Retour de La Walkyrie – Opéra Bastille
C’est La Walkyrie qui, il y a trois ans avait le plus déçu la critique et le public. Le metteur en scène allemand a ainsi décidé d’épurer son plateau des nombreux objets en tout genre qu’il y avait placés. Eros et thanatos sont à l’œuvre comme fil directeur, notamment dans la mise en scène des nombreux figurants. Certes, la scénographie, quoique peu conséquente, est toujours obstruée par d’inutiles et simplistes références au nazisme. Les chanteurs, pour notre plus grande joie, sont maintenant disposés le plus souvent à l’avant-scène, ce qui, dans l’acoustique de Bastille, est une bénédiction.
Une grande partie de la distribution a été changée.
Le Siegmund de Stuart Skelton est admirable. Possédé par son rôle, malgré son attirail vestimentaire, ses intentions sont justes, et sa puissance exceptionnelle. Martina Serafin en Sieglinde est également totalement investie dans son rôle. Les dialogues entre les deux chanteurs, à quelques mètres du public, laissent une impression fantastique.Enfin, Günther Groissböck, qui chantait un Fafner peu convaincant dans Rheingold, est un Hunding bien plus réussi.
Le premier acte est globalement un beau succès, d’autant que les tempi de Jordan sont acérés. Il dure à peine une heure.
Le deuxième acte est connu pour ses « tunnels ». 1h30 de récitatifs, ou presque, mais essentiels à la compréhension du drame. La surprise vient d’Egils Silins, qui avait déçu dans l’Or du Rhin, et qui impose ici une présence vocale altière et timbrée. L’écriture nécessite une grande capacité d’articulation, et l’amplitude y est une qualité moins requise. Sophie Koch, superbe Fricka, dans son extraordinaire robe rouge flamboyant, est fidèle à sa prestation du Prologue. Elle règne avec une prestance royale. La voix est mate mais elle conserve toujours un élan dynamique dans son phrasé.
Brünnhilde (Alwyn Mellor) est la déception de la soirée. Peu signifiante dans l’acte 2, elle se rattrape dans l’acte 3 où elle peut mettre, bien plus, ses qualités lyriques en avant. Ce qui n’empêche pas un timbre très pâle.
La scène finale est très belle, et Silins y est toujours aussi surprenant. L’orchestre semble bouillir dans la fosse, et le public fait un triomphe à l’ensemble des musiciens. Philippe Jordan comme toujours est acclamé et applaudi à tout rompre par la salle et tous ses musiciens.
Marie Torrès
La Walkyrie, Richard Wagner
Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Günter Krämer
Décors : Jürgen Bäckmann // Costumes Falk Bauer
Lumières Diego Leetz // Chorégraphie Otto Pichler
Création images vidéo Stefan Bischoff – représentation du 19 juin 2013
Chef du chœur : Patrick Marie Aubert – représentation du 19 juin 2013
Siegmund, Stuart Skelton
Hunding, Günther Groissböck
Sieglinde, Martina Serafin
Fricka, Sophie Koch
Gerhilde, Kelly God
Ortlinde, Carola Höhn
Waltraute, Silvia Hablowetz
Schwertleite, Wiebke Lehmkuhl
Helmwige, Barbara Morihien
Siegrune, Helene Ranada
Rossweisse, Louise Callinan
Wotan, Egils Silins 17, 20, 28 févr., 6 mars et 19 juin 2013, Thomas Johannes Mayer 24 févr., 3, 10 mars 2013
Brünnhilde, Alwyn Mellor
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Mars 2013 : Dimanche 3 à 14h, Mercredi 6 à 18h, Dimanche 10 à 14h
juin 2013 : Mercredi 19 à 18h
Tarifs : 5€, 15€, 35€, 70€, 90€, 115€, 135€, 155€ et 180€
[Crédits photographiques : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer]
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