corps.
Le public est tout aussi pris d’un mal étrange. Les uns dansent ou chantent, les autres applaudissent ou hurlent ; une chaude ambiance règne sur le Zénith de Paris.
Mais toute personne sensée comprend que l’explication est ailleurs. Leur succès réside tout d’abord en un brillant mélange de flamenco et de folk dans lequel les deux comparses ont laissé infuser leur attachement de jeunesse au métal. La mayonnaise prend, le public en redemande sans voir passer l’heure quarante de concert tant la performance est énergique, vivifiante, psychédélique, éblouissante, fabuleuse, explosive. Si leurs albums sont certes de bons échantillons de leur talent, ils ne pouvaient laisser présager une telle messe en live.
Si la soirée paraît bien courte aux yeux du public, Rodrigo et Gabriela promettent de revenir très rapidement et nul doute que ce même public sera de la partie pour voir à nouveau ce duo extraordinaire le faire vibrer, le temps d’une soirée.
Yann Soroka
Lire aussi sur Artistik Rezo, Rodrigo y Gabriela au 106 de Rouen.
© Anaïs Amable
Rodrigo & Gabriela en concert
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=lRIANU-JZg8[/embedyt]
23 novembre 2010 : Espace Médoquine, Talence
24 novembre 2010 : Summum, Grenoble
26 novembre 2010 : Salle de Montfavet, Avignon
27 novembre 2010 : Zénith, Montpellier
29 novembre 2010 : L’Autre Canal, Nancy
30 novembre 2010 : Le 106, Rouen
1 décembre 2010 : Le Trianon, Paris
www.myspace.com/rodrigoygabriela
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...