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Rencontre avec Yolande Bashing, votre nouvel anti-héros lillois préféré

Marco Farkas 12 mars 2021
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© David Tabary // Not Dead Project

Baptiste Legros est un artiste en constante évolution se nourrissant de son quotidien et de son époque pour construire  un personnage à la fois candide et attachant, le bien nommé Yolande Bashing. Oscillant entre techno et chanson française, rage nonchalante et douce mélancolie, Yolande Bashing est une expérience ambitieuse et incomparable qui ne nous laisse pas intact, bienvenue dans sa réalité. 

Yolande Bashing, c’est qui, c’est quoi ? 

Yolande Bashing, c’est un personnage de fiction que j’ai créé il y a deux ans et qui s’est développé au fil des chansons. Ce personnage, c’est comme un masque ou un avatar qui permet de prendre du recul en tant que musicien. Il est forcément plus intéressant que soi-même parce que tu peux lui inventer une vie, lui faire dire des choses que t’oserais pas dire, c’est beaucoup de liberté. En plus d’être un masque, c’est un cadre qui se définit de jour en jour en fonction du monde dans lequel il évolue. Bien sûr, il fait écho à ma vie, il permet de canaliser mes doutes, mes joies, mes rencontres, c’est moi avec un masque, un entonnoir pour être exact. 




Est-ce que tu peux nous parler de ton premier album Yolande et l’amour ? 

C’est mon premier album en solo, c’est un objet précieux que je cherchais à rendre très personnel. J’ai essayé de poser des bases dans cet album, de définir le personnage. Le titre n’est pas choisi au hasard, ça vient d’un spectacle de théâtre sur lequel on travaillait à l’époque qui s’appelait “Vertige de l’amour” où la vision de l’amour n’était pas très joviale ; brièvement, on questionnait l’amour en le positionnant comme un phénomène culturel qui donne le droit à une personne d’en posséder une autre. Cet album est venu dans la continuité de ce questionnement même si le prisme de l’amour est abordé de manière très large : l’amour pour sa famille, ses amis et même les stars des années 70 comme Claude François et du JT de Jean-Pierre Pernaut.
Plus techniquement, j’ai composé l’album en un an. J’ai du mal à faire un morceau d’un coup, je ne suis pas quelqu’un de mono maniaque. Je compose d’abord la plupart des chansons, au début elles se ressemblent tous, puis je les développe dans tous les sens. Et à la fin, j’essaie de donner une cohérence à l’ensemble.




Ton projet Yolande Bashing est né en même temps que Bruit Blanc, un collectif/label lillois. Tu peux nous parler de ce collectif ? 

Bruit Blanc, c’est né dans un bar avec Romain. Il voulait lancer un label qui lui correspondait, il a accroché à mon album solo et a décidé de lancer le Bruit Blanc, d’abord autour du projet Yolande Bashing, jusqu’à intégrer d’autres artistes : Mardi Midi, Accidente, Caesar Palace, Demain Rapides, fig et d’autres. C’est compliqué de ranger Bruit Blanc dans une case, je pense que Romain (fondateur du collectif) saura aussi moins bien répondre que moi. Bruit Blanc, c’est un peu tout à la fois : un collectif, un label, un éditeur, un organisateur de concerts… C’est une sorte d’outil à tout faire. Il y a quelque chose de très artisanal dans notre manière de travailler que j’aime beaucoup. 

Tu es actif sur plusieurs projets différents : dans ton collectif de théâtre, au sein de Bruit Blanc, dans le projet UNSS avec Demain Rapides ou encore dans le groupe Les Dents. T’arrives à avoir la même créativité dans tous ces projets ? 

Plus je suis en contact avec des gens, plus je suis créatif. Les artistes du collectif Bruit Blanc m’apportent beaucoup, tout comme Damien avec UNSS, mon frère dans Les Dents ou encore Aurélien récemment dans le projet Yolande. Tout seul, j’ai tendance à m’éparpiller, c’est les personnalités que je rencontre qui me nourrissent. 

Avec ton groupe Les Dents, ça va mener où ? 

C’est un groupe électro-punk qu’on a lancé en 2015 avec un premier EP et là on voulait faire quelque chose qui nous ressemble plus. C’est assez particulier parce qu’on travaille à distance avec mon frère, lui est à Caen et moi à Lille. On a sorti deux morceaux il y a quelques semaines, c’est un peu des chansons coup de poing, mixé par Romain de Bruit Blanc de manière cracra et acide, on trouve le résultat très cool, on prépare d’autres choses et pour l’instant mais on reste assez discret.  




En plus d’être acteur dans le collectif de théâtre La Cohue, tu composes également la bande son des pièces. Qu’est ce que ça t’apportes de créer des passerelles entre la musique et le théâtre ? 

C’est un exercice particulier car il faut composer pour un cadre qui a déjà sa propre narration. L’outil musique doit venir renforcer le propos et la dramaturgie. C’est quelque chose qui me plait beaucoup. Quant au travail d’acteur, il me nourrit énormément, notamment en concert. Ça m’aide à communiquer avec le public et à jouer avec ses attentes. 

Tu pourrais nous citer quelques unes de tes influences musicales ? 

La manière et la liberté d’appréhender le son de Flavien Berger m’a très vite plu et a renforcé mon envie d’expérimenter. Instinctivement je citerai aussi Baxter Dury ou encore Bertrand Belin. Il y a aussi Laurie Anderson et son morceau O Superman. 

C’est quoi la suite pour toi, tes futurs projets ? 

On est entrain de préparer le nouvel album pour Yolande Bashing qui sortira peut être en septembre prochain. Dans l’immédiat, je bosse sur pas mal de choses, UNSS, Les Dents, je préfère faire les choses bien et pas me précipiter. Puis, il va falloir bientôt se remettre à répéter pour les concerts, même si on s’enflamme pas non plus. 

Marco Farkas

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