Roberto Alagna donne son cœur au Cid à l’Opéra Garnier
Le Cid De Jules Massenet Mise en scène de Avec Sonia Ganassi, Annick Massis, Roberto Alagna, Paul Gay, Nicolas Cavallier, Laurent Alvaro, Francis Dudziak, Jean-Gabriel Saint-Martin, Luca Lombardo et Ugo Rabec Jusqu’au 21 avril 2015 Tarifs : de 10 à 210 € Durée : 2h Palais Garnier M° Opéra |
Jusqu’au 21 avril 2015
“Rodrigue as-tu du cœur ?” Certainement, à en constater sa vaillance et sa fidélité à son pays, son père et sa fiancée. Star de l’opéra, Roberto Alagna s’empare avec passion du héros cornélien dans cette production qui ressuscite l’œuvre après près d’un siècle d’oubli. Amour, larmes et patriotisme portés par de grands interprètes. Une partition qui exige des chanteurs très expérimentés En 1885, lors de la création de l’opéra, Massenet souhaite rivaliser avec Verdi et Wagner en composant un grand opéra. L’honneur, la geste chevaleresque, l’héroïsme du héros espagnol et la morale d’une droiture héritée du Moyen-Âge sont directement issus de la pièce de Corneille, dont les librettistes reproduisent les plus célèbres tirades. Et la partition, avec son ouverture grandiose, ses airs acrobatiques et ses ruptures de tonalités et d’atmosphères, multiplie les difficultés techniques. Les deux principaux interprètes, Roberto Alagna (le Cid) et Sonia Ganassi (Chimène) possèdent l’ampleur et la puissance vocale nécessaires pour une performance qui s’étend sur l’ensemble de la représentation, même si on regrette le manque de velouté et de douceur de Sonia Ganassi dans les aigus. Les seconds rôles, celui de l’Infante, de Don Diègue, du Roi et du Comte de Gormas, sont magistralement interprétés par Anick Massis, superbe et aristocratique Infante au soprano lumineux, Nicolas Cavalier, basse parfaite et claire dans le Roi, Laurent Alvaro (Gormas) et surtout Paul Gay, dont le timbre chaud et précis vibre avec la solennité du personnage altier de Don Diègue.
Délaissant le décorum de l’époque, le metteur en scène Charles Roubaud recrée une cour d’Espagne qui tangue entre les années 30 et celles de la fin de la dictature franquiste, escalier monumental, scénographie aux dimensions martiales et aux couleurs du drapeau espagnol, rouge et or. On s’interroge sur le style art déco de la chambre de Chimène, au troisième acte, alors que le personnage, éploré de chagrin après la mort de son père, jette sa robe de soie noire de manière familière pour se retrouver en nuisette, jambes nues, dans une pose qui évoque les héroïnes trompées des séries télévisées américaines. Chaque acte se situant donc dans un décor différent, on regrette la longueur des changements de décor, rideau baissé. Une direction d’orchestre flamboyante Avec Michel Plasson à la baguette, l’orchestre de l’Opéra de Paris fait sonner toutes les couleurs des cuivres, des cordes et des percussions dans un élan symphonique qui rappelle Verdi. Les 120 chanteurs qui composent les chœurs et les interprètes doivent donc se faire entendre précisément, ce qui est le cas. Galvanisé par le rôle, Roberto Alagna, qui chante pour la première fois à Garnier, ne perd rien de sa maîtrise vocale et de sa diction parfaite, parvenant avec la maturité à donner une épaisseur dramatique et musicale splendide à son personnage. Pour lui, pour les autres chanteurs, pour l’orchestre dirigé par Michel Plasson et pour Massenet et Corneille, allez découvrir Le Cid. Hélène Kuttner [Photos © Agathe Poupeney] |
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